L’URGENCE D’AGIR VITE POUR SAUVER UNE JEUNESSE EN PERDITION !

« PLUS DE 70% DE MALIENS ÂGÉS DE 18 À 25 ANS PRENNENT DE LA DROGUE ET 25% DES CONSOMMATEURS SONT DES FILLES»
« Plus de 70% de jeunes maliens de 18 à 25 ans consomment la drogue, et 25% des consommateurs sont des filles », selon le Médecin-colonel Ismaïla Macalou, Secrétaire permanent de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue (MILD), un organisme créé par un arrêté ministériel en 2016 et qui joue un rôle essentiel dans la coordination des actions de lutte contre la drogue au Mali. La consommation de drogue chez les jeunes au Mali prend des proportions inquiétantes, au point qu’il faut agir vite pour éviter l’extinction de la jeunesse malienne !
Il faut dire que le mot extinction n’est pas trop fort ici, cette révélation du Médecin-colonel Ismaïla Macalou ne surprenant pas beaucoup, après celle faite par le Colonel-major Souleymane Dembélé de la DIRPA, en rapport au plus de 2.000 candidats recalés lors du dernier recrutement dans l’Armée à cause de résidus de drogue dans leur sang. « C’est aujourd’hui un problème de santé publique. La jeunesse malienne est malade. Ce qui se passe actuellement, si ça continue comme ça, nous ne savons pas ce qu’il adviendra de notre jeunesse dans 10 ou 20 ans », soulignait le Colonel-major Souleymane Dembélé, en novembre 2024 dans le quotidien national « L’Essor ». De plus en plus ancrée dans la société, cette pratique est devenue une source de grandes préoccupations pour les parents et les autorités.
« L’abus de substances psychoactives est une réalité qui prend de l’ampleur au Mali… Nos résultats ont montré que les jeunes de la tranche 20-30 ans étaient les plus touchés. Le Cannabis était le plus consommé, suivi de l’alcool et du chlorhydrate de tramadol. La polytoxicomanie ainsi que des nouvelles formes de consommation avaient été notées. La consommation de drogues avait généré de multiples conséquences néfastes sur la santé et la vie sociale : la dépendance, les troubles psychopathologiques», tels sont les termes alarmants d’une étude réalisée, de janvier à juillet 2018, par le service de Psychiatrie du Centre Hospitalier Universitaire du Point G.

Cette situation alarmante met en lumière les dangers croissants auxquels fait face la jeunesse malienne, souvent entraînée dans la spirale de la consommation de drogues à cause de la pauvreté, du chômage, de l’oisiveté et du suivisme. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce fléau qui mine la jeunesse. Le rapport des 9 premiers mois de 2024 de l’Office Centrale des Stupéfiants (OCS) souligne aussi les conséquences désastreuses de la toxicomanie sur la jeunesse malienne. La dépendance accrue aux drogues entraîne une série de problèmes sociaux et économiques. Les jeunes, souvent en proie à des conditions de vie précaires, sont de plus en plus attirés par le trafic et la consommation de drogues. Cela a des répercussions directes sur leur santé, entraînant une augmentation des maladies chroniques et des troubles mentaux.
De plus, cette situation favorise la criminalité, avec des jeunes impliqués dans des actes de vol et de violence pour financer leur consommation.
L’impact de cette crise va au-delà de la santé individuelle. Un avenir marqué par une jeunesse dépendante des drogues est synonyme d’une diminution de la productivité et un affaiblissement du capital humain. En effet, une main-d’œuvre malade et dépendante compromet les secteurs économiques clés, limite l’innovation et freine le développement industriel. Cette situation engendre également une baisse de l’engagement scolaire, réduisant ainsi le niveau d’éducation et les compétences disponibles sur le marché du travail. La situation est telle qu’il faut réagir rapidement, car c’est bien l’avenir de notre pays qui est en jeu, la jeunesse constituant plus de la moitié de la population au Mali.
La lutte contre la drogue nécessite une mobilisation collective, d’où l’urgence d’une collaboration entre les différentes entités de l’État, la société civile et les communautés locales. ■
MAÏMOUNA DOUMBIA