LE GROUPE FRANÇAIS ORANO QUI EXPLOITAIT L’URANIUM DU NIGER DÉCIDE, COMME BARRICK GOLD AU MALI, DE SAISIR LE CIRDI

ATTENTION, UN COMPLOT POURRAIT ÊTRE EN PRÉPARATION CONTRE L’AES !
Le groupe industriel français Orano a engagé un nouvel arbitrage contre les autorités du Niger auprès du Centre International pour le Règlement des Différends Relatifs aux investissements (CIRDI) dans le cadre de la prise de contrôle de sa filiale d’exploitation d’uranium par la Société des mines de l’Aïr (Somaïr).
C’est ce qu’a déclaré le service de presse de la société. Mais au fait, pourquoi le Niger obsède tant la France ? Certains continuent encore de s’étonner de l’agacement de la France contre le coup d’Etat, disons de son harcèlement contre les militaires qui ont déposé, le 26 juillet dernier, l’un de ses principaux « suppôts » en Afrique de l’Ouest, notamment le Président Mohamed Bazoum du Niger. L’exécutif français était en effet très vite monté au créneau après ce coup d’État, allant jusqu’à menacer ouvertement les militaires putschistes de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre ses ressortissants et ses intérêts au Niger. Ce que la France ne dit pas, c’est que le coup d’Etat au Niger signifiait la mort de la « Françafrique », avec à la clé la perte des 30% de l’uranium extorqué au Niger pour la survie des réacteurs nucléaires français ! « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable », avait averti l’Elysée, ajoutant que le président Emmanuel Macron « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts ». Il n’y avait pourtant rien d’étonnant dans cette sortie musclée de Paris dans une affaire à tout point de vue interne au Niger, un des principaux fournisseurs de l’uranium à la France.
En effet, si dans les faits le pays fournit plus de 25% de l’uranium européen, 30% de ce quota revenaient à la seule France.
Au Niger, le visage de la France était notamment incarné par Orano (ex-Areva), le groupe nucléaire français qui exploitait l’uranium nigérien depuis 50 ans dans le nord du pays. Concomitamment aux politiques, le groupe, spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire et qui employait quelque 900 salariés dans le pays, essentiellement des personnels locaux répartis entre Niamey et Arlit, avait indiqué suivre de très près la situation de ses mines d’uranium dans le contexte d’instabilité politique que traverse le pays. Dans le nord du Niger, Orano exploitait depuis un demi-siècle deux mines d’uranium : la Somaïr (Société des mines de l’Aïr) et la Compagnie des mines d’Akokan (Cominak). Et tenez-vous bien, la première était supposée poursuivre ses activités jusqu’en 2040 en vertu d’un accord entre le groupe et le gouvernement nigérien datant de mai 2023, donc signé sous la houlette de Mohamed Bazoum, tandis que la seconde, fermée en 2021, faisait l’objet d’un vaste projet de réaménagement. Ce n’est pas tout ! Par ailleurs, Orano menait des études en vue d’exploiter le site d’Imouraren, l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, également dans le nord du Niger, dont les réserves sont été estimées à environ 200.000 tonnes. La vérité est que la France, sans ses anciennes colonies sous le joug de sa domination à travers différents accords secrets, le plus souvent signés par des dirigeants se préoccupant plus de leurs fauteuils que du bien-être de leurs peuples, n’a désormais aucun poids sur l’échiquier européen, et les dirigeants européens le savent et s’évertuent à l’épauler dans cette voie pour la préservation des intérêts qui lient leurs pays à l’hexagone.
Seule l’Italie à tendance à résister face à ce diktat de la France, et même là, plus pour la préservation de ses propres intérêts que pour la manifestation d’un quelconque humanisme à l’égard des africains !
Au rythme où on va, les autorités nigériennes doivent s’employer de tout faire pour ne pas tomber dans le piège de la France, qui n’est en fait qu’en quête d’un « alibi » pour un scenario à l’ivoirienne au Niger. En termes clairs, tout ce qu’elle cherchait était de pousser les nigériens à la faute de s’en prendre aux militaires et aux officiels français qui étaient encore présents dans le pays pour actionner ses troupes sur places aux fins de déloger les libérateurs sous le leadership du Général Tiani. Elle hésitait et elle hésite encore, parce que les nouvelles autorités détiennent en garantie le président déchu !
Mais puisque la société Barrick Gold a montré la voie en saisissant le Centre International de Règlement des Différends Relatifs aux investissements, voilà que Orano decide de lui emboîter le pas, l’objectif commun pouvant être d’isoler les Etats membres de l’AES dans le circuit du commerce international… A nos dirigeants de se préparer en conséquence ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA