APRÈS AVOIR CÉDÉ TOUS SES ACTIFS À UNE SOCIÉTÉ PÉTROLIÈRE BÉNINOISE : TOTAL ÉNERGIES MALI SERAIT SUR LE DÉPART !
Si depuis un certain temps, un bras de fer opposait les travailleurs et la Direction de TotalEnergies Mali quant aux dysfonctionnements internes, au manque d’investissement et de maintenance qui affectait la performance du service, au non-respect des engagements contractuels, la vérité que cette compagnie française voulait, sans s’acquitter de ses devoirs, filer en douce du Mali.
En effet, selon le syndicaliste Hammadoun Bah du SYNABEF, Total a déjà cédé tous ses actifs à une société pétrolière béninoise. Le comité syndical de TotalEnergies dénonçait déjà, il y a quelques jours, le bilan du Directeur Général et le processus de cession en cours au sein de l’entreprise. En effet, les travailleurs qui ont tout donné à cette société se sentaient trahis par la Direction qui, selon le Président du SYNABEF, avait commencé piétiner les acquis jusqu’ici concédés. Une situation avait amené certains cadres de l’entreprise à prendre la porte. Puisque toutes les tentatives pour rencontrer la direction afin de discuter des aspects sociaux du processus de cession butaient à un mur, il a fallu que le SYNABEF entre dans la danse. Après des heures de discussions avec la Direction, le syndicaliste Hammadoun Bah a rencontré les travailleurs pour leur rassurer que tous les acquis seront préservés, même avec l’arrivée du nouveau preneur des actifs de Total. Selon Hammadoun, les discussions avec la Direction de Total s’imposaient, puisque cette dernière voulait quitter notre pays sans faire face à ses obligations. «Nous leur avons dit que cela ne pouvait se faire, un engagement contractuel étant un engagement contractuel. Nous sommes convaincus que tout va bien se passer et que le nouvel acquéreur fera mieux que Total», dira-t-il.
Pourquoi TotalEnergies voulait donc quitter notre pays sur la pointe des pieds ? Disons que les choses ne marchaient pas assez fort avec les autorités de la Transition, lesquelles, conformément aux trois principes qui guident l’action publique au Mali, ont mis fin aux avantages fiscaux accordés aux entreprises françaises basées dans le pays.
En effet, la convention d’évitement de la double imposition, qui était appliquée en faveur des citoyens et entreprises françaises opérant au Mali, n’est plus valide. Une convention stipulait que «chaque citoyen français ou entreprise française résidant ou opérant au Mali payait les impôts sur ses revenus gagnés dans le pays uniquement à la France». Une situation qui profitait largement aux multinationales françaises opérant au Mali et qui faisait perdre énormément d’argent à l’État malien.
Si depuis on s’attendait à un éventuel départ de Total du Mali, on ne savait cependant pas que ses responsables voudraient faire cela en catimini, quitte à violer certains engagements contractuels. Les autorités maliennes ontelles vu les choses venir ? En tout cas, celles-ci ont pris le devant pour procéder, le 8 novembre dernier, à la fermeture de la Direction de Total pour «raison d’accumulation d’impayés fiscaux». ■
MAÏMOUNA DOUMBIA