CLASH ENTRE MÉDIAS PUBLICS ET VIDEOMANS: LE DG DE L’ORTM A-T-IL VALIDÉ CETTE POSTURE OU A-T-IL PERDU LE CONTRÔLE DE SA PROPRE MAISON ?
La récente interview du Dr Aly Tounkara sur la situation sécuritaire, diffusée au journal télévisé de 20 heures, a laissé un goût amer chez de nombreux téléspectateurs, surtout les vidéomans.
En posant une question orientée sur la manière de « démêler le vrai du faux » et en invitant la population à ne se fier qu’aux médias publics pour « connaître la réalité », la journaliste Niania Aliou a suscité une vague d’indignations. Une question essentielle s’impose cependant : le Directeur Général Hassane Baba Diombélé a-t-il validé cette posture ou a-t-il perdu le contrôle de sa propre maison ? La question se pose, car l’affaire a pris une autre tournure lorsque, en réponse aux critiques, l’ORTM a lancé sur sa page : « Le chien aboie, la caravane passe ».
Une sortie jugée méprisante, surtout envers des citoyens dont les impôts contribuent pourtant au fonctionnement de l’ORTM.
Derrière cet épisode, un problème de management sans doute ! Les interrogations se multiplient cependant. Au sein de l’ORTM, plusieurs travailleurs confient ne plus comprendre la ligne de commandement, tant les décisions semblent échapper à toute logique de gestion. Beaucoup estiment que le DG paraît dépassé, malgré son surnom de « Monsieur sans problème », attribué pour sa tendance à minimiser les difficultés… sans jamais les résoudre. Cette légèreté dans la gouvernance se reflète d’ailleurs dans des problèmes structurels graves : des employés privés de couverture maladie alors que des prélèvements sont opérés à la source ; des retraités contraints de courir, parfois des mois durant, derrière leurs droits ; une absence manifeste de réponses concrètes aux revendications sociales. Dans ce contexte déjà tendu, le clash public déclenché par une journaliste de la maison n’a fait que jeter un éclairage sur les failles de la Direction.
Une télévision nationale, financée par les contribuables, peut-elle se permettre de s’attaquer ainsi aux autres médias et de manquer de respect à ceux qu’elle est censée informer ?
Une chose est sûre : loin d’être anodin, cet épisode met en lumière l’urgence d’une gouvernance plus responsable au sein de l’ORTM. Le service public mérite mieux. Les travailleurs aussi. Et le public, encore davantage ! Cette situation, la rencontre initiée par la suite avec les vidéomans, certainement pour tenter de désamorcer la bombe, n’y change rien ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
