SUSPENSION DE L’EXPORTATION DES AMANDES DE KARITÉ ET CERTAINS PRODUITS : «ENVIRON 10 MILLIONS DE MALIENS SONT DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT AFFECTÉS PAR CETTE MESURE »

 SUSPENSION DE L’EXPORTATION DES AMANDES DE KARITÉ ET CERTAINS PRODUITS : «ENVIRON 10 MILLIONS DE MALIENS SONT DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT AFFECTÉS PAR CETTE MESURE »

Le gouvernement a décidé, le 03 octobre 2024, de suspendre l’exportation des amandes de karité, des arachides, du soja et du sésame jusqu’à nouvel ordre. Le Collectif des Acteurs des filières Karité, Arachide, Soja et Sésame a organisé une conférence de presse le samedi 26 octobre 2024 au Mémorial Modibo Keita, pour informer les médias sur les contours de cette décision interministérielle et ses conséquences sur leurs activités.

L’objectif de cette conférence était de solliciter auprès des plus hautes autorités la révision de cette décision ou, à défaut, son accompagnement par des mesures adaptées. « À l’heure actuelle, environ dix millions de Maliens impliqués dans ces quatre filières agricoles sont directement ou indirectement affectés par cette mesure. Nous vous informons que le développement de ces filières a été favorisé par les efforts conjugués des différents acteurs depuis des décennies, sans l’intervention significative de l’État », a déclaré le président du Collectif, Fascal Cissé. Selon lui, depuis plus de 20 ans, grâce à l’organisation et aux efforts conjugués des différents acteurs de ces filières, les paysans maliens ont vu leurs revenus nets augmenter. Ils ont pu établir des contrats et accéder à des marchés avec des partenaires étrangers, certains de ces contrats étant encore en cours d’exécution. M. Cissé a également précisé : « Nous comprenons que vous souhaitiez protéger les producteurs et les acteurs locaux, mais cela doit se faire en concertation avec nous, les acteurs de terrain. Avec cette mesure, nous ne pourrons pas honorer nos engagements envers nos partenaires étrangers, dont les préfinancements ont déjà été versés aux producteurs pour la campagne 2024-2025. »

Le président du Collectif a également souligné que l’ensemble des industries locales ne peut absorber toute la production nationale de ces filières, ce qui risque de créer des problèmes de débouchés et de consommation locale.

Par conséquent, il a plaidé pour une approche progressive et organisée afin de ne pas compromettre les secteurs concernés. Les acteurs présents, composés de paysans, de collectrices d’amandes de karité, de commerçants, d’exportateurs et d’industries de vannage de sésame venant de toutes les régions et du district de Bamako, ont exposé tour à tour les impacts négatifs prévisibles. « Dans l’application de cet arrêté interministériel, nous sommes contraints de ne pas exporter. À défaut, nos stocks pourraient être confisqués et vendus aux industries locales », a déclaré Sidy El Moctar Guiro, représentant des filières karité, soja, sésame et arachide. Concernant les conséquences de cette décision, M. Guiro a expliqué que le développement de ces filières est le résultat de plusieurs années de travail, car il faut beaucoup de temps et d’efforts pour structurer une filière.

« Aujourd’hui, nous craignons que cette suspension des exportations ne cause de sérieux dommages. Depuis le 03 octobre, plusieurs exportateurs d’arachides ont déjà constaté la détérioration de leurs stocks », a-t-il souligné. Il a précisé qu’une des conséquences est la chute des prix proposés par les industriels locaux.

« L’année dernière, par exemple, le prix moyen du kilogramme de sésame pour les producteurs était autour de 1000 FCFA. Aujourd’hui, les industriels proposent d’acheter le même sésame autour de 250 FCFA. C’est une perte importante pour les producteurs, mais aussi pour les exportateurs. » M. Guiro a ajouté que les exportateurs, après avoir payé toutes les taxes, pouvaient vendre le sésame à plus de 1300 FCFA le kilogramme, ce qui constituait un bénéfice important. « Au-delà de cette perte directe, nous craignons que cette mesure ne compromette à long terme l’élan de production des filières. Si les prix chutent, les producteurs risquent de perdre l’intérêt qu’ils avaient pour ces cultures », a-t-il ajouté. Il a insisté sur la nécessité d’une réflexion approfondie avec les autorités pour trouver des solutions permettant d’équilibrer les intérêts des industriels locaux, des commerçants et des producteurs.

« Si nous n’arrivons pas à instaurer une cohérence dans l’accompagnement des différents acteurs, l’avenir de ces filières pourrait être compromis. C’est pourquoi nous sollicitons la protection de nos hautes autorités, car nous avons besoin d’être protégés autant que les industriels locaux », a conclu M. Guiro. ■

YOUSSOUF KONATÉ

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