LE MINISTRE MAHAMADOU KASSOGUE INTERPELLE LES MAGISTRATS LORS DE LA 3EME JOURNEE DES ECHANGES ‘’PRESSE ET JUSTICE’’ : « La corruption dans la justice persistera tant qu’elle demeurera impunie »
- À LA UNE
- Le Soir de Bamako
- 27 décembre 2022
- 0
Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué a présidé hier 15 septembre l’ouverture de la Troisième Journée d’Echanges « Justice et Presse » à la Maison de la presse. La thématique de cet événement était intitulée : « Ethique et déontologie du magistrat, quel impact dans la lutte contre la corruption ».
Dans son discours, le ministre de la Justice dira qu’en scellant ce partenariat dynamique entre la Presse et la Justice, son département est conscient du rôle fondamental de la Presse dans l’administration et la distribution de la justice, en tant qu’instrument de conscientisation et de veille contre l’incivisme et son corollaire de comportements déviants, mais aussi de boussole pour l’orientation de l’action judiciaire dans certaines procédures. « La thématique centrale de cette troisième journée est autant un sujet d’actualité que de préoccupation nationale à cause de la profondeur et de la complexité du phénomène de la corruption dans notre pays. L’échec des mesures qui ont été prises par les gouvernements successifs s’explique, pour une large part, par l’incohérence et l’inconstance des politiques publiques en la matière ainsi que l’inefficacité et l’inadéquation du cadre juridique institutionnel. A ces insuffisances, il faut ajouter l’inobservation des règles d’éthique et de déontologie dans la gestion des biens publics », déplore le ministre Mamoudou Kassogué
Pour lui, la responsabilité de l’Etat en ce qui concerne le faible niveau ou l’absence de répression face aux comportements déviants des fossoyeurs des ressources publiques ne fait aucun doute
« Les corrupteurs et les corrompus doivent être réprimés sans ménagement. Au besoin les textes sur la corruption doivent être revus et adaptés aux exigences actuelles. Il faudrait arriver à un changement de mentalité et faire comprendre aux populations que celui qui corrompt rend un mauvais service au magistrat et à son pays, car c’est la justice qui va en pâtir », prévient-il. Le ministre poursuit en disant qu’une mauvaise justice ne profite à personne et ouvre la voie à des situations de conflit et de vengeance. La corruption doit être combattue avec rigueur et célérité dans un secteur aussi vital que la justice, lance le ministre Kassogué. « Nous avons décidé, de façon spécifique, de traiter de la problématique en ce qui concerne les magistrats en raison de l’importance de leur mission dans le combat contre le phénomène. En effet, la justice est le levier fondamental dont l’Etat doit se servir pour garantir la mise en œuvre d’une politique ne laissant aucune place à l’impunité dans ce domaine. Aussi, la corruption dans la justice persistera tant qu’elle demeurera impunie. La justice doit être le rempart contre l’arbitraire, l’injustice. Elle est le reflet de l’état de santé d’un pays. La lutte contre la corruption au sein de l’appareil judiciaire s’avère en cela une impérieuse nécessité », déclare-t-il.
Pour le ministre, la lutte contre la corruption ne saurait être une réalité que lorsque ceux-là même, chargés d’appliquer la loi aux délinquants économiques et financiers, exercent leur fonction dans la stricte observation des règles d’éthique et de déontologie qui encadrent leur profession.
Les détournements des deniers publics à flots, les missions de contrôle ou de vérification biaisées, les procédures judicaires inefficaces, l’inexécution des décisions de justice en ce qui concerne les condamnations pécuniaires, l’inapplication des textes en matière de sanctions disciplinaires ont fini par créer l’impunité et le sentiment d’impunité qu’il convient de combattre avec détermination et persévérance, dénonce Mamoudou Kassogué. « Le thème qui a été choisi est d’autant plus pertinent que cette troisième journée se tient à un moment ou mon département cherche à rendre opérationnel le nouveau Pôle National Économique et Financier et l’Agence de Gestion des biens gelés, saisis ou confisqués qui vont changer, je l’espère, le visage de notre justice en la matière », rassure-t-il. Pour sa part, le Chef de la délégation Canadienne qui a pris part à l’événement a souligné que la Réforme de la Justice au Mali doit répondre à des exigences qu’il convient de respecter à tout prix. Il dira de suite que cette journée d’échange vise à renforcer l’accès à la justice dans notre pays.
Oumar ONGOIBA