INTERDICTION DE LA MANIFESTATION CONTRE LA SORTIE DES PAYS DE L’AES DE LA CEDEAO : QUAND LE BON SENS GUIDE LES AUTORITÉS IVOIRIENNES !

Des ressortissants des pays de l’AES, notamment des maliens, burkinabè et nigériens, en Côte d’Ivoire, envisageaient de manifester hier 26 janvier 2025 pour protester contre la sortie de leurs pays respectifs de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).
Mais à la grande surprise des organisateurs, l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé d’interdire cette manifestation. Une décision responsable des autorités ivoiriennes à saluer, car le contraire aurait encore une fois exacerbé la tension entre les deux pays frères ! C’est fait, la décision prise conjointement par les autorités maliennes, burkinabè et nigériennes de faire sortir leurs pays de la CEDEAO en janvier 2024, et qui doit être effective à partir du 29 de ce mois, soit dans juste quelques jours… n’est pas du goût de tout le monde dans les trois pays, la mesure ellemême ayant été prise sans une quelconque consultation préalable des populations concernées. Ce qui fait qu’il y a eu, depuis janvier 2024, plusieurs manifestations dans ces pays et ailleurs pour soit soutenir la décision, soit la désapprouver. Les dernières manifestations en date se sont déroulées à Paris, dans la capitale française. En effet, le 11 janvier 2025, des ressortissants des pays de l’Alliance des États du Sahel ont exprimé leur désaccord avec la décision de leurs gouvernements de se retirer de la CEDEAO. Quelques jours après, soit le 18 janvier, d’autres ressortissants des mêmes pays organisaient à leur tour une manifestation pour soutenir les pays de l’AES dans leur décision de retrait de l’organisation sous-régionale !
« Il faut qu’il y ait des leaders qui osent et nous, nous osons. Nous n’avons pas peur, parce que nous voulons rester dans un ensemble qui nous rapporte plus », déclarait l’opposant malien Ismaël Sakho qui, comme d’autres, ne sont pas d’accord avec le retrait de la CEDEAO.
Ils craignent que le retrait de la CEDEAO, une organisation régionale clé pour le commerce, la coopération et la gestion des crises, n’entraîne un isolement politique et économique de leurs pays respectifs. Selon eux, cette décision pourrait aggraver les tensions diplomatiques et limiter les opportunités de développement dans la région. Comme une réponse du berger à la bergère, des maliens, burkinabè et nigériens sortaient par milliers, le 18 janvier, pour soutenir la décision de leurs pays de se retirer de la CEDEAO. Au cours de cette manifestation, des slogans et discours hostiles à la CEDEAO et à la France ont été scandés en plein Paris, place de la République. Donc, autoriser une telle manifestation en Côte d’Ivoire pouvait non seulement donner lieu à une contre-manifestation, mais aussi servir d’alibi à certains ressortissants des pays de l’AES pour s’en prendre aux autorités ivoiriennes. Cela est d’autant plus vrai qu’il y a des précédents fâcheux qui existent dans ce registre. On se souvient en effet de cette vidéo dans laquelle, le Général à la retraite Minkoro Kané, membres du Conseil National de Transition du Mali, appelait ouvertement à l’élimination des présidents ivoirien Alassane Ouattara et béninois Patrice Talon.

« Nous nous ferons un plaisir de trouver les voies et moyens pour éliminer Alassane et Talon, s’ils ne changent pas », avait-il déclaré sans ménagement. Des propos d’une extrême gravité qui avaient suscité en son temps indignations et condamnations au Mali et en dehors du Mali. De nombreux maliens et des ressortissants ivoiriens avaient exprimé leur indignation face à ces déclarations qu’ils jugent dangereuses et irresponsables, pendant que plusieurs observateurs s’interrogeaient sur les répercussions possibles de cette sortie médiatique sur les relations entre le Mali et ses voisins, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin. De nombreuses voix s’étaient aussi élevées pour appeler le Président du CNT à se démarquer de ces propos du Général Minkoro Kané. Nous tirons donc le chapeau aux autorités ivoiriennes qui ont été guidées par le bon sens.
Et pour cause : bien qu’il ne manque pas d’écervelés va-en-guerre de part et d’autre, Maliens et Ivoiriens restent avant tout des frères et sœurs ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA