LES ACCUSES SE DEFENDENT DANS L’AFFAIRE DE L’ACHAT DES EQUIPEMENTS MILITAIRES : L’EX-MINISTRE MAHAMADOU CAMARA : « J’AI FAIT CE QUE LE PRESIDENT IBK M’A DIT DE FAIRE. JE SUIS VICTIME ET C’EST INJUSTE »
L’ANCIEN DIRECTEUR DU COMMISSARIAT DES ARMEES NOUHOUM DABITAO : « JE REJETTE EN BLOC LE DETOURNEMENT DE 36 MILLIARDS DE FCFA… TOUT LE MATERIEL A ETE LIVRE »
L’ancien directeur de Cabinet avec rang de ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Camara et l’ancien directeur du Commissariat des Armées, le Colonel-major Nouhoum Dabitao, ont comparu hier mardi 1er septembre 2024, à la Cour d’Assises dans l’affaire de l’achat des équipements militaires.
Les deux personnalités se sont défendues à la barre en réfutant les faits qui leur sont reprochés.
Quant à l’ancien directeur de Cabinet avec rang de ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Camara, il lui est reproché les faits ‘‘faux et usage de faux, par la signature, à la date du 05 novembre 2013, d’un document administratif foncièrement irrégulier, en l’occurrence le ‘‘Mandat’’ donné au nommé Sidi Mohamed Kagnassy ainsi qu’à ‘‘toutes les sociétés qu’il représente, pour traiter avec tout fournisseur ou intermédiaire que ce soit, des affaires d’équipements des Forces de défense maliennes’’.
Concernant le Colonel-major Nouhoum Dabitao, il ressort les faits suivants : des matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’alimentation (HCCA) ainsi que les véhicules et les pièces de rechange devaient être fournis aux Forces armées et de sécurité maliennes, dans le cadre d’un protocole d’accord.
En sa qualité de directeur du Commissariat des Armées, il devait réceptionner les matériels à hauteur de 35.116.529.474 Francs CFA pour le premier et 34.066.867.000 Francs CFA pour le second.
Au cours de son audition, le nommé Mahamadou Camara a indiqué qu’il n’a fait qu’exécuter les instructions du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et qu’il n’est qu’une victime dans cette affaire. « J’ai fait ce qu’on m’a dit de faire. M. Kagnassy avait des difficultés à travailler et le président m’a demandé de rédiger un mandat pour faciliter le travail de M. Kagnassy et il s’en est prévalu auprès des fournisseurs. J’ai élaboré le document et je l’ai remis au président pour appréciation. Mon rôle était de rédiger et je n’ai pas suivi le reste », a-t-il déclaré, estimant qu’au moment où Sidi Mohamed Kagnassy a été nommé Conseiller spécial du Président, le document qu’il a rédigé était caduque. « Tout le monde savait que M. Kagnassy a été envoyé par le Président. Il n’y avait aucune culpabilité derrière le document que j’ai signé. C’était fait uniquement pour faciliter le travail de M. Kagnassy. Je ne me sens pas coupable des conséquences du document émis à M.Kagnassy, car je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer après », a affirmé l’ancien directeur de Cabinet du président IBK, en disant qu’il n’a pas été un bouc émissaire, mais qu’il a payé un lourd tribu dans cette affaire. « Je trouve que c’est injuste parce que j’ai agi sur instruction du Président de la République. Je suis une victime », a-t-il ajouté.
Pour sa part, l’ancien directeur du Commissariat des Armées, le Colonel-major Nouhoum Dabitao, a fait savoir qu’il n’a fait que recevoir les matériels réceptionnés.
« Je rejette en bloc le détournement du fonds de 36 milliards de Francs CFA qui ressort dans l’arrêt de renvoi », a-t-il lancé, expliquant qu’il a par la routine exprimé les besoins de l’Armée et l’esprit était d’équiper les soldats. Par ailleurs, il a précisé que tout le matériel a été livré entre août 2014 et juillet 2015. « Il y a eu neuf (9) livraisons partielles dont le 1er lot était les HCCA d’un montant de 34 milliards de Francs CFA. Il y a des gens qui peuvent témoigner cela », se défend l’ancien directeur du Commissariat des Armées. Il se dit étonné qu’il soit accusé de détournement de 36 milliards de Francs CFA dans l’arrêt de renvoi alors que le montant est 34 milliards de Francs CFA. Cependant, il a reconnu qu’il n’est pas passé par la hiérarchie pour exprimer les besoins de l’Armée à M. Kagnassy. Selon lui, dans la voie normale, c’est le chef d’Etat-major général des Armées qui devait signaler les besoins de l’Armée. « Le ministre de la Défense m’a appelé chez lui. J’ai agi en tant que soldat. Quand je suis venu, j’ai trouvé Kagnassy chez lui. Il m’a dit que c’est Kagnassy qui a le mandat pour les marchés des équipements militaires. Après j’ai remis les besoins de l’Armée à Kagnassy. Mais après, j’ai fait un compte rendu verbal au chef d’Etat-major », a-t-il confié, ajoutant que sa mission est de satisfaire les besoins des soldats en tant qu’êtres humains.
YOUSSOUF KONATE