ANNONCE DE LA CRÉATION D’UNE INDUSTRIE D’ARMEMENTS DANS NOTRE PAYS : ASSIMI GOÏTA RÊVE VRAIMENT « GRAND » POUR LE MALI, MAIS FAUDRAIT-IL AU PRÉALABLE DE L’ÉLECTRICITÉ POUR CELA !

À l’occasion du 64e anniversaire de l’armée malienne, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goita, a annoncé la création d’une industrie de l’armement au Mali en 2025, avec notamment «des unités d’assemblage d’armes individuelles et collectives » et « des montages de véhicules tactiques légers », incluant aussi « des fabrications de munitions ».

Une action phare et louable en perspective, mais comment donner corps à ce projet alors que les Maliens, faute d’électricité, broient du noir depuis des années déjà ? Là réside tout le challenge pour le Président de la Transition ! La montée en puissance des FAMA ne fait l’objet d’aucun doute, et « le Mali n’est plus un terrain de prédilection pour les nostalgiques d’un passé révolu », comme l’a si bien dit le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta. Autant cela est vrai pour les FAMA, autant reste-t-il indéniable qu’une industrie de tel acabit nécessite forcément la disponibilité de l’énergie, devenue aujourd’hui une denrée rare dans notre pays, avec pour conséquences de porter un coup à tous les secteurs d’activité et à l’économie nationale, réduisant les Maliens à la pauvreté et précarité permanente.

Et ce n’est pas évident que le Président de la Transition ait une solution miracle à cette situation, lui qui a dit, lors de la cérémonie de présentation de ses vœux de nouvel An aux forces vives de la nation, qu’il va mettre à la disposition des maliens des panneaux solaires et des batteries lithiums subventionnés, afin de contenir un peu les effets de la crise énergétique, ce d’autant que les centrales solaires annoncées en grande pompe, et qui étaient supposées nous fournir de l’électricité six mois après le lancement des travaux, sont encore à un stade embryonnaire.

Le site devant abriter la Centrale solaire de Safo serait même vendu à des particuliers par les maires. Le projet Safo, faut-il le rappeler, consiste en la réalisation d’un champ solaire d’une puissance de 100 mégawatts-crête avec des modules photovoltaïques en silicium monocristallin sur une superficie de 228 hectares ; un système de stockage d’énergie solaire de 50 mégawattsheure, utilisant 20 transformateurs de 2,5 mégavolts ampères ; des cabines préfabriquées de 30 kilovolts et des transformateurs 100 MVA ; un convertisseur de boitier d’appoint de 3,15 MVA et 10 onduleurs de chaîne de 300 KW pour chaque unité de production. Enfin, convenons qu’il va nous falloir faire plus encore que le solaire pour pouvoir faire fonctionner une industrie d’armement dans notre pays ! ■

MAÏMOUNA DOUMBIA