«IL Y A NETTEMENT PLUS DE CITERNES QU’AVANT LE DÉBUT DE LA CRISE», DIXIT LE MINISTRE MOUSSA ALASSANE DIALLO: ET SI LES CHIFFRES DÉCLARÉS EN TEMPS NORMAL ÉTAIENT TRUQUÉS PLUTÔT !
“Il est démontré aujourd’hui que le nombre de citernes qui arrive par semaine est nettement supérieur au nombre de citernes quand on était hors crise, en temps normal. Et c’est pourquoi le président de la Transition, Général Assimi Goïta a instruit au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour mettre fin aux files d’attente dans les stations “.
Ces propos sont de Moussa Alassane Diallo, ministre de l’Industrie et du Commerce, tenus le 21 novembre lors de sa rencontre avec les opérateurs pétroliers du Mali. Depuis, la polémique enfle entre ceux qui accusent le ministre d’avoir parlé dans le vent, et ceux qui chargent la Douane. Le mal serait pourtant ailleurs ! Le gouvernement, représenté par le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Moussa Alassane Diallo, a signé un protocole d’accord avec les principaux importateurs de produits pétroliers, à savoir le Groupement Malien des Professionnels du Pétrole (GMPP) et le Groupement Professionnel des Pétroliers (GPP).
Ce protocole intervient dans le cadre de l’urgence de réduire les délais liés aux formalités douanières, conformément aux recommandations du Comité Interministériel de Gestion des crises.
L’accord fixe un objectif central, celui de ramener le délai de déclaration en détail à un maximum d’un (1) jour dès l’arrivée des camions-citernes au Bureau des Produits Pétroliers, afin de fluidifier la chaîne d’approvisionnement et éradiquer les rangs dans les stations-service. Passé ce délai, la Direction Générale des Douanes et la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence procéderont directement à la vente et à la distribution des produits, en reversant les recettes aux importateurs. Les groupements pétroliers s’engagent pour leur part à déposer rapidement les déclarations de mise à la consommation après la levée du transit (T1), ainsi qu’à informer et sensibiliser leurs membres sur les obligations du protocole. De son côté, le Gouvernement s’engage à faciliter toutes les démarches administratives et d’accorder un délai global de quarante (40) jours après la fermeture des émissions des droits et taxes, afin de sécuriser l’approvisionnement national. Cet accord est censé éradiquer les files d’attente dans les stations dans les prochains jours. C’est dans le cadre de ces échanges avec les opérateurs pétroliers que le ministre a parlé du nombre de citernes rentrées nettement plus supérieur que hors crise !
Est-ce un crime de lèse majesté ? En tout cas les commentaires vont bon train. Parmi ces commentaires, nous avons mis en exergue ce passage de l’analyse d’un observateur qui nous semble assez pertinent:
« Si le ministre du Commerce a raison, cela signifie très concrètement que le problème n’est pas la crise actuelle, mais ce qui se passait avant, dans le « temps normal ». Autrement dit, si aujourd’hui, en plein blocus, avec des routes fermées, des citernes attaquées ou immobilisées, on reçoit plus de camions qu’avant, alors la vraie question n’est pas « où est passé le carburant ? » mais : où passait le carburant quand tout allait bien ? Et là, on entre dans une zone où beaucoup préfèrent regarder ailleurs. Parce que cela implique trois choses lourdes. D’abord, les anciens chiffres déclarés à la douane étaient peut-être truqués. Moins de citernes déclarées, c’est moins de taxes et plus de carburant qui entre par « d’autres portes». C’est ce que cette hypothèse révèle en creux : le problème, ce n’est pas l’actuelle rareté, mais l’ancienne opacité… » Dans son analyse, il va plus loin en chargeant le Bureau des Produits Pétroliers des Douanes qui ne serait pas un saint dans cette affaire.
A cette observation pertinente, nous voyons le problème ailleurs, autrement à nous maliens, à notre manière de faire face à certaines situations.
Nous voulons notamment évoquer les spéculations entretenues sur le produit, des bidons de 20L continuant à être vendus au prix d’or, des prélèvements et stockage de carburant dans nos maisons et magasins, des propriétaires d’engins à deux, trois roues, des véhicules de transports et de particuliers qui font plusieurs fois le plein pour ensuite le revendre, et même certaines femmes qui se sont reconvertis « vendeuses de carburant… La liste n’est pas exhaustive. En conclusion, nous ne dirons pas que le ministre a été très vite en besogne en spéculant sur les chiffres, nous ne dirons pas que le Bureau des Produits Pétroliers des Douanes est clean ou coupable de quelque chose, nous nous interrogeons sur nos propres comportements à nous maliens…
En effet, avec tout ce que nous avons expliqué plus haut, même si nous produisions nous-mêmes du pétrole, il y aurait pénurie de carburant au Mali, il y aurait des files d’attente devant les stations-services. Nous voulons que tout change, eh bien, cela doit commencer par nous mêmes ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA

