DIALOGUE INTER-MALIENS : QUE CACHE LE SILENCE DES EX-REBELLES ?

 DIALOGUE INTER-MALIENS : QUE CACHE LE SILENCE DES EX-REBELLES ?

Nous l’avons dit, s’il y a eu un gravement manquement à la tenue du dialogue inter-maliens, c’est bien l’exclusion de certains acteurs clés dont des acteurs politiques pas des moindres et les éléments de l’ex-rébellion de Kidal. Ex-rébellion dont les responsables, à par Attaye Ag Mohamed qui a laissé entendre que les mouvements qui sont regroupés aujourd’hui au sein d’un nouvel organe appelé Cadre Stratégique Permanent pour la Défense de l’Azawad (CSP-PDA) ne sont « ni demandeurs ni preneurs », n’ont officiellement fait aucun commentaire sur la tenue du DIM. Que cache ce silence ?

Ce silence peut beaucoup signifier aujourd’hui, mais ce qui est évident, c’est que ces mouvements de l’ex-rébellion n’ont pas encore dit leur dernier mot, malgré leur défaite cuisante face à l’armée dans ses opérations de recouvrement l’intégrité territoriale du Mali ayant débouché à la reprise de la ville de Kidal plus de dix ans après que l’Etat y a été chassé en 2012. Il va aussi de soi, vu la nouvelle réorganisation de ces mouvements, que ceux-ci sont en train de se préparer de nouveau à affronter l’Etat malien.

En effet, pour rappel, ces mouvements sont réunis du 25 au 30 avril 2024, sous la présidence de Bilal Ag Acherif, Président entrant. Réunion au cours de laquelle ils ont décidé de la mise en place d’une « organisation mieux structurée et plus adaptée, pour la défense de la dignité et des aspirations du peuple de l’Azawad » et adopté entre autres la dénomination CSP-DPA en lieu et place du CSP-PSD avec une nouvelle structuration : 1. Bureau Exécutif ; 2. Conseil Consultatif ; 3. Conseil de Justice et de Réconciliation ; 4. Conseil de Stratégie Militaire.

Ils ont en outre décidé de la dissolution des Coordinations (CMA et Plateforme) pour les fondre dans la nouvelle structure avec pour finalité de parvenir à la création d’une seule entité politique portant les revendications du peuple de l’Azawad ; la dissolution des État-major et leurs démembrements des mouvements membres du CSP-DPA ; la mise en place du nouveau bureau et ses démembrements. La réunion a aussi précisé que « l’un des objectifs premiers et majeurs de la nouvelle structure est d’arracher par toutes les voies un STATUT POLITIQUE ET JURIDIQUE pour le territoire de l’Azawad, conformément aux aspirations historiques profondes de son PEUPLE… ».

En d’autres termes, ils se préparent pour affronter Bamako.

Un spectre de violence en perspective qu’on pouvait éviter en se donnant toutes les chances de réussir un vrai dialogue entre maliens, si l’on n’avait pris le temps et le soin de bien organiser le DIM qui vient de s’achever et dont les conclusions sont rejetées par une frange importante de notre peuple. En effet, le Dialogue Inter-maliens, et ça aussi nous l’avons dit, qui était annoncé comme le dernier rempart pour que les Maliens puissent enfin fumer le calumet de la paix, se pardonner pour amorcer ensemble un nouveau tournant historique dans la vie de la nation, a pris fin le vendredi 10 mai dernier à Bamako, mais sur fond de déception.

Cette belle initiative du Président de la Transition ayant été vidé de tout son sens, avec sans doute son propre accord tacite, notamment pour ce qui concerne l’exclusion d’office des groupes armés.

L’exception malienne en matière de dialogue, « un dialogue qui appelle à ouvrir un autre dialogue avec ces groupes armés » ! Le dialogue tant espéré par les Maliens n’a finalement été qu’une tribune de plus pour donner un nouveau bail aux autorités de la Transition. Loin de ce qui avait été privilégié par le Colonel Assimi Goïta avait privilégié dans son discours du nouvel an, à savoir l’appropriation nationale de l’accord en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-maliens pour la paix et la réconciliation.

Mais ce qui aurait dû être le dialogue inter-maliens et ce qui a finalement été servi est loin de refléter ce souhait, la plupart des acteurs clés ayant été méthodiquement mis à l’écart. A-t-on les moyens de faire face à nouvelle confrontation avec les ex-rebelles, quand on sait qu’on a aussi à faire à des terroristes qui pullulent notre pays ? Voilà toute la question !

 MAIMOUNA DOUMBIA

Le Soir de Bamako

http://lesoirdebamako

Related post

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!