ACCUSANT L’ORGANISATION DE NÉOCOLONIALISME : LES PAYS DE L’AES SE RETIRENT DE LA CPI

C’est par le biais d’un communiqué conjoint, signé par le président en exercice de la confédération des État du Sahel (AES), que les trois pays membres de l’organisation, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont annoncé leur retrait officiel du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision, disent-ils, prend effet immédiatement.
Les trois pays rappellent avoir souverainement ratifié le Statut de Rome — le Mali le 16 août 2000, le Niger le 11 avril 2002 et le Burkina Faso le 16 avril 2004. Depuis, ils affirment avoir coopéré avec la juridiction internationale, aussi bien sur la base des dispositions légales que dans le cadre d’accords spécifiques liés à son installation et à son fonctionnement sur leurs territoires. Cependant, l’expérience accumulée au fil des années les a amenés à dénoncer la dérive de la CPI, qu’ils qualifient désormais « d’instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme ».
Selon eux, la Cour est devenue « l’exemple mondial d’une justice sélective », une justice qui serait «incapable de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés ».
Le communiqué déplore en particulier le « mutisme inexplicable et complaisant » de la CPI face à certains auteurs de tels crimes, alors qu’elle « s’acharne contre certains acteurs en dehors du cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale institutionnalisée ». Face à ce constat, les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger choisissent désormais de recourir à des « mécanismes endogènes » pour garantir la paix et la justice dans leurs sociétés. Ils réaffirment en outre leur engagement à promouvoir et protéger les droits humains conformément à leurs « valeurs sociétales» et à lutter contre l’impunité.
Dans le même communiqué, les États de l’AES expriment leur gratitude à l’Organisation des Nations Unies ainsi qu’aux pays membres de la communauté internationale, tout en assurant qu’ils resteront disposés à coopérer dans d’autres cadres appropriés à la protection des droits humains et au respect de la souveraineté des États. ■
Abdourahmane Traoré