BAPTÊME D’UNE TRENTAINE DE RUES, AVENUES, PLACES ET ÉTABLISSEMENTS PUBLICS : UNE DÉCISION QUI SUSCITE POLÉMIQUES ET INDIGNATIONS !

 BAPTÊME D’UNE TRENTAINE DE RUES, AVENUES, PLACES ET ÉTABLISSEMENTS PUBLICS : UNE DÉCISION QUI SUSCITE POLÉMIQUES ET INDIGNATIONS !

Par décret N°2024/0722/ PT-RM du 13 décembre 2024, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a procédé au changement de dénomination de certains voies, places et établissements publics dans le District de Bamako.

Des changements qui concernent les Boulevards, les Avenues, les Rues, Places et Établissements publics du District de Bamako, et qui auront montré combien les autorités de la Transition sont décidées à couper tout lien historique avec la CEDEAO, l’ «Avenue CEDEAO» ayant depuis cédé place à l’ «Avenue AES». La décision suscite cependant polémiques et indignations dans l’opinion ! Cette décision est la suite logique de celle prise depuis le 29 janvier 2024 de quitter définitivement, conjointement avec le Burkina Faso et le Niger, la CEDEAO. La question était d’ailleurs au centre du dernier sommet de l’organisation à Abuja, le dimanche 15 décembre dernier. Si à l’issue de ce sommet, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont acté le départ des trois pays et ordonné au Conseil des Ministres de convoquer une session extraordinaire au 2ème trimestre de 2025, afin d’examiner et adopter les modalités de ce retrait, de même qu’un plan d’urgence portant sur les relations politiques et économiques entre l’organisation et ces pays, les Etats de l’AES n’en entendent pas de cette oreille.

En effet, déjà à la veille de ce sommet, le Collège des Chefs d’Etat de l’AES, bien qu’ayant décidé d’ouvrir les frontières de la Confédération aux ressortissants de la CEDEAO, réaffirmait, via les ministres des Affaires étrangères des trois pays, l’irréversibilité de leur décision de retrait.

Cette parenthèse, c’est pour mieux situer la décision des autorités maliennes de couper tout lien avec l’impérialisme et de réaffirmer la souveraineté du Mali, d’où d’ailleurs la décision de baptême des rues, voies, avenues et établissements publics. Pour beaucoup de nos compatriotes, le fait de donner des noms de certaines illustres personnalités du pays et d’en oublier d’autres, comme Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Kéita, tout comme d’ailleurs le fait de changer le nom de l’Avenue CEDEAO en celui de l’AES, sont des actions inopportunes ne contribuant guère à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale prônées. Pour des proches de Alpha Oumar Konaré, celui mérite plus de la nation malienne qu’il a servi avec dévouement et loyauté, avec à la clé une vision parfaitement panafricaine. Ils en veulent pour preuves, des réalisations comme le Parc des Sofas en hommage à Kémé Bourama, la Place des Cités et Villes Martyres du Mali (Koulouba), symbolisant la résistance malienne à la pénétration coloniale, la Place de Thiaroye, la Place Mamadou Konaté (Sama Ba), le Mémorial Modibo Keïta, la Place Ouezzin Coulibaly, la Place Kwame Nkrumah… la liste n’est pas exhaustive !

De même, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé désapprouve, et le retrait du Mali de la CEDEAO, et le remplacement de l’Avenue CEDEAO par celle dite AES.

Il n’est pas d’accord avec le retrait du Mali de la CEDEAO, parce que nous en sommes co-fondateurs. Aussi trouve-t-il que les Etats membres de l’AES pouvaient envisager de telles initiatives tout étant dans la CEDEAO, leurs objectifs n’étant pas en contradiction avec les textes de l’organisation sous-régionale, en tout pour ce qui concerne la question sécuritaire qui en est le fondement. Pour ce qui est de la disparition de l’Avenue CEDEAO au profit de l’AES, Modibo Sidibé pense que c’est comme si «on gommait son propre histoire», le Mali ayant joué un rôle clé dans la création de la CEDEAO, tout comme dans ses instances, avec le travail unanimement salué de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré à la tête de la Commission de la CEDEAO ! ■                               

MAÏMOUNA DOUMBIA

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