66È SOMMET DES CHEFS D’ÉTAT DE LA CEDEAO : LA SORTIE DES PAYS DE L’AES ACTÉE, PAS D’ENTRAVE POUR LE MOMENT À LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES
Le 66è Sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO s’est tenu hier dimanche 15 décembre 2024 à Abuja. Au centre des préoccupations, plusieurs questions, dont spécifiquement celle relative au retrait des pays de l’AES (le Mali, Burkina et le Niger) de l’organisation.
Sur ce point, la Conférence des chefs d’Etat a pris acte de la décision de retrait des trois pays, tout en convoquant une session extraordinaire du Conseil des Ministres en juillet prochain pour discuter des modalités de ce retrait. Pas donc de représailles, ni d’entraves, en tout cas d’ici là, pour la libre circulation des personnes dans la zone CEDEAO ! La 66ème Session ordinaire de la conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO s’est tenue ce dimanche à Abuja (Nigeria). Au menu des travaux de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, qui se sont tenus à huis clos, plusieurs dossiers dont le Rapport annuel 2024 sur l’état de la Communauté, celui relatif à la 53ème réunion ordinaire du Conseil de Médiation et de Sécurité au niveau ministériel, la question relative au lancement de l’ECO, la monnaie de la CEDEAO. La cérémonie officielle d’ouverture a servi de tribune au Président de la République Fédérale du Nigéria, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’organisation, pour aborder des questions d’actualité.
Bola Ahmed Tinubu a notamment évoqué les difficultés économiques, sécuritaires et politiques auxquelles la communauté est confrontée, dans un environnement régional et international perturbé par les nombreuses crises.
Il a invité les Etats membres à l’unité pour faire face aux nombreux défis et booster l’intégration régionale. A l’issue de la rencontre, les chefs d’Etat ont acté le départ des trois pays de l’AES et ordonné au Conseil des Ministres de convoquer une session extraordinaire à son tour au 2ème trimestre de 2025, afin d’examiner et adopter les modalités du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger. De même que d’un plan d’urgence portant sur les relations politiques et économiques entre l’organisation et ces pays. Une bonne nouvelle donc pour les ressortissants de l’AES qui, bien vrai que d’aucuns évoquent la position tranchée des chefs d’Etat sur le principe de la non-réciprocité sur la libre circulation des biens et des personnes, peuvent librement circuler dans l’espace CEDEAO en attendant les conclusions de la session extraordinaire du Conseil des Ministres devant examiner et adopter les modalités du retrait, ainsi qu’un plan d’urgence portant sur les relations politiques et économiques entre l’organisation et les pays de l’AES ! Il faut rappeler que le Collège des Chefs d’Etat de l’AES a produit, à la veille de ce sommet tant attendu de la CEDEAO, un communiqué dans lequel l’AES décidait d’ouvrir ses frontières aux ressortissants de la CEDEAO.
En effet, Vu le traité portant création de la Confédération des Etats du Sahel (AES) adopté à Niamey le 06 juillet 2024 ; la Charte du Liptako-Gourma du 16 septembre 2023, instituant l’Alliance des Etats du Sahel…
Convaincu de la nécessité de poursuivre les luttes héroïques menées par les peuples et les pays africains pour l’indépendance politique, la dignité humaine et l’émancipation économique ; Fidèle aux objectifs et idéaux de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union Africaine ; Guidé par l’esprit de fraternité, de solidarité et d’amitié ; et Engagé à renforcer les liens séculaires entre les Peuples d’Afrique, le Collège des chefs d’Etat de l’AES, a déclaré :
– La Confédération des Etats du Sahel (AES) est un espace sans visa pour tout ressortissant des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ;
– Les ressortissants de la CEDEAO ont le droit d’entrer, de circuler, de résider, de s’établir et de sortir sur le territoire des Etats membres de la Confédération des Etats du Sahel dans le respect des textes nationaux en vigueur ; Toutefois, les Etats membres de la Confédération se réservent le droit, conformément à leurs lois et règlements, de refuser l’entrée sur leurs territoires à tout ressortissant de la CEDEAO entrant dans la catégorie des immigrants inadmissibles…
– Les véhicules particuliers immatriculés sur le territoire d’un Etat membre de la CEDEAO pourront entrer sur le territoire d’un Etat membre de la Confédération conformément aux textes en vigueur ;
– Les véhicules à usage commercial immatriculés sur le territoire d’un Etat membre de la CEDEAO et transportant des passagers pourront entrer sur le territoire d’un Etat membre de la Confédération AES, conformément aux textes en vigueur. En définitive, que les dirigeants de la CEDEAO décident ou pas d’adhérer au principe de la réciprocité pour ce qui concerne la libre circulation des personnes et des biens sur l’espace CEDEAO, les dirigeants de l’AES ont déjà prouvé, de par cette décision, qu’ils ne sont en guerre contre personne ou contre la CEDEAO, mais plutôt pour garantir un avenir meilleur à leurs peuples ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA