LE PREMIER MINISTRE DÉCLARE LORS DE SA RENCONTRE AVEC LE CHÉRIF DE NIORO : « Tous ceux qui vilipendent les militaires au nom de la démocratie, ont été dirigés par des militaires »

 LE PREMIER MINISTRE DÉCLARE LORS DE SA RENCONTRE AVEC LE CHÉRIF DE NIORO : « Tous ceux qui vilipendent les militaires au nom de la démocratie, ont été dirigés par des militaires »

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, à la tête d’une délégation, s’est rendu à Nioro du Sahel le dimanche 27 octobre 2024 pour présenter ses condoléances au Chérif Bouyé Haïdara, après le décès de l’une de ses épouses. Pour l’occasion, il était accompagné de certains de ses collaborateurs, notamment le président par intérim du comité stratégique du M5 RFP, Bouba Traoré, et un membre de son cabinet, Allaye Bocoum.

Après avoir présenté ses condoléances, le Premier ministre a eu une conversation avec le Chérif au cours de laquelle il a abordé des questions relatives à la situation politique du pays. « Le président m’a dit personnellement que, lorsqu’il m’a choisi, au niveau de la CEDEAO, tous les présidents lui ont demandé de choisir une autre personne. Ils ne me connaissaient pas. C’est la France qui leur a dit que cela faisait quelques années que j’étais leur ennemi », a déclaré le Premier ministre devant le Chérif. Il a rappelé que les pays qui critiquent les militaires au pouvoir au Mali ont été dirigés à un moment donné par des militaires.

« Tous ceux qui vilipendent les militaires au nom de la démocratie ont eu des militaires à la tête de leurs pays à des moments charnières de leur histoire. Personne ne les a élus », a-t-il précisé, en prenant l’exemple des États-Unis, dirigés un temps par George Washington, qui n’a pas été élu. Selon lui, ce président américain est resté plus de 13 ans au pouvoir pour instaurer l’ordre avant que la démocratie ne s’installe. De même, il a expliqué qu’en France, De Gaulle n’a pas été élu au départ. Mais il a rétabli l’ordre, puis a été élu par la suite. Il a également évoqué la Russie, où Staline, un civil, s’est militarisé.

« Une fois l’ordre rétabli, ces pays ont parlé de démocratie. Ce qu’ils disent, c’est pour détourner nos esprits. Tant que les militaires continuent de se battre au front, je ne m’immiscerai pas dans les débats politiques. Je suis sur cette voie. Certains se battent pour leurs intérêts personnels. Moi, je me bats pour le Mali. Aujourd’hui, le Mali est devenu un repère en Afrique », a insisté le chef du gouvernement.

Après cette rencontre, il a fait un bilan de sa visite. « Il y a quelque temps, mon père, le Chérif, a perdu l’une de ses épouses, qui est pour moi une maman. J’ai donc demandé l’autorisation au président de la transition de venir présenter mes condoléances à la famille, ce qu’il a accepté. Le Chérif a bien voulu accepter nos condoléances, mais comme vous le savez, c’est un homme qui s’intéresse beaucoup à la situation du Mali. Donc, il n’a pas manqué de nous poser de nombreuses questions et de nous donner son analyse personnelle de la situation », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il voulait se limiter à la présentation de ses condoléances, mais qu’avec Bouyé, une discussion était nécessaire. « Je l’ai remercié en lui disant que tout ce que nous faisons, c’est suivre la feuille de route tracée par les Assises Nationales de la Transition. Pour ces Assises, j’étais venu personnellement à Nioro pour lui demander de rejoindre Bamako, comme tous les chefs religieux. Il était très malade, mais il a fait l’effort de se rendre à Bamako pour apporter ses bénédictions aux Assises nationales », a-t-il rappelé.

Il a également souligné qu’après sa nomination, il a envoyé le projet de décret au Chérif pour qu’il fasse des bénédictions. « Il nous a dit de rester unis, car si nous restons ensemble au sommet de l’État, le Mali retrouvera la paix et le bonheur. Un jour peut-être, d’autres se battront pour obtenir des visas et venir au Mali. Il a également donné une analyse très pertinente de la situation politique générale. Je lui ai dit qu’il se passe beaucoup de choses actuellement, mais personnellement, je fais preuve de beaucoup de discernement. Personne ne va me déstabiliser. Je sais qu’il y a beaucoup de partisans de ceux qui s’opposent à la transition, des nouveaux amis, des nouveaux conseillers qui injectent des idées néfastes pour la transition », a-t-il affirmé, rappelant qu’il a travaillé avec les présidents Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keïta et qu’il connaît le fonctionnement des institutions.

« Les dirigeants élus se sont trouvés piégés par des conseillers occultes officiels autour d’eux, qui les ont conduits à leur perte. C’est pourquoi je prends tout ce qui se passe actuellement avec beaucoup de philosophie. J’ai indiqué au Chérif ce que je répète toujours aux militants du M5, aux Maliens : la première chose, dans tout ce que nous disons, c’est de ne jamais dire des contrevérités dans l’espoir de dénigrer les gens ou de tromper les Maliens », a-t-il déclaré. Selon lui, il n’est pas le produit d’une administration basée sur l’allégeance.

« Si mon avis est demandé sur une question, je donnerai mon avis dans le sens de l’intérêt du Mali, et je continue à respecter le président de la Transition », a affirmé M. Maïga, ajoutant qu’il a réitéré devant le Chérif l’importance d’aimer son pays au-delà des considérations politiques ou partisanes. ■

YOUSSOUF KONATÉ

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