RÉIMMATRICULATION DES VÉHICULES AU MALI : MESURE SALUTAIRE OU QUÊTE D’ARGENT POUR ALIMENTER LES CAISSES DE L’ETAT ?
Le gouvernement malien veut réimmatriculer tous véhicules sur l’ensemble du territoire national, c’est du moins la teneur de deux lettres du Directeur Général des Transports adressées aux Directeurs régionaux des Transports. Une vaste opération en perspective décidée au profit des Maliens ou pour tout simplement renflouer les caisses de l’Etat ? La question se pose !
Dans une première lettre en date du 18 septembre 2024, le Directeur Général des Transports s’adressait aux Directeurs régionaux des Transports, avec pour objet : « Réimmatriculation des véhicules ». Il a rappelé le Conseil des Ministres du mercredi 07 août 2024 qui a pris acte de la communication verbale du ministre des Transports et des Infrastructures sur la mise en place du Système centralisé d’émission et de suivi sécurisé des documents et de fourniture de services dans le sous-secteur du transport routier, dénommé SIGI DOLO.
« SIGI DOLO est la plateforme sur laquelle la Direction Générale des Transports et ses structures déconcentrées fonctionnent, il intègre : – la production des documents de transports sécurisés (Permis de conduire biométrique, cartes grises et cartes de transports, entre autres) ; la fourniture des plaques d’immatriculation et ; le contrôle technique automobiles », écrivait-il, avant de préciser : « A compter du 22 septembre 2024, date anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, les nouvelles plaques d’immatriculation seront fabriquées par la Direction Générale des Transports et mises en circulation sur les véhicules en République du Mali.
A partir du vendredi 20 septembre 2024, je vous instruis de faire percevoir les redevances pour les plaques d’immatriculation par les régisseurs des recettes auprès de vos services.
A cette occasion, un registre doit être ouvert exclusivement pour l’enregistrement de ces dossiers qui seront transmis désormais par des bordereaux dédiés ». Dans une seconde lettre en date du 24 septembre 2024, toujours à l’intention des Directeurs régionaux des Transports, le Directeur Général des Transports se faisait plus précis sur le « Processus de réimmatriculation des véhicules ». « En application des dispositions de l’Arrêté n°2023-5150/MTI-SG du 29 décembre 2023 fixant les détails des règles générales d’immatriculation des véhicules, il a été décidé de procéder à la réimmatriculation de l’ensemble des véhicules en circulation au Mali. A cet effet, toutes les opérations secondaires relatives à l’immatriculation, telles que le renouvellement, la mutation, l’émission de duplicata, les transformations, etc., devront systématiquement faire l’objet d’une réimmatriculation », écrivait-il.
Avant de conclure : « Conformément aux procédures en vigueur, vous serez chargé de la saisie, de la validation et de l’impression des cartes grises de réimmatriculation. Cependant, ces cartes, que vous transmettrez par bordereau d’envoi, seront exclusivement signées à la Direction Générale des Transports. J’attache énormément de prix à l’exécution des termes de la présente ». Un point très important retient notre attention, à savoir « la réimmatriculation de l’ensemble des véhicules en circulation au Mali ».
Quelles sont les réelles motivations des pouvoirs publics dans la prise de cette décision ? Quelle sera la réaction des Maliens face à cette décision ? Nous savons que beaucoup de nos compatriotes ont apprécié et salué le fait que l’Etat malien ait décidé de produire les plaques d’immatriculation des véhicules au Mali.
Une décision qui faisait suite à l’adoption, sur rapport du ministre de l’Economie et des Finances en Conseil des Ministres, d’un projet de décret portant approbation du marché relatif à la fourniture des équipements pour la fabrication des plaques d’immatriculation en novembre 2023. Un marché avait été conclu entre le gouvernement de la République du Mali et le Groupe EHA Hoffman International GMBH, représenté par la Société Djiguiya Signature, pour un montant de 3 milliards 525 millions 217 mille 215 francs CFA, toutes taxes comprises, pour un délai d’exécution de 60 jours.
Dès lors, comment interpréter ces passages de la première lettre du Directeur Général des Transports aux Directeurs régionaux : « A compter du 22 septembre 2024, date anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, les nouvelles plaques d’immatriculation seront fabriquées par la Direction Générale des Transports et mises en circulation sur les véhicules en République du Mali. A partir du vendredi 20 septembre 2024, je vous instruis de faire percevoir les redevances pour les plaques d’immatriculation par les régisseurs des recettes auprès de vos services » ?
Enfin, une dernière question : l’Etat cherche-t-il encore à frapper au portefeuille les Maliens déjà soumis à la précarité à cause des crises sécuritaire et énergétique, dans lesquelles sa responsabilité est directe et de premier ordre ?
MAIMOUNA DOUMBIA