PROCESSUS DE RELECTURE DE LA CHARTE DES PARTIS POLITIQUES : ATTENTION! QUI VEUT ÉCARTER LES PARTIS ET POUR QUELLES FINS ?

 PROCESSUS DE RELECTURE DE LA CHARTE DES PARTIS POLITIQUES : ATTENTION! QUI VEUT ÉCARTER LES PARTIS ET POUR QUELLES FINS ?

Que mijote le gouvernement dans le cadre de la relecture de la charte des partis des politiques, avec la décision du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral de vouloir soumettre les propositions des partis politiques à l’appréciation des forces vives de la Nation dans toutes les Régions, dans le District de Bamako ainsi que dans les Ambassades et Consulats du Mali ?

La question se pose, car il s’agit apparemment, de par cette décision, de passer des manœuvres et autres subterfuges pour écarter les politiques, ce qui n’est pas sans conséquence dans notre pays. Le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral a en effet informé le Conseil des Ministres du vendredi 4 avril 2025, des résultats de la consultation des partis politiques et des organisations de la société civile pour la relecture de la Charte des partis politiques. Pour rappel, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral, dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation, avait adressé des lettres individuelles aux partis politiques et aux organisations de la société civile en vue de la relecture de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques. A l’issue de ces consultations, les propositions portent essentiellement sur :

-la réduction du nombre de partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement ;

-la prise en compte des statuts de l’opposition et de son Chef de file dans la Charte des partis politiques; l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat… Le ministre Mamani Nassiré a ainsi informé le Conseil des Ministres que « la prochaine étape du processus de relecture de la Charte des partis politiques consiste à soumettre les propositions des partis politiques à l’appréciation des forces vives de la Nation dans toutes les Régions, dans le District de Bamako ainsi que dans les Ambassades et Consulats du Mali ». Cette décision du ministre suscite des interrogations, la relecture de la charte des partis politiques étant en soi une demande des forces vives de la nation, puisque recommandée par les assises nationales de la refondation.

En effet, pourquoi organiser encore un forum avec les forces vives de la nation dont les partis politiques en sont un pan fort autour des propositions faites par ces derniers pour un processus dont ils sont les acteurs exclusifs ?

S’agirait-il d’une manœuvre dilatoire visant à écarter les partis politiques pour ouvrir un boulevard royal aux autorités de la Transition ? Beaucoup d’observateurs y croient fermement, depuis le blanc-seing accordé aux autorités militaires du Burkina et du Niger, qui se sont gracieusement offerts un mandat de cinq ans, avec en sus le titre de « Président de la République », sans aucunement avoir eu besoin de solliciter le suffrage de leurs peuples via des élections qui restent la norme standard en la matière. Sauf qu’un scénario s’avère difficile dans notre pays, la réputation de nation démocratique du Mali n’étant pas construite sur un simple mirage, mais sur une histoire vraie de plusieurs années de combat et de lutte populaire ayant abouti en mars 1991, prix du sang de milliers de martyrs !

Le Mali est un pionnier de la démocratie en Afrique, ce qui est loin d’être le cas pour le Burkina Faso et le Niger.

Alors, vouloir expérimenter ou extrapoler ce qui se passe dans ces pays, même si nous sommes dans une dynamique confédérale, l’AES s’entend, peut s’avérer problématique et même dangereux pour l’avenir de cette alliance. En effet, comme l’a si bien évoqué dernièrement Me Mohamed Ali Bathily sur un plateau télé, c’est comme si « on avait fait un aller-retour, les mêmes problèmes se posant avec la même acuité, la même urgence, et peut-être même plus… », comme si « le serpent était en train de se mordre la queue… ».

Attention donc au risque de toute compromission pour l’avenir de notre pays, notre destinée, et là encore nous concédons cela à Me Bathily, n’étant pas de subir éternellement ! ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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