RETRAIT DE LA CARTE NATIONALE D’IDENTITÉ BIOMÉTRIQUE: POURQUOI LES MALIENS NE SE BOUSCULENT PAS AU PORTILLON ?
Par décret N°2022-0639/PT-RM du 03 novembre 2022, le Président de la Transition l’Etat a institué la carte nationale d’identité biométrique sécurisée. Le lancement de l’opération d’enrôlement pour cette pièce avait suscité beaucoup d’espoir pour les populations. Mais depuis le début de la remise des nouvelles cartes, marqué par les longs moments d’attente dans les lieux de retrait, à ce jour encore, nombreux sont les citoyens qui ne précipitent plus pour aller retirer le précieux sésame !
Pour rappel, selon le décret présidentiel qui l’a instituée, la carte nationale d’identité biométrique sécurisée certifie l’identité de son titulaire. Elle est conforme aux spécifications techniques fixées par la CEDEAO et comprend tous les éléments de sécurité fiduciaire, obligatoires et optionnels, de la carte biométrique sécurisée.
Elle comporte le Numéro d’Identification Nationale (NINA), le nom de famille ou le nom du père, le ou les prénoms, le sexe, la date et le lieu de naissance du titulaire, le nom dont l’usage est autorisé par la loi si l’intéressé en fait la demande, l’adresse du domicile, la taille du titulaire et la couleur des yeux, les signes particuliers, les empreintes digitales à l’exception des personnes vivant avec un handicap au niveau des mains, la photographie du titulaire, la signature électronique du ministre chargé de la Sécurité, la date et le lieu de délivrance, la date d’expiration, la profession du titulaire. Le décret précise en outre que la première dotation est gratuite pour chaque citoyen. Toutefois, le renouvellement est payant.
Seulement voilà, après la confection du premier lot de cartes, grande fut la déception de nombreux citoyens. A part la photo, rien n’a changé.
C’est la reproduction identique de la carte Nina. En plus les cartes ont été pour la plupart confectionnées avec des erreurs supposées être corrigées lors de l’enrôlement pour la mise à jour des données biométriques. L’autre principale raison de la lenteur dans le retrait de la carte nationale d’identité biométrique est l’absence de cap et d’agenda pour les élections et les restrictions sur le fait politique. En effet, les partis politiques sont des acteurs majeurs dans la mobilisation citoyenne. Le fait qu’on sait plus où on va exactement semble décourager beaucoup de maliens, y compris les acteurs politiques. Il y aussi le fait qu’on ne peut même pas se faire certains papiers administratifs avec la nouvelle carte biométrique.
C’est par exemple le cas pour le passeport : soit tu as la photocopie de ta carte NINA, soit ta demande est rejetée !
En réalité, peu d’agents publics dans l’administration malienne accordent de l’importance à la carte d’identité biométrique sécurisée. A ce niveau, il y donc un travail de sensibilisation à faire du côté du gouvernement. En effet, dans le contexte sécuritaire de notre pays, l’identification des citoyens dans une base de données sécurisée et accessible constitue un grand atout pour les services étatiques, d’où l’importance de la carte d’identité biométrique sécurisée.
MAIMOUNA DOUMBIA