LE BURKINA ET LE NIGER INSENSIBLES À LA CRISE DES HYDROCARBURES AU MALI : QUID DONC DE LA SOLIDARITÉ CONFÉDÉRALE ?
Depuis un mois, le Mali est soumis à une crise de carburant sans précédent consecuives à la pression des djihadistes qui, traqués et poussés jusque dans leur dernier retranchement, ont procédé à un changement tactique en s’en prenant aux camions citernes de ravitaillement en carburant dans le but d’asphyxier le pays économiquement.
Comme conséquence, le pays tout entier est bloqué, sans qu’on ait senti un élan de solidarité venant de nos pays frères de l’AES, notamment le Burkina Faso et le Niger. Poussant certains à s’interroger sur la solidarité qui devrait être le ciment de la Confédération AES ! L’objectif des pays de l’AES, c’est la mutualisation des efforts dans tous les domaines, la solidarité et le développement. L’un des fondements de la création de la Confédération AES aura été la décision courageuse prise les autorités maliennes et burkinabé de déclarer la guerre à tout État qui oserait attaquer le Niger, lorsque des chefs d’État de la CEDEAO avaient pris la décision d’intervenir militairement dans ce pays voisin suite au coup d’État qui a renversé le régime de Mohamed Bazoum.
Au-delà de la force conjointe de l’AES dont les derniers réglages sont en cours malgré des opérations conjointes sur le terrain, comment se fait-il qu’aucun de ces pays frères de l’AES ne se soit manifesté en faveur du nôtre en difficulté ?
La question est d’autant plus pertinente que la crise touche directement un secteur aussi essentiel que celui des hydrocarbures, donc de l’énergie ! Qu’a-t-on fait des engagements pris ici au Mali en juin dernier lors de la rencontre des régulateurs de l’espace AES ? Lors de cette réunion présidée par le Premier ministre du Mali, le Général de Division Abdoulaye Maïga, celui-ci avait clairement fait savoir que l’objectif visé était de faire de l’espace confédéral un espace de paix, de solidarité, de dignité, de prospérité et de souveraineté retrouvéé. Il avait affirmé que « les avantages de la mise en commun de nos efforts permettront notamment une meilleure sécurité énergétique, la réduction des coûts, l’efficacité du marché et la transition énergétique, en facilitant l’intégration des énergies renouvelables ».
Le Général Abdoulaye Maïga, tout en citant le potentiel énergétique des pays de la Confédération AES ( le soleil, le vent, l’eau, l’uranium, le charbon, le pétrole, la biomasse…), déclarait aussi que « l’énergie n’est pas une ressource commerciale, mais plutôt une arme de défense ».
La crise des hydrocarbures a en effet fini par convaincre les maliens que l’énergie est effectivement une arme de défense. Des maliens qui s’interrogent désormais sur l’utilité de la Confédération AES, si l’un des pays peut être frappé d’une telle crise, sans que cela n’émeutte en rien les autres pays ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
