DISTINCTIONS TOUS AZIMUTS SUR FOND D’INFLUENCE : UNE MANIÈRE DE NOUS FAIRE AVALER LA PILULE DE L’AUTO-PROMOTION DE NOS VAILLANTS GÉNÉRAUX ?
Le 1er novembre 2024, les autorités maliennes ont rendu hommage à des personnalités issues de divers horizons pour service rendu à la nation.
Si ces distinctions honorifiques s’inscrivent dans une longue tradition de reconnaissance des contributions des citoyennes et citoyens dans le développement du Mali, elles semblent avoir pris un cachet particulier cette année, avec une certaine dose d’influence. Comme si quelque part, on cherchait à contenir d’éventuelles frustrations pouvant découler de l’auto-promotion, pardon de la promotion des membres de l’ex-CNSP, dont le Président de la Transition, au grade de Général ! Pour rappel, quelques années après l’accession du Mali à l’indépendance, le Président Modibo Keita a créé l’ordre national du Mali par la loi 63-31 AN RM du 31 mai 1963. La Grande Chancellerie des Ordres Nationaux du Mali décerne des distinctions honorifiques à des citoyens sans casier judiciaire ayant fait preuve de mérites éminents au service de la nation, à titre militaire ou à titre civil.
Mais cette année, on sent une certaine complaisance dans la distribution des distinctions en ce sens que toute sorte de personne est aujourd’hui récipiendaire.
Le débat sur le choix des récipiendaires a, à maintes reprises, été posé dans ce pays sous différents régimes, tant les critères semblent empreints de copinage, de parenté et d’affinité. Cela est d’autant plus vrai qu’on ne connaît aucun haut fait de certains récipiendaires, pendant qu’au même moment, certains de ceux qui ont tout donné à ce pays sont superbement ignorés ! Pour rappel, l’ordre comporte 3 grades et 2 dignités : Grades (Chevalier, Officier, Commandeur). Dignités (Grand officier, Grand-croix). En quoi le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga mérite-t-il la dignité de Grand Officier de l’Ordre national du Mali ? La question mérite d’être posée, car en un peu plus de trois ans de présence à la primature, le Malien, autres que la désillusion et la misère, n’a rien vu de changer dans sa vie, et la situation du Mali, au triple plan socio-économique et politique va de mal en pis ! Tous les secteurs d’activité sont à l’agonie, et la classe politique, toute comme la société malienne dans son ensemble, n’a jamais été autant divisée !
Quid donc de Mme Bintou Camara, ministre de l’Energie et de l’Eau, élevée au rang d’Officier de l’ordre national du Mali ?
Est-elle distinguée pour son rôle de manager en chef de ceux qui nous vendent du noir depuis plus d’un an, avec pour conséquence de mettre de milliers de chefs de famille au chômage et d’étouffer toutes sources de revenu pour de milliers de «débrouillards», jusqu’aux petits vendeurs d’eau de sachet ? Quel enseignement nous renvoient donc ces distinctions ? Est-ce pour calmer les ardeurs de ceux qui verraient d’un mauvais œil la promotion au grade de Général des acteurs de l’Ex-CNSP, dont le Président de la Transition ? Ou s’agirait-il plutôt d’un message de remerciement pour certains, dont le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, qui vont devoir libérer le plancher au profit des hommes et des femmes plus capables ? Le Malien lambda reste perplexe ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA