L’ANCIEN PREMIER MINISTRE MOUSSA MARA À PROPOS DU PROJET DE LOI ACCORDANT 5 ANS AU GÉNÉRAL ASSIMI GOÏTA : « AU-DELÀ DES ASPECTS LÉGAUX, C’EST SURTOUT LE SIGNAL ENVOYÉ PAR NOS AUTORITÉS QUI INQUIÈTE »

 L’ANCIEN PREMIER MINISTRE MOUSSA MARA À PROPOS DU PROJET DE LOI ACCORDANT 5 ANS AU GÉNÉRAL ASSIMI GOÏTA : « AU-DELÀ DES ASPECTS LÉGAUX, C’EST SURTOUT LE SIGNAL ENVOYÉ PAR NOS AUTORITÉS QUI INQUIÈTE »

Suite à la décision prise lors du Conseil des ministres du mercredi 11 juin 2025, accordant au Chef de l’État un mandat de cinq (05) ans renouvelable à partir de 2025 — à l’instar de ses homologues de la Confédération AES — les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre à travers le pays.

L’ancien Premier ministre et probable candidat à la prochaine élection présidentielle, Moussa Mara, a réagi vivement, fidèle à son franc-parler. Selon lui, « au-delà des aspects légaux, plus que contestables, c’est surtout le signal lancé par les autorités qui inquiète ». Dans un contexte de profonde crise économique, affirme-t-il, « la nouvelle d’une transition interminable présente aux Maliens la perspective d’une souffrance sans fin ». Il ajoute que la situation sécuritaire actuelle, particulièrement préoccupante, « crée des doutes sur la voie de lutte poursuivie jusque-là ». Pour lui, la persistance des autorités dans cette direction « entretient une incertitude réelle quant à la possibilité de voir notre pays retrouver la paix et la sécurité à court, moyen ou long terme ».

S’agissant du climat politique, Moussa Mara estime que « la dissolution des partis, l’interdiction de toute activité politique et les menaces permanentes contre la liberté d’opinion créent de profondes frustrations », lesquelles, selon lui, « ne peuvent qu’être exacerbées par cette décision synonyme d’abandon de toute perspective démocratique ».

Il poursuit : « Le cocktail ainsi créé constitue une menace pour l’État, la société et la Nation tout entière, qui court un grand risque de dislocation ». Et d’ajouter : « Ce risque est réel, et sans doute plus grave que tout ce que nous avons connu dans notre histoire récente. » Moussa Mara en appelle à la responsabilité des autorités : « Je les invite à mesurer ces menaces de manière appropriée et à revoir leur position, eu égard au principe qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. » Du côté du gouvernement, la décision est justifiée par des arguments détaillés dans le communiqué final du Conseil des ministres. Sur rapport du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes Politiques et du Soutien au Processus électoral, un projet de loi portant révision de la Charte de la Transition a été adopté. Ce projet s’appuie sur les 517 recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues du 27 au 30 décembre 2021, parmi lesquelles figure la nécessité de « mener des réformes politiques et institutionnelles prioritaires avant d’organiser des élections ». Le gouvernement rappelle que la mise en œuvre de ces recommandations a permis notamment l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum le 18 juin 2023, promulguée le 22 juillet de la même année par le Président de la Transition. Depuis cette « rectification de la Transition » et dans le cadre de la lutte pour une souveraineté pleine et entière, les autorités indiquent que le Mali fait face à des défis persistants, dont certains seraient alimentés par des soutiens extérieurs.

En réponse, le pays a renforcé sa coopération régionale en créant, le 6 juillet 2024, la Confédération des États du Sahel avec le Burkina Faso et le Niger, après l’adoption de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES) le 16 septembre 2023.

Malgré les avancées dans le domaine sécuritaire et institutionnel, les autorités estiment que la menace de déstabilisation internationale persiste. Selon elles, la prolongation de la Transition est donc nécessaire pour « parvenir à la pacification totale de nos États ». Le projet de loi adopté s’inscrit ainsi dans la dynamique de mise en œuvre des recommandations issues des concertations nationales, visant à « répondre aux attentes légitimes du Peuple malien », notamment par la révision de la Charte de la Transition et l’octroi d’un mandat de cinq (05) ans renouvelable au Chef de l’État, à l’instar de ses pairs de la Confédération AES. ■

LAYA DIARRA

Sarah TRAORE

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