SORTIE DE KALFA SANOGO, MAIRE DE SIKASSO CONTRE LE MOUVEMENT DÉMOCRATIQUE ET LA CLASSE POLITIQUE
Un monologue qui traduit l’état de conscience d’un homme aux abois !
Par ces temps qui courent, chacun à son niveau tente d’inventer des « trucs », par instinct de survie ou conservation de ses intérêts, pour tirer son épingle du jeu. C’est dans ce contexte qu’il faut mettre la sortie ratée de Kalfa Sanogo, Maire de Sikasso, contre le Mouvement démocratique et les acteurs politiques qu’il vilipende et présente comme la source de tous les malheurs des Maliens. Nous avons cependant lu le réquisitoire de Kalfa sur les « politiciens maliens », mais nous n’avons pu y voir que le monologue d’un homme aux abois qui aurait plutôt honte de lui-même… Lisons !
« Désolé de le dire mais la classe politique actuelle s’est dévoyée de longue date et je n’ai eu cesse de le dénoncer et par écrit depuis 1993 à l’organe dirigeant de mon parti, l’ADEMA et au Président Alpha Oumar Konaré. La majorité de mes camarades de lutte dans la clandestinité sous Moussa Traoré ont trahi les idéaux pour lesquels nous nous battions. Tous les maux dont on parle aujourd’hui, nous les avons amplifiés quand nous sommes arrivés au pouvoir en 1992.
Comme se plaisait à dire mon camarade et ami Ousmane Sy, nous avons démocratisé la corruption. C’est nous qui avons affaibli l’armée. Je suis encore amer et dubitatif sur notre pratique de la démocratie avec des élections bâclées et souvent truquées avec le fichier électoral galvaudé en 1997 par Madiassa Maguiraga, la crise qui a vu naître le COPPO la même année avec l’arrestation et l’emprisonnement de tous les leaders de ces partis politiques, Me Mountaga Tall, Almamy Sylla, Choguel, etc.
La scandaleuse candidature du Général ATT en 2022 qui n’avait jamais démissionné de l’armée malienne comme l’exigeait le code électoral, sans compter sa toute aussi scandaleuse élection avec l’implication personnelle du président Alpha à l’époque, au vu et au su de tout le monde. Comme je l’ai dit, j’ai décrié tout ça par écrit en son temps et j’en ai gardé copies pour l’histoire. Le népotisme, la gabegie, les marchés, etc, ne datent pas d’aujourd’hui. On a vite oublié la grave crise énergétique de 1999 qui nous a fait importer des turbines à gaz de l’Allemagne à l’époque.
Je peux faire un livre sur les 30 ans passés en démocratie à la malienne avec près de 300 partis pour une population de 22 millions de personnes. Les massacres de Ogossagou, Sobane-da etc sous IBK, sans compter le sous armement de défense à l’époque. En tant qu’acteur de la lutte pour la démocratie, j’ai déchanté dès le 26 mars 91 au matin quand nous nous sommes retrouvés devant la Bourse du Travail.
Je l’ai dit immédiatement à 3 de mes compagnons avant de quitter de suite les lieux, ils sont encore vivants et peuvent le témoigner : Boubacar Monzon Traoré, Alpha Sow et Abdoul Aziz Diallo. Je leur ai dit séance tenante que nous avons échoué et que notre lutte a été infiltrée et récupérée par la France. Bref, je ne suis pas pressé de voir les jeunes colonels remettre les choses à ceux que je crois connaître suffisamment. J’ai honte pour les politiciens maliens. J’ai honte pour le Mouvement Démocratique ».
Comme on le voit, nulle part le Maire de Sikasso ne s’est départi de la classe politique dont il évoque, et il l’avoue lui-même avec l’emploi de première personne du pluriel. Pourtant, lui-même en tant qu’acteur politique de première heure a eu à bénéficier des dividendes des maux qu’il décrit ici. Mieux, il ne veut pas voir « les jeunes colonels remettre les choses » à ceux qu’il croit « connaître suffisamment ». Il fait cependant une lecture erronée de la situation, car de Mars 1991 à nos jours, que d’eau a coulé sous le Pont des Martyres !
De cette date à nos jours, il y a certes eu beaucoup de partis, mais tous les leaders politiques d’aujourd’hui ne sont pas acteurs du Mouvement démocratique, et tous n’ont été en rien comptables de la gestion calamiteuse de la chose politique qu’il dénonce. Nous avons aujourd’hui des jeunes acteurs politiques de premier plan en quête de tournant générationnel pour faire leur preuve dans la gestion des affaires publiques. Condamner les acteurs politiques maliens en restant figés dans le passé, c’est condamner ces jeunes leaders politiques innocents.
En s’illustrant ainsi, Kalfa Sanogo ferme alors la porte à tous ces jeunes qui souhaitaient peut-être pouvoir bénéficier de son expérience et de son expertise, car quelqu’un qui cherche à ouvrir de nouvelles perspectives pour son pays et son peuple ne saurait aller se confier ni même prendre pour exemple un homme qui a « si honte de son propre passé » et de « lui-même » !
MAIMOUNA DOUMBIA