PLAINTE DU MALI À LA CIJ, ÉVASION DE NASSER EL DJINN, ANCIEN CHEF DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT : PANIQUE À ALGER !

 PLAINTE DU MALI À LA CIJ, ÉVASION DE NASSER EL DJINN, ANCIEN CHEF DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT : PANIQUE À ALGER !

A Alger, l’heure est à la panique ! Coincées entre la plainte du Mali à la Cour Internationale de Justice et la fuite de Abdelkader Haddad, alias Nasser El Djinn, ancien patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), vers l’Espagne, les autorités algériennes sont désormais dans la tourmente ! Alger avait pourtant pris à la légère la saisine de la CIJ, jusqu’à ce que cette instance de l’ONU ait annoncé, 19 septembre, avoir reçu une requête du Mali contre l’Algérie, accusée par Bamako d’avoir abattu au début d’avril un drone de son armée en territoire malien, pour ensuite tomber dans la peur et la délation !

Le Mali avait récemment annoncé le dépôt de cette requête devant la CIJ, plus haute juridiction de l’ONU, qui siège à La Haye (PaysBas). Depuis le 1er avril, le Mali accuse Alger d’avoir abattu un drone de l’armée malienne au-dessus du territoire malien, ce qui constituerait une violation de son espace aérien. Le Mali affirme que cet « acte hostile de l’Algérie » constitue « une violation manifeste du principe de non-recours à la force et un acte d’agression (…) en violation du droit international », écrit la CIJ dans un communiqué publié vendredi. L’Algérie a rejeté ces accusations. Selon Alger, les données radars de son ministère de la défense « établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie» par un drone de reconnaissance venu du Mali. Le Mali souhaite donc « fonder la compétence » de la cour sur l’affaire, suite logique des manœuvres troublantes des autorités algériennes dans la propagation du terrorisme sur le territoire malien. Bamako reproche en effet à Alger d’entretenir une « proximité avec les groupes terroristes», notamment dans la région frontalière, et cela, depuis la « fin avec effet immédiat », en janvier 2024, de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères de l’Algérie a indiqué vendredi dans un communiqué que « la démarche du Mali vise manifestement une tentative d’instrumentalisation de cet auguste organe judiciaire des Nations Unies dans une tentative désespérée de recherche de bouc émissaire qui l’exonérerait de ses responsabilités dans la tragédie que les autorités militaires infligent au Mali frère ».

Allant jusqu’à indiquer que « cette manœuvre est trop grossière pour être crédible » et que «l’Algérie notifiera, en temps opportun, à la Cour Internationale de Justice son refus de procédure manœuvrière ». Alger s’enferme ainsi dans une rhétorique de dénégation qui fragilise son image de puissance régionale et met en lumière son embarras face à l’initiative juridique du Mali, et s’emploie à dépeindre la position malienne comme paradoxale, accusant Bamako de fouler aux pieds la légalité et l’ordre constitutionnel. De quoi a-t-on donc peur de l’autre côté de la frontière, ce d’autant qu’on affirme détenir des preuves que le drone a été abattu sur territoire algérien, preuves que Alger peine à démontrer. Selon un observateur malien, ce qui retient l’attention, au-delà de l’aspect juridique, c’est le contraste entre le sérieux de la démarche malienne et la désinvolture affichée par Alger depuis des mois. « Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Attaf, au lieu de prendre au sérieux l’accusation de Bamako, a choisi d’en rire publiquement. En conférence de presse, il a balayé l’affaire d’un revers de main, la qualifiant de « fake news» et insinuant qu’il s’agissait d’une manipulation médiatique destinée à brouiller l’opinion publique.

Cette posture faite de dérision s’avère aujourd’hui intenable. La saisine de la CIJ a donné à la plainte malienne une dimension solennelle, balayant l’argument de la rumeur ou de l’invention. Ce qui était tourné en dérision par Alger est désormais inscrit dans les registres de la plus haute juridiction internationale. Il est clair que le ministre algérien a commis une faute politique. En croyant désamorcer la gravité de l’accusation par la moquerie, il a en réalité affaibli la position de son pays. Car désormais, deux scénarios se présentent : soit l’Algérie refuse de reconnaître la compétence de la CIJ, et elle apparaîtra aux yeux du monde comme une puissance régionale qui fuit ses responsabilités ; soit elle accepte, et elle devra affronter un débat juridique où ses actes seront examinés à la lumière du droit international. Dans les deux cas, la légèreté initiale devient un handicap », écrit-il.

A cette patate chaude entre les mains des autorités algériennes, s’ajoute la fuite de Abdelkader Haddad, alias Nasser El Djinn, ancien patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), vers l’Espagne.

Nasser El Djinn est un des plus importants officiers du renseignement qui détient tous les secrets de l’État. Sa fuite a créé un séisme sans précédent au sein du régime algérien, ce d’autant que dans cette nouvelle odyssée spectaculaire, il serait accompagné par une poignée d’officiers. Pour preuve de sa panique, la capitale algérienne serait encore à ce jour totalement bouclée, après une réunion d’urgence du Haut Conseil de Sécurité. Le Général Abdelkader Aït Ouarabi, dit Général Hassan, qui a remplacé Nasser El Djinn, a aujourd’hui du pain sur la planche. Il se retrouve face à une grave crise de ses services, à un risque périlleux de grand déballage, mais aussi face à une lourde responsabilité, celle de mettre la main sur son prédécesseur et non moins collègue et complice de longue date dans tous les coups bas des services de renseignements, éduqués sous la férule de Mohamed Médiène, dit Toufik.

L’heure est donc très grave pour le régime algérien, qui voit l’une de ses figures les plus puissantes prendre le large, emportant avec elle une boîte de Pandore contenant tous les secrets du pays et de ses dirigeants d’hier et d’aujourd’hui.

Pour nombre d’algériens, la sentence est claire : « le régime algérien récolte déjà les fruits amers de ce qu’il a semé. Son illégitimité l’a poussé à instaurer une gouvernance basée sur l’instabilité au niveau des hauts postes de responsabilité. Cela s’est particulièrement manifesté au niveau des services de renseignements qui ont vu défiler une vingtaine de patrons en l’espace de cinq ans seulement. L’enfermement imposé aux hauts responsables tombés en disgrâce, mais aussi à l’ensemble des algériens privés de toutes leurs libertés, a conduit à voir se multiplier des actes spectaculaires de ce genre.

Comme quoi, les autorités militaires maliennes ne sont pas les seules à infliger la tragédie à leur peuple!■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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