BROUILLES AU SOMMET DE L’ÉTAT : QUI POUR SUCCEDER À CHOGUEL À LA PRIMATURE ?

 BROUILLES AU SOMMET DE L’ÉTAT : QUI POUR SUCCEDER À CHOGUEL À LA PRIMATURE ?

Ceux qui en doutaient encore sont à présent convaincus, en tout cas depuis la publication du Mémorandum du M5-RFP tendance Choguel, que les jours de ce dernier sont comptés à la Primature. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, aurait même déjà entamé les consultations en vue du remplacement du Premier ministre à problème qu’est finalement devenu Choguel Kokalla Maiga. Mais qui donc pour le remplacer ? Certains noms sont cités dans les coulisses !

Rappelons d’abord qu’il y a un décret du Président de la Transition qui fait du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, l’intérimaire du Premier ministre en cas d’empêchement, mais ce décret ne peut faire foi dès lors qu’il s’agit de la démission ou du limogeage du Premier ministre. Il en est de même pour son statut de ministre d’Etat. N’empêche que beaucoup pensent qu’il peut être le prochain occupant de la Primature ! Nous n’en disconvenons pas et nous ne doutons pas de sa capacité à assumer cette fonction, mais vu le contexte sociopolitique tendu et la nature même du régime, à savoir une transition militaire, il serait improbable que le Président de la Transition veuille en ce moment précis faire appel à un militaire pour occuper le poste de Premier ministre, surtout pour ce qui concerne le Colonel Abdoulaye Maiga qui, par la force des choses, est confondu aux cinq colonels !

Selon certains radars, et sans qu’il y ait une version officielle pour le confirmer, le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, aurait reçu Me Mountaga Tall en audience avec qui il aurait longuement discuté pendant plusieurs heures.

Cette information, si elle s’avérait, créditerait alors la thèse du début des consultations par le Président de la Transition en vue du remplacement très prochain de Choguel à la Primature. Pourquoi Me Mountaga Tall ? Est-ce pour être Premier ministre ou pour un tout autre objectif stratégique, à savoir s’assurer de l’accompagnement vrai, pas celui de façade comme Choguel et compagnons viennent de le démontrer à travers leur mémorandum, de l’autre tendance du M5-RFP dirigée par l’imam Oumarou Diarra, avec ses côtés les Me Mountaga Tall, Jeamille Bittar, Tiémoko Maiga et autres ? Rien n’est moins sûr, surtout en ces heures troubles où les autorités de la Transition ont besoin de l’appui et de l’accompagnement des acteurs politiques membres de la composante civile du partenariat stratégique scellé avec les militaires le 24 mai 2021, partenariat stratégique violé et foulé au pied par Choguel Kokalla Maiga, qui s’est arrangé à se débarrasser de tous ses compagnons de lutte pour mieux préserver ses intérêts en mentant de part et d’autre, soit sur les militaires, soit sur ses propres compagnons de lutte !

Si le Président a effectivement rencontré Me Mountaga Tall, nous penchons objectivement vers cette option plutôt que celle du choix du Premier ministre.

Là également, nous ne doutons point des compétences de Me Mountaga Tall pour occuper la Primature, mais nous pensons que son choix ne résoudrait pas les problèmes de la Transition, notamment le rassemblement des maliens et le relèvement de l’économie nationale complètement à terre aujourd’hui ! En effet, Me Mountaga Tall est certes un vieux routier de la politique malienne, mais nous ne garantirons pas que sa gestion de la Primature, au cas où il serait nommé, saura se relever au-dessus des routines Choguelistes que nous vivons présentement. Il faut dire qu’un Premier ministre, c’est aussi une base sociale forte, un carnet d’adresses bien fourni à l’intérieur et comme à l’extérieur du pays, choses que Choguel n’a pas, et qui manqueraient aussi criardement à Me Mountaga Tall !

Enfin, le troisième nom qui circule à propos d’éventuel successeur de Choguel à la Primature est celui de Ouamr Tatam Ly, le tout premier Premier ministre du Président IBK qui est aussitôt parti qu’il était venu, refusant de se faire tordre la main et de céder face à la pression du « vieux » et de sa famille biologique et politique. Certainement le choix le plus probable, vu le joli coup médiatique qu’il a pu s’offrir le 04 mai dernier en allant à la rencontre du Président du Comité de pilotage du Dialogue Inter-maliens au Centre international de Bamako ! Une réapparition en public depuis sa démission de la Primature en 2014 suite à des divergences avec le Président IBK. On rappelle en effet que l’homme avait clairement mis dans sa lettre de démission les raisons qui l’ont motivé dans ce choix. S’il avait depuis lors rejoint son poste à la BCEAO, on apprend qu’il aurait pris sa retraite et rentré enfin au bercail. Il s’était jusqu’ici fait discret avant d’aller à la rencontre de Ousmane Issoufi Maiga pour discuter des termes de référence du DIM.  

Mais, serait-il pour autant intéressé par le poste de Premier ministre comme le souhaitent d’ailleurs nombre de nos compatriotes à ces moments cruciaux pour notre pays ? Voilà toute la question ! La question se pose d’autant plus qu’il est inimaginable pour certains observateurs, que celui qui a préféré laisser son poste de chef de l’Administration pour des divergences avec un président démocratiquement élu, accepte de devenir Premier ministre d’une transition militaire.

« Au regard des dysfonctionnements et des insuffisances que j’ai relevé dans la marche du gouvernement, qui réduisent grandement ses capacités à relever les défis se présentant à lui, il m’est apparu nécessaire, de lui imprimer, au sortir des élections législatives, dans un environnement institutionnel devenu moins favorable,  des évolutions propres à lui conférer davantage de cohésion et à le doter de compétences accrues, lui permettant de mettre en œuvre les changements attendus par vous-même et par le peuple malien.

Je n’ai pu vous convaincre de la nécessité de ces évolutions lors de nos entretiens des 2,3 et 16 mars ainsi que du 4 avril 2014. En conséquence, en considération de ces vues différentes, qui ne me mettent pas dans la position de remplir la mission que vous m’avez confié, je suis au regret de vous présenter ma démission du poste de Premier ministre du gouvernement de la République du Mali ». Voilà ce qu’il avait mis dans sa lettre de démission adressée en avril 2014 au Président IBK.  

Par ailleurs, si l’homme s’était dit très heureux de la considération que lui portait Ousmane Issoufi Maiga, et avait annoncé, parlant du DIM, que « ce type de concertation est toujours utile, même s’il faut regretter que les formules précédentes aient eu des fortunes diverses », il avait aussi insisté, vu qu’une Transition est une opportunité de changement, sur le fait qu’il y ait un bon suivi des recommandations de ces assises, non pas sans rappeler que le Mali est un pays de mélange où chaque citoyen ressent les douleurs des conflits, d’où pour lui « l’utilité certaine » du processus DIM.

Vu les tournures prises par les conclusions du DIM, le plus important, et qui pourrait peut-être amener Tatam Ly à accepter le poste de Premier ministre, est de savoir si l’homme est finalement satisfait des recommandations issues de ce dialogue.

Dans le cas contraire, il serait très difficile pour le Président de la Transition de le convaincre, au cas où il serait consulté par ce dernier sur le sujet. Sans compter le fait qu’il pourrait demander la levée de toutes les mesures restrictives frappant les partis et les associations ! Mais comme on dit, aucun sacrifice n’étant de trop pour sauver le Mali d’un chaos, il pourrait tout aussi accepter, mais à condition d’avoir les mains totalement libres… Assimi fera-t-il des concessions dans ce sens ? That’s the question !

MAIMOUNA DOUMBIA

Le Soir de Bamako

http://lesoirdebamako

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