LANCEMENT TRÈS TARDIF DE L’OPÉRATION DE CURAGE DES CANIVEAUX : QUAND LE GOUVERNEMENT FAIT DANS LA « PROPRETÉ DU CRAPAUD » !

« Faisons tout ce qui est possible pour que la saison des pluies de 2025 ne soit plus une saison de larmes, mais une saison de renouveau, une saison de vie ». Ce message du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, à l’occasion de la cérémonie de lancement officiel des travaux de curage des collecteurs et caniveaux dans le district de Bamako, programme 2025, le jeudi 15 mai, ne saurait cependant rattraper le temps perdu avant le lancement desdits travaux qui, à n’en pas douter, pourraient difficilement faire face à la furie des eaux, curer des collecteurs et caniveaux en plein hivernage revenant à faire dans la « propreté du crapaud », pour ne pas dire à ne rien faire !
Financés à hauteur de 2,66 milliards de francs CFA à travers le Budget spécial d’investissement, les travaux en question concernent plus de 131 000 mètres linéaires de collecteurs et 235 000 mètres linéaires de caniveaux. C’est un chantier de grande envergure, à la hauteur des enjeux. Il s’agit, dans ce sens, et selon les services du Premier ministre, de rassembler les forces afin d’interdire et de sanctionner l’occupation illégale des servitudes hydrauliques, d’éduquer les citoyens à une gestion responsable des déchets, d’encourager la pré-collecte, le tri, la valorisation et le recyclage, et d’appliquer rigoureusement les règles d’aménagement urbain. Et le Premier ministre a, à cet effet, chargé le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, dirigé par Doumbia Mariam Tangara, d’assurer un suivi rigoureux et permanent de l’exécution des travaux, non pas sans saluer l’initiative du concours inter-quartiers de salubrité lancé à Bamako et à Kati.
En concluant ses propos, le Premier ministre a ainsi renouvelé ses vœux : « Que chacun, à son niveau, s’engage pleinement, car l’assainissement n’est pas un luxe. C’est un droit, c’est une exigence de dignité, et surtout c’est un impératif de justice sociale ».
Une note d’espoir pour beaucoup de nos compatriotes, sauf pour ceux qui sont au fait de la façon dont ces travaux sont pour la plupart du temps exécutés dans notre pays, ce d’autant qu’on a attendu que la pluie s’installe avant de procéder à leur lancement. En effet, une fois la pluie installée, il devient très difficile de curer les caniveaux, surtout dans le contexte de crise économique qui est le nôtre, le plus grand défi n’étant pas de curer seulement, mais de faire en sorte que les déchets sortis des collecteurs et caniveaux soient évacués à temps, afin qu’ils n’y retombent encore.
A se demander alors si on a vraiment tiré des leçons de la saison des pluies de 2024, qui a enregistré sur le territoire national : 729 cas d’inondations ; 47 306 cas d’effondrements ; 465 226 ménages sinistrés dont 123 302 hommes, 135 481 femmes et 206 443 enfants ; 195 845 hectares de cultures perdues et 95 pertes en vies humaines…
conséquences sans doute de l’urbanisation rapide et désordonnée, du manque d’entretien des infrastructures, et de l’incivisme en matière de gestion des déchets, mais aussi du fait qu’on a pris l’habitude dans ce pays de ne rien faire par anticipation et au moment opportun ! Prions donc pour que « A ka kè tori ka bèsèya yé » ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA