CRISE À LA MISSION PERMANENTE DU MALI AUPRÈS DES NATIONS UNIES : L’AMBASSADEUR DÉCRIÉ

Alors que le Premier ministre effectue un déplacement crucial à New York pour la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies (UNGA 80), la Mission permanente du Mali auprès des Nations Unies (MIPERMA), d’après les informations, traverse une crise sans précédent née d’une décision brutale et jugée injustifiée.

Selon les sources, l’ambassadeur aurait suspendu les dépenses essentielles du personnel diplomatique: coupure des lignes téléphoniques, mise hors service d’Internet, arrêt du remboursement des tickets de transport et du carburant. Cette décision, annoncée de vive voix, n’aurait été accompagnée d’aucun document écrit officiel. « Nous avons appris cette décision verbalement. C’est incompréhensible et humiliant à quelques jours d’une visite d’État », s’indigne un conseiller sous couvert d’anonymat. Ces coupes soulèvent une question pressante : s’agit-il d’un effort pour assainir les finances ou d’un sabotage délibéré destiné à fragiliser la mission ? Selon certaines sources depuis la représentation diplomatique du Mali aux USA, l’ambassadeur invoque la vigilance du Bureau du Vérificateur Général (BVG) et cite les audits menés à Riyad et à Genève pour justifier ces mesures.
Pourtant, de nombreux observateurs estiment que cet argument est un écran de fumée : jamais ces missions de contrôle n’ont conduit à une paralysie totale d’autres représentations diplomatiques.
«Pourquoi déclencher cette rigueur budgétaire précisément à la veille du discours du Premier ministre à l’ONU ? » s’interroge un conseiller, qui soulève plusieurs autres inquiétudes : comment les conseillers peuvent-ils travailler sans moyens de communication fiables ? Comment coordonner avec Bamako et les capitales partenaires sans outils fonctionnels ? Comment gérer la logistique et les urgences avec l’ONU dans ces conditions ? À en croire certains, les locaux de la mission diplomatique sont dans un état préoccupant : murs fissurés, mobilier cassé, moquettes nauséabondes, traces d’inondation et de rongeurs. Ce bâtiment, acquis sous le président Modibo Keïta pour incarner la dignité et le prestige de la diplomatie malienne, est aujourd’hui laissé à l’abandon, s’indigne un membre du personnel. Autrefois symbole de fierté nationale, il est devenu un lieu à risque pour diplomates et visiteurs, révélant un malaise profond dans la représentation malienne à New York. Toujours selon les sources, les salaires et primes sont soumis à la signature de l’ambassadeur, un procédé archaïque à l’ère de la bancarisation. Les heures supplémentaires restent impayées, entraînant démotivation et départs. Les jours fériés, y compris les fêtes nationales, sont ignorés, imposant un travail continu. Des véhicules sont stationnés à la résidence de l’ambassadeur, tandis que deux vieux véhicules seulement servent à l’ensemble des conseillers et de leurs familles.
Internet est coupé pour tout le personnel, obligeant les agents à payer leur propre connexion, alors même que l’ambassadeur continue d’envoyer des e-mails à toute heure, exigeant des réponses immédiates.
L’assurance maladie est régulièrement suspendue, laissant les diplomates et leurs familles sans couverture médicale, en violation de la législation américaine. Les équipements obsolètes contraignent les conseillers à utiliser leurs propres outils. « Ici, le credo est clair : démission ou soumission ! », lâche, amer, un membre du personnel. Certains dénoncent une dérive autoritaire et des affinités politiques supposées au sein du ministère des Affaires étrangères, qui assureraient à l’ambassadeur une protection solide malgré les alertes répétées. La situation contraste avec celle d’autres missions diplomatiques maliennes, où les tensions existent mais restent contenues. Ici, la crise est ouverte.
Les diplomates, épuisés, appellent à une intervention rapide des plus hautes autorités et du Vérificateur Général pour redorer l’image du Mali.
Car derrière ces tensions internes se joue une partie plus large : celle de la crédibilité d’un État sur la scène internationale. Ce 26 septembre, le Premier ministre s’exprimera au nom du Mali devant la tribune des Nations Unies. Si cette crise perdure, elle risque de brouiller le message que le pays souhaite transmettre à la communauté internationale.
Bamako doit intervenir sans délai pour transformer cette période de turbulence en un moment de cohésion et de fierté nationale. ■
LAYA DIARRA