BANQUE CONFÉDÉRALE POUR L’INVESTISSEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (BCID-AES) : ACCOUCHEMENT DIFFICILE ?

 BANQUE CONFÉDÉRALE POUR L’INVESTISSEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (BCID-AES) : ACCOUCHEMENT DIFFICILE ?

La date est passée presque inaperçue, mais la question de fond demeure : les pays de l’AES pourront-ils concrétiser leur projet de création d’une banque dédiée à l’investissement et au développement ? Le 30 septembre était en effet annoncé comme deadline pour la libération complète du capital initial de la BCID (Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement), selon les termes du communiqué issu de la réunion des ministres des Finances de l’AES tenue en mai dernier à Bamako, et cela avant la convocation de l’Assemblée générale constitutive.

Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Le reliquat du capital social devrait, quant à lui, être libéré au plus tard le 31 décembre 2028. La BCID-AES, présentée comme bien plus qu’une banque, car s’agissait avant tout d’une « institution au service de la souveraineté financière pour le développement de l’AES », selon les termes du ministre de l’Économie et des Finances du Mali, Alousséni Sanou peine-telle à accoucher ? La question se pose. Il faut rappeler que la BCID est destinée au financement de secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures, l’agriculture et l’éducation. Elle devrait ou plutôt doit incarner un véritable espoir, porté par la solidarité confédérale au sein de l’AES, toujours selon les propos du ministre de l’Economie et des Finances du Mali. Un optimisme partagé à l’époque par le ministre burkinabè de l’Économie, Dr Aboubakar Nacanabo, qui s’était félicité de la création de ce « cadre de travail essentiel» pour le positionnement régional de l’AES en ces termes : « Pour un espace qui a plus de 2,7 millions de Km2, avec plus de 78 millions d’habitants, dont 75 % de jeunes ; avec le potentiel que nous avons en termes de ressources stratégiques, que ça soit l’or, le pétrole, l’uranium, le manganèse, le zinc, le lithium; l’AES dispose d’un potentiel énorme ».

Des richesses combinées à la volonté et au leadership fort des trois chefs d’Etat de l’AES qui devraient permettre à nos trois États d’aller de l’avant et vite, le projet de la BCID-AES ayant vu le jour dans le cadre de la vision stratégique de l’Alliance des États du Sahel, centrée sur quatre axes principaux : la sécurité collective, l’intégration économique, l’indépendance financière, et l’identité culturelle et éducative. Les ministres avaient alors validé le projet de texte portant sur la création de la Banque confédérale et la feuille de route y afférente.

Cette initiative inaugure « un nouveau chapitre de notre histoire commune », combinant «indépendance retrouvée » et « audace d’un avenir réinventé», avec pour impacts concrets : la consolidation des industries locales, la création de millions de postes pour la jeunesse sahélienne, et l’établissement du Sahel comme un acteur économique clé sur la scène africaine et internationale, avait pour sa part fait savoir le Premier du Mali, non pas sans ajouter avec conviction : « Nos enfants liront avec fierté ce qui marque non seulement la volonté de souveraineté retrouvée, mais aussi l’audace d’un avenir repensé et remodelé par le collège des chefs d’Etat de la Confédération des États du Sahel ».

A quand donc la constitution du capital initial de la BCIDAES pour que nos enfants puissent lire avec fierté « ce qui marque non seulement la volonté de souveraineté retrouvée, mais aussi l’audace d’un avenir repensé et remodelé par le collège des chefs d’Etat de la Confédération des États du Sahel » ? ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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