FIN DE LA MISSION POUR LA CHARTE NATIONALE POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION LE 30 JUIN : CES NOMBREUX FRONTS OUVERTS PAR LA TRANSITION QUI RISQUENT DE PORTER UN COUP AU PROCESSUS !

 FIN DE LA MISSION POUR LA CHARTE NATIONALE POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION LE 30 JUIN : CES NOMBREUX FRONTS OUVERTS PAR LA TRANSITION QUI RISQUENT DE PORTER UN COUP AU PROCESSUS !

Une rencontre entre les membres du Gouvernement et ceux de la Commission de rédaction du projet de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale s’est tenue, le lundi 26 mai 2025, sous la présidence du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga.

L’exercice avait pour objectif de faire le point sur l’évolution des travaux de la commission, dont la mission s’achève le 30 juin 2025. Du début du processus à nos jours, beaucoup d’eau a coulé sous le Pont des Martyrs et le contexte a beaucoup évolué, avec la dissolution d’un pan important de notre société, à savoir les partis politiques. Quelle chance pour la paix et la réconciliation dans un tel contexte ? Issu des recommandations du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation, le projet de Charte nationale est élaboré dans un contexte de crise multidimensionnelle et de conflits persistants. Il contribue à l’éveil des consciences, à la moralisation de la vie publique et à la reconstruction nationale dans une dynamique de paix retrouvée.

La Charte se veut un guide pour le renforcement de la paix, de la sécurité, de la cohésion sociale, du vivre-ensemble et de l’unité nationale.

Elle se compose d’un préambule, de 16 titres, de 39 chapitres et de 105 articles. Le document met en avant une vision de la nation fondée sur l’autorité parentale, la loyauté, le patriotisme et le travail. Il affirme la souveraineté de l’État à travers la défense nationale, la justice équitable et la bonne gouvernance. Il souligne l’importance de la cohésion sociale, de la réconciliation nationale et du vivre-ensemble, tout en appelant à la préservation des intérêts vitaux. Il encourage le recours à des mécanismes endogènes pour la résolution des crises, engage la lutte contre la délinquance financière, aborde les enjeux économiques et réaffirme la liberté de la presse. Lors de la rencontre, le Président de la Commission de rédaction, Ousmane Issoufi Maïga, a remercié le Gouvernement pour sa promptitude et pour ses recommandations pertinentes, qui ont grandement contribué à la qualité des travaux. Selon le Président de la Commission, à ce stade, cette Charte apparaît comme un document stratégique, conçu dans un contexte de crise multidimensionnelle, et constitue un guide pour la paix, la sécurité et l’unité nationale. Elle propose une approche fondée sur des idées novatrices et constructives, esquissant une nouvelle architecture de paix, de cohésion et de vivre-ensemble.

Mais comment jeter « les bases d’une nouvelle ère de concorde, d’entente, de sécurité, de valorisation de nos us et coutumes, et de cohésion sociale », avec une société fragmentée, des citoyens divisés entre « fasoden-gnoumans » et « fasonden-jugu », des acteurs essentiels écartés de la gestion de l’État, des fils du pays en exil pendant que d’autres croupissent en prison ?

Dans son mot de clôture, le Premier ministre a félicité la commission pour la bonne qualité du document présenté. Il a salué la patience et l’esprit d’inclusivité qui ont caractérisé le processus de consultation de toutes les parties prenantes. Le Chef du gouvernement a souligné que la Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale est destinée à jeter les bases d’une nouvelle ère de concorde, d’entente, de sécurité, de valorisation de nos us et coutumes, et de cohésion sociale. Il a également assuré que le Gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour sa mise en œuvre, une fois approuvée. Initiative louable, avec un condensé de très bonnes intentions ! Mais comment jeter « les bases d’une nouvelle ère de concorde, d’entente, de sécurité, de valorisation de nos us et coutumes, et de cohésion sociale », avec une société fragmentée, des citoyens divisés entre « fasoden-gnoumans » et «fasonden-jugu », des acteurs essentiels écartés de la gestion de l’État, des fils du pays en exil pendant que d’autres croupissent en prison ?

Voilà sans doute des questions essentielles occultées, et par le Président de la Commission de rédaction du projet de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale, et par le Premier ministre ! Autant de fronts ouverts depuis le début du processus s’ajoutant à d’autres, qui risquent d’en constituer un obstacle majeur. Espérons juste que Dieu nous donne le ressort nécessaire d’aller au-delà de tous ces clivages, au mieux des seuls intérêts du Mali ! ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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