YACOUBA KATILE LORS DE LA CELEBRATION DE LA 138EME EDITION DE LA FETE DU TRAVAIL : « L’UNTM, LES SYNDICATS NATIONAUX ET LEURS BASES NE SONT CONTRE PERSONNE, MAIS LES BRIMER SOUS L’AUTO-ILLUSION QUE LES GREVES SONT INTERDITES, EST UN LEURRE »
Les travailleurs du Mali à l’instar de ceux du reste du monde ont célébré hier mercredi 1er mai, la ‘‘fête du travail’’ à travers un défilé organisé sur le Boulevard de l’Indépendance par l’Union Nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Une occasion de jeter un regard rétrospectif sur les conditions de vie des travailleurs et dégager des pistes de solution.
Le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, a rappelé que le 1er mai, fête du travail au plan international dite des trois (8) incarne depuis les années 1989 – 1990, les vertus de libération de l’homme. Hier, ouvrier, salarié soumis aux vicissitudes de l’existence, il comprend aujourd’hui un certain nombre de choses. Il s’adresse à la femme et à l’homme face certainement à la situation économique, ce qui est multiséculaire, mais de plus en plus il est la quête du citoyen qui aspire à plus de justice, à plus de liberté, à plus d’égalité avec d’autres citoyens pour plus de démocratie, plus de gouvernance saine dans tous les secteurs ayant un impact sur sa vie, et celle de sa famille. Il est de plus en plus exigent au pluriel, face à l’Etat, à ses démembrements politico-administratifs qui doivent posséder l’art d’intégrer les droits de la personne humaine dans la résolution des problèmes, dans la réponse aux questions de la vie individuelle et collective des populations.
‘‘C’est sous cette acceptation que la durée de travail, que les autres charges du travail ne se conçoivent plus sous un angle de commandement aveugle et brutal, mais sous l’humanisation, le respect et la considération réciproques entre Etat et Travailleurs d’une part, entre l’Etat et Employeurs et Travailleurs d’autre part », a-t-il dit, expliquant que c’est tout le sens qu’il faut retrouver dans le dialogue social, forme civilisée et humanisée des relations de travail, qui débouche sur des consensus appelés pactes ; moule des progrès socio-économiques
« Notre régime de transition a souverainement opté pour construire d’abord le soubassement du développement qui est la paix, la stabilité sociale. Cette approche est aussi à mettre dans les visées du 1er mai. Nous y avons souscrit pour être au rythme du monde », a déclaré M. Katilé soulignant que le Pacte de Stabilité sociale et de Croissance est dès lors une rampe qui mènera le Mali à plus de prospérité pour tous, si toutes les parties respectent les engagements.
Selon lui, l’Administration directive, la gouvernance forcée, faites de brimades, d’abus, ont cédé la place à une Administration souple, flexible, plus démocratique, plus allergique au laisser-aller, à la corruption, à la prédation des ressources publiques.
‘‘C’est contre ces maux que l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), les syndicats nationaux et leurs bases se mobilisent pour y mettre fin de façon totale et permanente. Ils ne sont contre personne, mais les brimer sous l’auto-illusion que les grèves sont interdites, est un leurre, une duperie contre lesquels l’Etat doit prendre des mesures coercitives, car les adeptes de l’usage de la force, des arguments fallacieux, sont les premiers ennemis de notre pacte. Nous devons le protéger. Il en est de même de la gestion des entreprises’’, a-t-il insisté.
La fête du 1er mai célébré dans l’euphorie, après la victoire des Forces Armées Maliennes et de Sécurité (FAMa), auxquelles les travailleurs maliens ont rendu hommage, le secrétaire général de l’UNTM a la conviction que les FAMa arriveront à une pacification totale, marchepieds pour le peuple malien d’évoluer vers un système politique général plus adapté, plus authentique pour le Mali. ‘‘Les débuts sont prometteurs’’, rassurait-il.
Parlant de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), il estime que le 1er mai est l’occasion pour leur Centrale syndicale de mener avec celles du Burkina Faso et du Niger, des relations, des mobilisations, de soutien aux régimes des trois (03) pays de l’AES. ‘‘Notre Centrale, entre temps ne manquera pas de chercher l’unité, la cohésion intérieure. Toutes autres Centrales respectueuses des choix stratégiques de nos gouvernements y seront admises’’, a poursuit. M. Katilé.
Par rapport à la guerre par procuration au Mali, il a signalé que des pays arabes du Nord, du Golfe, la France et quelques européens en sont les commanditaires. ‘‘Ce sont des mercenaires qu’ils entretiennent, dopent et lancent non pas contre les Forces Armées Maliennes (FAMa), mais les paisibles populations des agglomérations environnantes. Dès lors, face au silence de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Union Africaine (UA), de l’Union Européenne (UE), l’usage de groupes équivalents peut et doit se faire, car il y a des victimes innocentes. Il y va de l’intégrité et de la souveraineté du pays. C’est une question de réalisme’’.
Aux dires du secrétaire général de l’UNTM,déséquilibré par les menées de groupes armés mercenaires sous le taliban islamique, le pays l’est aussi du fait non plus des populations, mais par une instabilité politique qui telles des termites dans une planche de bois, minent de l’intérieur la solidité de la planche. « Que de grands intellectuels convertis en classes politiques ne comprennent pas la nocivité des troubles intérieurs surtout en période de guerre, est difficile à comprendre, à concevoir. L’interdiction d’activités par le pouvoir n’est pas une excuse. Il appartient aussi aux gouvernants de comprendre que la sourde oreille aux appels pour une solution à un conflit interne conduit à une catastrophe. Il faut toujours dialoguer, toujours avoir des solutions alternatives capables, au demeurant, de faire le consensus autour de l’essentiel », a-t-il ajouté.
YOUSSOUF KONATE