VOLS DE CARBURANT IMPLIQUANT CADRES DE EDM-SA, PORTEURS D’UNIFORME ET AUTRES AGENTS ASSERMENTÉS DE L’ETAT : QU’ARRIVE-T-IL DONC AUX MALIENS ?
Pendant que la société Energie du Mali (EDM) portait à la connaissance de l’opinion le démantèlement d’un réseau de voleurs de carburant à la centrale de Balingué, dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024, composé de trois employés de la société SES SMART ENERGIES, un élément de la Garde Nationale, un agent de la société de surveillance et de gardiennage (NATA), un Commissaire de police, le département de la Santé aussi faisait part de l’arrestation de trois agents de l’Hôpital de Sévaré pour le même motif… D’où la question de savoir ce qui arrive vraiment à notre société ?
La question se pose, du moment qu’on trouve tout, cadres de EDM-SA, porteurs d’uniforme et autres agents assermentés de l’Etat ! En effet, le réseau de voleurs de carburant démantelé à la centrale de Balingué, pris en possession de vingt-quatre (24) bidons remplis de gasoil, est composé de trois employés de la société SES SMART ENERGIES, d’un élément de la Garde Nationale, d’un agent de la société de surveillance et de gardiennage (NATA) et, vous n’allez pas y croire, d’un commissaire de police qui demeure encore introuvable !
Une information judiciaire a cependant été ouverte à cet effet, au niveau du Tribunal de Grande Instance de la Commune II de Bamako pour élucider cette situation.
Occasion pour EDM-SA de saluer la vigilance et le professionnalisme des éléments de la Garde Nationale en service au poste de Balingué, qui ont appréhendé les présumés auteurs de ce forfait. Dans un communiqué, le Ministère de la Santé et du Développement Social informait aussi de l’arrestation et de la mise à disposition de trois agents de l’Hôpital à la brigade de recherche de la gendarmerie de Sévaré pour vol de carburant.
« Dans la nuit du 16 au 17 septembre 2024, une patrouille de la gendarmerie de Sévaré a intercepté deux (2) agents de l’Hôpital, dont un chauffeur et un maintenancier avec 6 bidons de 20 litres de gasoil à bord de l’ambulance de garde. Le lendemain, un troisième agent a été également mis en cause. Une enquête a été ouverte près de la brigade de recherche de la gendarmerie de Sévaré pour faire la lumière sur cette affaire ». A croire que le ciel nous tombe dessus !
En effet, au moment où les Maliens ne savent plus où donner la tête à cause de la crise énergétique et ses effets sur les activités productives, on trouve encore des gens dans ce pays qui ont le courage de voler le peu de carburant qu’on donne aux structures pour faire tourner les choses…
Dans le lot, des porteurs d’uniforme et des agents assermentés de l’Etat, dans un pays réputé être creuset de vertus et de valeurs supérieures comme la droiture, le respect de la parole donnée etc. Des valeurs sociétales basées sur le fervent attachement de chaque individu à la patrie, mais aussi sur des normes éthiques de probité, d’intégrité, du sens de l’honneur, du respect de la chose publique, d’équité et de justice. Pourquoi assiste-t-on aujourd’hui à l’effritement de ces normes et règles éthiques et morales caractérisant notre société ? Des normes et règles éthiques et morales qui cèdent place à l’incivisme, aux manquements déroutants, à l’absence du respect de soi et de l’autre, de la chose et de l’ordre publics…
Faut-il pourtant autant s’étonner de cette situation, quand de tels manquements se manifestent à tous les niveaux et à des degrés qui dépassent l’entendement ? En effet, le Président de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI), dans son Rapport 2022, n’a-t-il pas surpris tout le monde en révélant la transmission à la justice de 23 dossiers pour 23 milliards 855 millions de FCFA, soit en moyenne plus d’un milliard de francs CFA par dossier. Et tenez-vous bien, les enquêtes de l’OCLEI avaient aussi permis d’identifier 503 biens immobiliers présumés illicitement acquis, à savoir : 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales totalisant 181 hectares, pour seulement 23 agents de l’Etat et de collectivités sur 22 millions de Maliens, venant de divers secteurs (gouvernement, élus, administration générale, administrations financières, justice, armée, affaires étrangères, établissements publics, etc) !
N’est-ce pas qu’il y a lieu de craindre le pire pour notre pays, si seulement 23 agents publics peuvent se taper 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales pour une valeur estimée à près de 24 milliards de FCFA, alors que leurs revenus légitimes s’élèvent à 1 milliard 106 millions de FCFA ? Faut-il une dérogation spéciale à la constitution pour initier des pelotons d’exécutions publiques dans notre pays ?
Une solution extrême certes, mais qui pourrait se révéler salvatrice !
MAIMOUNA DOUMBIA