MODIBO SIDIBÉ L’A AFFIRMÉ DANS L’ÉMISSION « GRAND JURY » DE RENOUVEAU TV « JE N’AI PAS DE REMORDS CONCERNANT LE M5-RFP »
* UN AVEU D’IMPUISSANCE ?
L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, Président du parti FARE Anka Wuli et président en exercice du M5-RFP-Mali Kura, était l’invité de l’émission «Grand Jury» de Renouveau TV la semaine dernière.
Plusieurs questions ont été abordées au cours de ce débat, dont notamment le cas très problématique du M5-RFP, la force de traction citoyenne et de changement qui a fait tomber le régime IBK, mais qui se retrouve aujourd’hui complètement en lambeaux avec directoires différents, tous s’estimant légitimes et dont aucun n’est aujourd’hui en mesure d’imprimer le changement tant rêvé, tous étant hors-circuit dans le processus de transition en cours. Sur cette situation, Modibo Sidibé déclare ne pas avoir de remords… N’estce pas-là un aveu d’impuissance ? «Je n’ai pas de remords… Le mouvement M5-RFP, c’était un mouvement citoyen de lutte dans le cadre des règles et des principes démocratiques face à un pouvoir érigé, auquel il avait proposé des chemins de sortie, auquel il avait reproché un certain nombre d’éléments concernant la gouvernance et l’état du pays. Et donc, c’est cette bataille-là qu’on menait. S’il y en a qui sont intervenus plus tard, oui mais, c’est ça que nous on menait, et c’est dans beaucoup d’autres pays que ça s’est passé ainsi. Nous avions envisagé, je l’ai expliqué plusieurs fois, la lutte du Mouvement du M5 est une révolution citoyenne. Nous l’avons envisagé en trois étapes, en tout cas pour notre part, le Mouvement Ank Mali Dron. Nous l’avons rejoint, en s’étant bien assuré que c’était un mouvement républicain, démocratique et patriote. Et donc, nous avons mené notre lutte, il aurait été bien que cette lutte aboutisse, avec toutes ses difficultés, ses contraintes, dans un cadre républicain et démocratique face à un gouvernement, qui pouvait user des moyens légaux… Mais s’il s’est trouvé des militaires se sont invités dans cela pour, comme ils l’ont dit, «parachever». Le pays était dans un moment très difficile, très précaire. Nous avons essayé de voir, qu’est-ce qui pouvait être fait à ce stadelà. Le M5 avait son travail en trois phases : première phase, c’était le départ du régime, deuxième phase, c’était la phase de transition, comment travailler pour qu’il y ait une transition politique, civile, qui pourrait permettre d’entamer ce que nous avons appelé le processus de refondation, et que pendant cette période-là, le M5 mute aussi en force politique, pour affronter la fin de transition, participer aux élections et fin de transition» !
Et qu’en est-on aujourd’hui avec cette lutte, quand on sait que le M5 ne décide de rien dans le processus de changement supposé être le fruit de sa lutte ? Sur la question, s’est voulu prudent, même s’il ne s’avoue pas vaincu quant à la justesse de la lutte du M5-RFP.
«Vous savez, une lutte n’est jamais linéaire, elle a ses étapes et il faut parfois savoir aussi jouer de façon tactique de ces étapes. On n’est peutêtre pas satisfait de ce qui est arrivé, mais il faut voir de ce qui est arrivé, comment on peut en faire ce qui est bien pour notre pays», a-t-il réagi. Rappelons qu’il s’est prononcé sur d’autres sujets d’actualité, dont le retrait du Mali de la CEDEAO, la création de l’AES, les états généraux sur la santé, sur la corruption, l’Initiative Riz… On retient qu’il n’est pas d’accord avec le retrait du Mali de la CEDEAO dont nous sommes co-fondateurs. S’il n’a pas de réserve spécifique pour ce qui concerne la création de l’AES, il estime que les Etats membres de cette organisation pouvaient envisager de telles initiatives étant dans la CEDEAO, leurs objectifs n’étant en rien en contradiction avec les textes de l’organisation sous-régionale. Autre point qui suscite l’indignation de l’ancien Premier ministre, c’est la disparition de l’Avenue CEDEAO au profit de l’AES.
Là-dessus, il pense tout simplement que c’est comme «on gommait son propre histoire», le Mali ayant joué un rôle clé dans la création de la CEDEAO, tout comme dans les instances de cette organisation, avec notamment le travail unanimement salué de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré durant ses deux mandats à la tête de la Commission de la CEDEAO ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA