MISSIONS DE BONS OFFICES A KIDAL : La Médiation Internationale va-t-elle se dédire ?

 MISSIONS DE BONS OFFICES A KIDAL : La Médiation Internationale va-t-elle se dédire ?

Nous avons souvenance que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avait adressé la lettre N°03-32/BE-CMA, du 10 décembre 2022, au ministre algérien des Affaires Etrangères, pour solliciter, non seulement de l’Algérie, en tant que pays chef de file de la Médiation Internationale dans le processus de Paix au Mali, mais aussi des autres pays membres de la médiation, la tenue d’une ‘’réunion d’urgence’’ dans un ‘’lieu neutre’’ pour examiner l’Accord d’Alger.

Pour étayer cette sollicitation, la CMA avait allégué le besoin d’un examen décisif de la viabilité de cet Accord. A la veille de l’expédition de la lettre ci-dessus référencée, la CMA s’était fendue d’un communiqué dans lequel est noté : « Il est regrettable d’avouer que l’Accord de Paix pâtit incontestablement du manque évident d’engagement efficient des parties capitales pour sa mise en œuvre, à savoir les gouvernements successifs du Mali, la Médiation algérienne et la Communauté internationale garante de son application intégrale… ».

Il est alors aisé de constater, s’agissant de la lenteur qui caractérise l’application des dispositions de l’Accord, la CMA ne s’embarrasse nullement pour jeter l’anathème sur tous les autres protagonistes de la mise en œuvre de l’Accord, en occultant, bien sûr, ses propres responsabilités dans la léthargie constatée dans le processus. S’il est vrai que les dirigeants ex-rebelles touaregs allèguent un réexamen en profondeur de l’Accord au cours de la ‘’réunion d’urgence’’ qu’ils ont sollicitée auprès de la Médiation internationale, il faut aussi dire que nombreux sont les observateurs avertis qui conviennent que par cette sollicitation, la CMA voudrait plutôt jauger le niveau de l’intérêt qu’accordent, encore, le Mali et la Communauté Internationale, au processus d’Alger, après tant d’années de tergiversations.

En vérité, cette sollicitation de la CMA à l’endroit de la Médiation Internationale n’est que la face immergée d’un iceberg irrédentiste

Nul n’est dupe que les dirigeants touaregs de la CMA ne sont mus que par la création de leur ‘’hypothétique République de l’Azawad’’. Et c’est pour l’atteinte de cet objectif que la CMA tente de faire de l’Accord d’Alger, son fonds de commerce. Quoiqu’il en soit, en réaction à la sollicitation des ex-rebelles touaregs, la médiation s’est fendue d’une déclaration, en date du 14 décembre 2022, et dans laquelle elle soutient sans ambages que, s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, il ne devrait y avoir aucun autre lieu, hors du Mali, pour accueillir les rencontres et autres travaux du CSA. Comme par enchantement, c’était aussi la position défendue par le Gouvernement malien de la transition. En plus, la médiation internationale a insisté sur la nécessité absolue de la reprise rapide des travaux du CSA.

Encore mieux, la médiation internationale n’a pas manqué de fustiger l’attitude que n’en finit pas d’adopter la CMA et qui est du genre à toujours plomber le processus d’application de l’Accord d’Alger. En tout cas, dans sa déclaration du 14 décembre 2022, la médiation internationale n’a pas été tendre avec la CMA qu’elle rend responsable, de par ses caprices, de la suspension des travaux de la 47ème session du CSA qui avaient commencé le 29 novembre 2022. Comme pour courroucer davantage les dirigeants ex-rebelles touaregs de Kidal, la Médiation internationale a exprimé son satisfécit à l’endroit du gouvernement malien qui ne cesse de consentir des efforts allant dans le sens d’une mise en œuvre idoine de l’Accord.

Tant cette prise de position de la Médiation Internationale a agréablement surpris l’opinion nationale malienne, autant elle a exacerbé la colère des dirigeants ex-rebelles touaregs contre les autorités de la transition

D’ailleurs, en guise de manifestation de cette colère, la CMA a annoncé, à travers un communiqué, le retrait de son représentant au niveau de la commission de finalisation de la Nouvelle Constitution. Ce serait une lapalissade que dire, la Médiation Internationale fera tout ce qui lui est possible pour sauver l’Accord d’Alger qui, de plus en plus, tend vers sa caducité. C’est dans l’espoir de réussir cette opération de sauvetage que la Médiation Internationale a envoyé à Kidal, le mercredi 1er février 2023, une de ses délégations en mission de bons offices. En parlant de mission de bons offices, on devrait se demander ‘’qui ?’’ et ‘’qui ?’’. En vérité l’enjeu de cette crise est plutôt l’exigence, au demeurant incongrue, faite par la CMA, de délocaliser une ‘’réunion urgente’’ du CSA sur un terrain neutre.

Une requête qui a déjà été rejetée par les autres protagonistes de la crise. A l’issue de la mission de bons offices, la Médiation Internationale va-t-elle se dédire en s’accommodant de délocaliser, sur un terrain neutre, une rencontre du CSA, rien que pour satisfaire aux desideratas de la CMA ? Quand bien même la Médiation Internationale le voudrait, et si le gouvernement s’y opposait ? Autant de questions qui restent sans réponse.       

El Hadj Mamadou GABA

Le Soir de Bamako

http://lesoirdebamako

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