AFROBAROMÈTRE 2025 : PRES DE 50% DES MALIENS « PAS DU TOUT SATISFAIT » DU FONCTIONNEMENT DE LA DÉMOCRATIE AU MALI

Le réseau de recherche panafricain Afrobaromètre, présent et actif au Mali depuis 2001, a publié hier les résultats de sa dernière enquête portant sur l’opinion des Maliens dans plusieurs domaines de la vie citoyenne, allant de leur perception de la démocratie à leurs difficultés sociales et économiques. L’enquête, menée auprès de 1 200 citoyens, s’est déroulée entre octobre et novembre 2024.
La donnée la plus marquante de cette enquête est sans doute la suivante : 47,6 % des Maliens se disent « pas du tout satisfaits » du fonctionnement de la démocratie dans leur pays, tandis que seuls 18,5 % se déclarent « assez satisfaits », et à peine 9,4 % « très satisfaits ». Cette insatisfaction massive est souvent palpable, comme en témoignent les nombreux messages de soutien aux autorités de la transition après leur décret d’abrogation des partis politiques et l’interdiction de leurs activités. Malgré ce constat sévère, près de 40 % des Maliens continuent de penser que la démocratie est préférable à toute autre forme de gouvernement, tandis que 42,2 % estiment qu’un régime non démocratique peut parfois être justifié. Ce malaise est d’autant plus frappant que 24,5 % des citoyens affirment que le Mali n’est pas une démocratie, et 41,7 % estiment que, même si le pays l’est, il s’agit d’une démocratie avec de sérieux problèmes.
Autrement dit, plus de deux Maliens sur trois jugent la démocratie mal en point, voire inexistante. Paradoxalement, 78,5 % des Maliens estiment que le pays va dans la bonne direction.
Cependant, les préoccupations restent nombreuses : l’insécurité alimentaire (17,7 %), la santé (13,4 %), le chômage (6,4 %), la pauvreté (7 %) et l’insécurité (24,8 %) sont cités parmi les problèmes les plus urgents à résoudre. Des chiffres peu étonnants, considérant le recul massif entraîné par la guerre au nord depuis maintenant 13 ans, laquelle siphonne les revenus de l’État normalement destinés au développement des différentes administrations, institutions et infrastructures censées pallier les maux des citoyens. La situation économique du Mali reste tendue : 26 % des Maliens la jugent « très mauvaise » et 32,6 % « mauvaise », soit près de 59 % d’avis négatifs. Les conditions de vie personnelles sont légèrement mieux perçues, mais 38 % des citoyens estiment qu’elles se sont dégradées par rapport à l’année précédente (2023). Toutefois, une majorité relative de 44 % pense que l’économie s’améliorera dans les douze prochains mois.
La confiance exprimée par les Maliens envers le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, reste pour le moins flagrante : 86 % des personnes interrogées disent avoir « beaucoup confiance » en lui.
De plus, 55,8 % des Maliens pensent que les militaires devraient rester au pouvoir aussi longtemps qu’ils estiment cela nécessaire pour le pays — une preuve que les dirigeants actuels ont réussi là où nombre de politiciens ont échoué : créer une confiance populaire. Bien que moins souvent citée que l’insécurité ou la pauvreté, la corruption reste une préoccupation importante. En additionnant les réponses, près de 6 % des Maliens mentionnent la corruption comme un problème majeur que le gouvernement doit résoudre.
Ces résultats de l’enquête Afrobaromètre, conduite dans les zones urbaines et rurales, sont une nouvelle fois la preuve de la diligence des Maliens et de leur confiance inébranlable envers les dirigeants actuels. Ils montrent aussi que les problèmes divers et variés auxquels les citoyens sont confrontés restent une réalité omniprésente qu’il devient urgent de résoudre, afin d’éviter une accumulation de difficultés qui, à la longue, pourraient s’avérer irrésolvables. ■
ABDOURAHMANE TRAORÉ