LA CRISE IVOIRO-MALIENNE SERA TRANSPORTEE DEVANT LA CEDEAO :  Quels risques encourt le Mali face à une telle option ?

 LA CRISE IVOIRO-MALIENNE SERA TRANSPORTEE DEVANT LA CEDEAO :  Quels risques encourt le Mali face à une telle option ?

Au regard des péripéties qui, depuis plus de huit semaines maintenant, n’en finissent pas de marquer la crise qui empeste les relations de bon voisinage entre le Mali et sa voisine du sud, la Côte d’Ivoire, on serait porté à se faire des appréhensions légitimes quant à l’imminence d’une résolution de cette crise.

Le plus aberrant a été le fait que l’Etat Ivoirien, dans une première réaction, a affirmé ne pas connaitre les soldats arrêtés. Avant de rectifier la déclaration en reconnaissant que les éléments de ce contingent sont bel et bien ceux envoyés au Mali, par la Côte d’Ivoire, dans le cadre des NSE. Dès lors la confusion s’est installée et les autorités maliennes se convainquent que les éléments arrêtés son des mercenaires envoyés pour déstabiliser la transition.

Pour un rappel succinct des faits, signalons que le 10 juillet 2022, un contingent de 49 militaires ivoiriens a été interpellé par les services de sécurité aéroportuaires à l’aéroport international ‘’Président Modibo Keïta’’ de Bamako-Sénou. Ayant constaté certaines anomalies se rapportant aux documents de voyage, les agents des services de sécurité aéroportuaires ont acheminé le cas à leur hiérarchie supérieure. Ainsi, après avoir procédé à certaines investigations, le gouvernement malien de la transition s’est fendu d’un communiqué, le lundi 11 juillet 2022, dans lequel il a été mentionné que « Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la Refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel… ».

C’est dans cette contradiction dans les visions, de part et d’autre, que la médiation togolaise fut sollicitée, d’abord par le Chef de l’Etat malien, Colonel Assimi

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, y a consenti immédiatement. Il faut aussi dire qu’autour de cette médiation togolaise conduite par le président togolais, Faure Gnassingbé, d’autres missions de bons offices n’en finissent pas de graviter, à la recherche d’une résolution diplomatique à la crise ivoiro-malienne. C’est pourquoi lorsque, par mesure humanitaire, le Chef de l’Etat malien Colonel Assimi Goïta s’était accommodé de la libération des trois soldates qui comptaient dans le groupe des 49, alors l’opinion nationale malienne et celle internationale s’étaient réjouies de cette mesure et s’étaient persuadées de l’imminence d’une résolution totale de la crise.

Eh bien, cette persuasion ne pourrait être qu’illusoire si on tient compte de la dernière exigence faite par le N°1 malien. En effet au cours d’une rencontre avec le ministre nigérian des Affaires Etrangères, Geoffrey Onyeama, le vendredi 9 septembre 2022, le président Goïta a déclaré : « Au moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice. Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection  de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali. D’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali ». A vrai dire, l’opinion nationale malienne a déchanté face à cette nouvelle exigence du président de la Transition. Dans la mesure où cette opinion est convaincue que ce serait la quadrature du cercle pour la Côte d’Ivoire de satisfaire à cette exigence de autorités maliennes.

Comme en dernier recours, pour circonscrire définitivement cette crise, le président Alassane Ouattara a mis à profit la réunion extraordinaire avec le Conseil National de Sécurité, mercredi 14 septembre 2022, pour statuer sur la situation des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali

Le Communiqué rendu public à l’issue de ce Conseil National de Sécurité dispose : «… Au regard des derniers développements qui sont de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité dans la sous-région, le président de la République a Instruit la ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères à l’effet de saisir la Commission de la CEDEAO en vue de la tenue, dans les meilleurs délais, d’une réunion extraordinaire de Chefs d’Etat et de Gouvernement pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali, afin d’aboutir à la libération de nos soldats, dans les plus brefs délais… ». S’il est vrai que depuis le début de cette crise ivoiro-malienne, la faitière des organisations Ouest-africaines, qu’est la CEDEAO, il faut dire qu’elle est d’ores et déjà obligée de satisfaire à la demande ivoirienne en intervenant pour une résolution de la crise. On devrait alors se demander quelle option utilisera-t-elle en dehors de la négociation ? Option déjà conduite par la médiation togolaise. Aussi, on devrait se demander, quels risques encourt le Mali face à la CEDEAO ? Doit-on redouter de nouvelles sanctions économiques et financières ? Dans ce cas, l’injustice serait tellement flagrante que la CEDEAO, elle-même, pourrait en pâtir. Mais attendons pour voir.

El Hadj Mamadou GABA

Le Soir de Bamako

http://lesoirdebamako

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