HOMMAGE DE MAÎTRE MOUNTAGA TALL A SON CONFRÈRE AMIDOU DIABATÉ : « UN HOMME INTÈGRE, COURAGEUX, PATRIOTE, COMPÉTENT ET DÉSINTÉRESSÉ »

 HOMMAGE DE MAÎTRE MOUNTAGA TALL A SON CONFRÈRE AMIDOU DIABATÉ : « UN HOMME INTÈGRE, COURAGEUX, PATRIOTE, COMPÉTENT ET DÉSINTÉRESSÉ »

Les témoignages recueillis depuis le décès de Maître Amidou Diabaté soulignent de façon unanime ces qualités essentielles. Que puis-je dire de plus ? Mais qui comprendrait que je ne dise rien même si, selon Sénèque, «les grandes douleurs sont muettes ». Je m’attacherai donc à évoquer la profonde confiance qui a marqué nos relations malgré les épreuves.

Revenons au début des années 1990 Un jour, ma secrétaire, une professionnelle rigoureuse, outrepasse les consignes pour m’annoncer la visite d’un magistrat qui insistait pour me voir. Lorsqu’elle prononce le nom d’Amidou Diabaté, je me précipite pour le retrouver dans une salle d’attente bondée. Notre entretien s’est prolongé plus d’une heure. Après des précautions oratoires et des hésitations, il m’a finalement questionné sur la nécessité de s’organiser contre le régime dictatorial en place. On se connaissait peu mais on se respectait beaucoup. Après les mêmes précautions de ma part, la confiance a fini par s’instaurer pour ne plus jamais s’estomper. C’est ainsi que je lui ai présenté un document, dont je conserve encore le manuscrit jauni, qui deviendra plus tard, après correction et validation, le « Manifeste » du CNID-Association, texte fondateur de l’Association avec « l’Appel au Peuple malien». Cette confiance instinctivement instaurée, a survécu aux épreuves et aux aléas de la vie.

En février 1991, contraint à la clandestinité, je me déplaçais chaque nuit pour discuter de la stratégie à mener avec deux camarades, dont Amidou, témoignant ainsi d’une confiance absolue en raison des risques considérables encourus.

« Lorsque la répression s’est intensifiée en mars 1991, Amidou Diabaté a dû également rentrer en clandestinité. Dans la nuit du 26 mars 1991, c’est de chez mon jeune frère Cheick Oumar TALL dit KARA, qui, avec d’autres le protégeaient, qu’il s’est rendu, accompagné de celui-ci, à la Bourse du Travail, après l’annonce de l’arrestation du Général Moussa Traoré. Après le 26 mars, je décide de ne pas siéger au CTSP (Comité de Transition pour le Salut du Peuple) lors de la mise en place de cet organe suprême de la Transition. Nous avons proposé à Amidou de siéger à ma place. Malgré ses efforts pour me convaincre de revenir sur ma décision, j’ai tenu bon. Or mon acceptation l’aurait empêché d’y siéger. Il a finalement accepté, non par ambition personnelle, mais par sens du devoir. Ce même schéma s’est répété lors de l’entrée du CNIDFYT au gouvernement en 1994 ».

« Pour les 3 portefeuilles obtenus par le parti (Energie – Construction Urbanisme Logement et Justice), j’ai proposé le 1erVice-président Yoro Diakité, le Secrétaire Général Abdoulaye Diop et le Secrétaire politique Amidou Diabaté ».

 » Amidou, avec beaucoup d’autres insista encore pour que je rentre moi-même au gouvernement d’autant que nous avions obtenu que le chef de file de nos ministres soit ministre d’Etat et numéro 2 du Gouvernement. Or, mon acceptation l’aurait privé du portefeuille de la Justice que le parti lui destinait. Même l’épisode du PARENA n’a pas altéré ces liens personnels basés sur la confiance et l’estime mutuelle. Lors de ma récente visite à Amidou à l’hôpital du Point G pendant sa maladie, nos larmes ont exprimé ce que les mots ne pouvaient pas dire. Nous nous sommes tenus longuement la main, sans savoir que c’étaient nos adieux. À sa famille éplorée, au PARENA et particulièrement à PPR, j’adresse mes condoléances les plus sincères et attristées. Repose en paix, vieux frère mais aussi confrère, ami, complice et compagnon. Tu as tant apporté ! Puisse ALLAH SWT t’accueillir parmi Ses Élus. Amine » ! ■

 MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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