GOUVERNEMENT CIVIL EN ÉXIL: UN PROJET VOUÉ À L’ÉCHEC ?
Dans communiqué de presse en date du 14 mai 2024 rédigé depuis Genève, des gens qui n’avaient pas encore eu le courage de se montrer à visage découvert et s’auto-attribuant le titre de « démocrates maliens » regroupés au sein d’un Panel, appellaient l’ensemble des démocrates maliens à se mobiliser pour condamner avec vigueur la mascarade de « dialogue inter-Maliens » et rejeter ses recommandations instrumentalisées, illégales, liberticides et dictatoriales, à « soutenir l’investiture du gouvernement de transition en exil… » !
Après, des noms ont commencé à tomber peu à peu. On sait que le principal initiateur est un certain Adaman Touré. Outre lui, il a un certain Mohamed Ag Ahmedou. Auxquels s’ajoute celui du magistrat Cheick Mohamed Chérif Koné, qui nommé Premier ministre du fameux gouvernement en exil. Mais faut-il prendre ces gens au sérieux ?
Même si certains de leurs combats sont légitimes, il y a comme une forme qui manque à ce projet.
A propos des recommandations du DIM, ils dénoncent en effet une « parodie de dialogue qui aurait conclu notamment à la réduction liberticide du nombre des partis politiques en violation de la Constitution malienne qui énonce que les partis politiques se créent et exercent librement leurs activités, le maintien pour 2 à 5 ans de la dictature militaire en toute illégitimité et en toute illégalité, la candidature illégale d’Assimi Goïta en violation de la non révisabilité de l’article 9 de la Charte de la transition et de son article 1er énonçant la neutralité politique du gouvernement de transition, la promotion irrégulière et inéquitable au grade de général des colonels putschistes, auteurs de nombreux coups d’états constitutifs de crimes imprescriptibles énoncés dans la Constitution malienne, d’attentat à la loi, aux institutions, à la morale publique et à l’éthique militaire ».
Pour rappel, ils appelaient « l’ensemble des partis politiques, des organisations de la société civile et le peuple souverain du Mali à exercer leur droit constitutionnel de se soulever contre la dictature et de rétablir la souveraineté populaire et l’ordre constitutionnel, à soutenir l’investiture du gouvernement de transition en exil et à participer massivement à la manifestation populaire des démocrates maliens le 28 mai 2024 à Bamako, dans les autres localités du Mali et à l’étranger pour mettre fin à la dictature, aux restrictions des droits politiques et des libertés publiques au Mali d’une part, et d’autre part à participer à la rencontre de concertation en ligne le 18 mai 2024 du panel des démocrates maliens constitués de délégués de la société civile et des partis politiques en vue d’instituer des institutions civiles devant conduire à une transition civile élue ».
Une rencontre de concertation qui avait pour objectifs de constituer un cadre pour échanger et appeler d’une seule voix à la fin du régime militaire, à la mise en place d’une transition civile, à la tenue des élections législatives pour instituer une assemblée constituante élue et à la sauvegarde des acquis démocratiques et de la souveraineté populaire au Mali d’une part et d’autre part d’instituer :
1.Un parlement civil d’union nationale inter transitoire en exil, composé de ; -une assemblée citoyenne éthique réunissant des délégués de partis politiques et société civile ; -un Sénat coutumier réunissant env. les 20 chefs d’États coutumiers du Mali (Jamanatigiw, Imenokalen, Hogons, Harens, Tunkas, LaamBe, Koys…), 2.Un gouvernement d’union nationale de 7 membres collégial non partisan élu et mandaté par ce parlement pour organiser des élections législatives (désignation de députés par consensus local en zones d’insécurité) le 29 septembre 2024 en vue d’une transition civile de refondation élue de 5 ans.
Les organes de cette transition pour une refondation démocratique, indigéniste et décoloniale de l’État : 1.Un parlement bicaméral faisant office d’un 2è congrès de Kurukanfuga et composé de : -un Conseil du peuple réunissant des représentants élus du peuple malien ; -un Conseil des États (Sénat) réunissant nos 20 chefs d’États coutumiers (Jamanatigiw…); 2.Un gouvernement collégial de 7 membres élu et obéissant au parlement ; 3. Un Chef d’État honorifique désigné chaque année par exercice tournant parmi les sénateurs ; 4. Un général d’armée élu par le parlement pour conduire la guerre antiterroriste afin de séparer le gouvernement civil de la conduite des opérations militaires et ainsi nous exorciser du putsch ».
Ils ont maintenant leur parlement et leur gouvernement. Mais un gouvernement et un parlement pour quelle utilité? Ce qui est sûr et certain, et ça nous l’avons dit, c’est que leur approche reste discutable, l’architecture institutionnelle qu’ils veulent étant en déphasage avec les réalités au Mali. Autant dire que l’initiative est vouée à l’échec !
MAIMOUNA DOUMBIA