PARTIES SIGNATAIRES DE LA DÉCLARATION COMMUNE DU 31 MARS 2024 : ENTRE FRICTIONS, MANQUE DE COURAGE ET DE COHÉRENCE… LE DÉBAT POLITIQUE PRIS EN OTAGE !

 PARTIES SIGNATAIRES DE LA DÉCLARATION COMMUNE DU 31 MARS 2024 : ENTRE FRICTIONS, MANQUE DE COURAGE ET DE COHÉRENCE… LE DÉBAT POLITIQUE PRIS EN OTAGE !

Au commencement, c’était plutôt une levée de boucliers des partis et organisations de la société civile pour exiger l’organisation des élections, à défaut, de trouver une meilleure reformulation de la Transition de façon consensuelle, avec à la clé de nouveaux organes et une brève échéance pour ce faire, pour qu’enfin notre pays sorte de cette situation de non-droit en renouant avec la légalité constitutionnelle et reprenant ses droits dans le concert des nations.

Mais avec le temps, avec les frictions et insatisfactions internes, surtout le manque de courage et de cohérence, il n’en reste plus grand chose de ce regroupement qui avait suscité de l’espoir chez les Maliens, les faits ici évoqués ayant par devenir sources de prise en otage du débat politique dans notre pays ! Quel dommage ou encore tout ça pour ça ?

Serait-on tenté de poser la question, tant la tournure prise par les choses interpelle la conscience collective nationale face aux risques d’enlisement pour notre pays !

Une pléiade de partis politiques, de regroupements politiques et d’organisations de la société, constatant la fin de la transition, réclamant une concertation nationale en vue de parvenir à un consensus débouchant sur l’organisation de l’élection présidentielle dans un bref délai, constituée de la crème de la classe politique malienne dont, entre autres, l’ADEMA-PASJ, le RPM, YELEMA, la CODEM, l’ASMA, le PS Yeleen Kura, FARE An Ka Wuli…, des regroupements politiques comme Espérance Jigiya Kura, le M5-RFP Mali Kura, l’Appel du 20 Février pour Sauver le Mali, l’EPM, le Cadre des partis et regroupements de partis, tout un conglomérat de signataires d’une déclaration commune, aujourd’hui embrigadé et réduit au fait de supplier le bourreau ! Cela est d’autant plus vrai que les signataires étaient convaincus que le retour du Mali à l’ordre constitutionnel normal et son retour dans le concert des Nations était un gage de la stabilité politique et du développement durable. Il faut rappeler aussi que cette déclaration de la classe politique et des organisations de la société civile est intervenue au lendemain de la fin de la durée de la Transition au terme du décret n°2022- 0335/ PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition à deux ans.

Elle est intervenue aussi dans un contexte marqué par la dissolution de plusieurs associations, dont la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko, et l’interdiction des activités d’autres dans le District de Bamako.

En termes clairs, on assistait déjà à une radicalisation des positions, et chez les autorités de la Transition, et chez un pan important de la classe politique et des autres forces vives de la nation, ce d’autant que tous les mastodontes de la scène politique malienne s’étaient exprimés sur la situation de vide juridique créée par la fin de la transition dans l’indifférence des autorités, et tous dénonçant un mépris envers le peuple malien. L’ancien ministre et Président de la CODEM et de l’Alliance Espérance Nouvelle « Jigiya Kura », Housseini Amion Guindo dit « Poulo », avait dénoncé une « attitude méprisante » et des « entorses à toutes les règles de bonne gouvernance ». Le parti de l’ancien président de la République, feu Ibrahim Boubacar Keita, le RPM, fidèle aux principes de la République et aux valeurs démocratiques chèrement acquises depuis la Révolution de Mars 91, appelait les autorités de la Transition au respect de leurs engagements. Quant à Cheick Mohamed Chérif Koné, alors Coordinateur de l’Appel du 20 Février pour Sauver le Mali qui n’était pas encore dissout, il appelait le peuple à la désobéissance civile qui, selon lui, est un droit constitutionnel et un devoir patriotique pour tous les maliens.

Mais, hélas, à force de tergiverser, et parfois par manque de courage, plusieurs autres organisations se sont vues dissoutes, action suivie de la palme des palmes, à savoir la suspension des activités des partis et des associations à caractère politique !

C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’arrestation suivie de l’incarcération des 11 leaders politiques, un fait qui ne se serait jamais produit si les acteurs des parties signataires de la déclaration commune du 31 Mars 2024 étaient cohérents et conformes avec les motifs de cette déclaration, et conformes avec eux-mêmes. C’est parce qu’ils ont failli que les activités des partis politiques ont été suspendues, et c’était déjà un aveu d’échec que certains d’entre eux se réunissent secrètement, c’est ce qui a été avancé comme motif de leur arrestation, même si cela restait discutable dans la mesure où la réunion ne se tenait pas au siège d’un parti, et où il y a eu violation de domicile. Quid donc de l’inaction en cours depuis la levée de la mesure de suspension des activités des partis politiques et des associations à caractère politique depuis bientôt quatre mois ? Quatre mois qu’il n’y a pas eu de concertation nationale pour discuter des modalités d’une transition consensuelle, quatre mois qu’il n’y a pas question d’élection, quatre mois que leurs camarades sont en détention… et en lieu et place d’actions pour se faire entendre, on parle plutôt de négociation, de médiation des leaders politiques, pour des faits et gestes qu’on trouve illégaux, anticonstitutionnels et méprisant pour le peuple !

C’est dire en fin de compte, et de tous les contes, que manque de courage et de cohérence, les leaders politiques arrêtés peuvent bien dormir encore en prison et apitoyer sur leurs sorts, le temps qu’il faudra pour que ces médiations et autres négociations aboutissent. Et c’est aussi pour ça qu’il ne serait plus idoine qu’on continue à parler des Parties signataires de la Déclaration commune du 31 Mars 2024, car en fait, ce regroupement n’est plus que l’ombre de lui-même, d’où des défections dans ses rangs… A bon entendeur… ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

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