ARCANES POLITIQUES : QU’EST-CE QUI FAIT TANT COURIR CHOGUEL KOKALLA MAÏGA ?

 ARCANES POLITIQUES : QU’EST-CE QUI FAIT TANT COURIR CHOGUEL KOKALLA MAÏGA ?

Débarqué de la Primature par le Général Assimi Goïta, le 20 novembre dernier, l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, tenterait-il aujourd’hui de se faire une nouvelle virginité politique et pour quelle fin ? Cherche-t-il à se positionner pour les futures échéances électorales ?

Des questions se posent, surtout pour ceux qui avaient cru qu’il allait se faire un peu oublier après son limogeage. Mais quel que soit son plan, il risque de faire griller les ailes, après s’être vertement pris à son employeur et ses compagnons, qu’il caresse aujourd’hui dans le sens du poil, et après s’être brouillé avec toute la classe politique malienne ! En effet, rebondir sur un terrain aussi miné, autant dire que l’ex-PM est face à une aventure sans issue ! Choguel Maïga, alors encore Premier ministre, s’est livré, le 16 novembre dernier lors d’un meeting, à un exercice suicidaire, à savoir dénoncer ce qu’il a appelé les violations du Pacte d’honneur liant les autorités militaires et civiles de la Transition.

En fait, il s’agissait pour lui d’exprimer publiquement son mécontentement quant à sa marginalisation dans les prises de décisions cruciales au sommet de l’Etat, en connaissance de cause bien évidemment, car il avait aussi clairement fait savoir qu’il préférait être démis de ses fonctions que de démissionner de lui-même.

Il avait notamment dénoncé des tares manquements dans la conduite de la Transition, comme le prolongement à son insu de la durée de la Transition, initialement fixée à 24 mois à compter du 26 mars 2022 à la suite d’un décret, notamment le Décret N°2022- 0335/PT-RM du 06 juin 2022, signé par le Président de la Transition et par lui-même, et cela sans débat au sein du Gouvernement, tout comme le report des élections, ou encore le fait qu’il soit réduit à « se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ». Choguel a dénoncé beaucoup d’autres choses en rapport avec l’AIGE (Autorité Indépendante de Gestion des Élections), dont toutes les procédures normatives dans le fonctionnement de cette structure qui devrait être une équipe dirigeante ont été contournées dans sa mise en œuvre ; la création de plus de 100 nouveaux partis politiques, et cela en violation de la recommandation des ANR relative à la réduction du nombre des partis politiques ; le dysfonctionnement des institutions profitant à tout sauf au peuple malien, et cela à un moment où tout espoir s’amenuisait, avec la recrudescence de l’insécurité et le manque de perspective.

L’ancien Premier ministre avait enfin lancé aux militaires de la Transition que l’attitude de patience stratégique et de sens de responsabilité devant l’Histoire n’était pas à être assimilée à la peur, à l’ignorance, l’absence de vigilance, à une mauvaise compréhension ou une analyse des propos, faits et gestes… Dès lors, Choguel lui-même savait que ses jours étaient comptés à la Primature, avec la campagne de lynchage organisée à son encontre. Ce qu’on ne comprend pas, c’est pourquoi l’homme tente aujourd’hui de se faire aimer de ses bourreaux, avec des discours à la limite encenseurs à leur égard ? Cherche-t-il à renaître de ses cendres avec l’appui de ces derniers ? Il faut dire que cette mission s’annonce quasi-impossible. Alors, sur qui va-til s’appuyer pour se relever, après avoir cassé le M5-RFP au lendemain de ce qu’il avait appelé « la Rectification de la Transition », qui a consacré son arrivée à la Primature ? En effet, depuis le départ de ses anciens compagnons qui ont par la suite créé le M5-RFP Mali-Kura, somme toute des figures emblématiques et fins stratèges, y compris l’imam Dicko et ses partisans, tous poussés à la porte par ses soins, Choguel Kokalla Maïga se découvre aujourd’hui tout seul ! Il se retrouve tout seul aujourd’hui, parce qu’il ne peut pas non plus compter sur les acteurs politiques de la vieille garde, ceux-là qu’il n’a pas cessé de démonter pendant les trois années et quelques mois passés à la Primature. Sur la mesure de suspension des activités des partis politiques, il avait justifié cela par le souci de protéger les Maliens devant nécessairement être logés à la même enseigne. « Gouverner c’est prévoir, gouverner c’est décider, gouverner c’est s’assumer.

C’est pour protéger les Maliens qui sont tous logés à la même enseigne, même si la décision n’est pas forcément acceptée par tous », avait-il déclaré. Il trouvait même normale et justifiée ladite mesure, en laissant entendre qu’il y a une certaine classe politique qui tentait de faire croire aux populations que la décision d’interdiction des activités des partis politiques constituait une dérive autoritaire, un recul de la démocratie.

Ajoutant qu’il s’agissait juste de « mauvaise foi » nourrie çà et là en fonction des agendas cachés. La décision s’imposait donc, selon lui, pour éviter que des soubresauts politiques à Bamako ne démotivent les soldats engagés au front pour la stabilisation du pays. « En 2012, y avait des hommes politiques qui demandaient aux militaires de décrocher… Quand la vie du citoyen et la survie du pays sont en cause, le gouvernement doit prendre ses responsabilités en prenant des décisions qui peuvent s’avérer impopulaires, mais pour la bonne cause. Nous avons décidé de prendre notre destin en main. De nous assumer pour que certains ne profitent pas de la démocratie pour détruire la démocratie (…). Personne ne viendra, au nom des élections, s’emparer du pouvoir pour aller vendre le Mali à l’extérieur », ajoutait-il. Difficile d’imaginer que de telles mesures pouvaient être prises au Mali sous le règne d’un Premier ministre politique, même si son parti semble se confondre avec sa seule personne ! Encore que ces élucubrations de Choguel dans sa toute puissance ont été précédées par une véritable campagne de démolition des acquis de la démocratie, arrachée au prix du sang dans notre pays !

Une question cependant : sa carrière politique est-elle finie ? Trop tôt pour le dire, même si ça paraît comme! ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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