MOUSSA MARA EMPÊCHÉ DE QUITTER LE PAYS HIER POUR UNE CONFÉRENCE AU SÉNÉGAL : SES AVOCATS DÉNONCENT UNE VIOLATION DE SES DROITS ET LA LEVÉE DE TOUTE MESURE À SON ENCONTRE

Les ennuis de l’ancien Premier ministre Moussa Mara sont loin d’être terminés. Hier, lundi 21 juillet 2025, en compagnie de ses enfants, il a été empêché de prendre son avion pour se rendre à l’extérieur. Selon les sources, l’ancien chef de gouvernement s’est vu refuser l’accès à la salle d’embarquement par les autorités aéroportuaires. Un nouvel épisode qui met en lumière les difficultés auxquelles est confronté celui qui a passé toute la semaine dernière à faire des va-et-vient entre son domicile, son bureau, la Brigade d’investigations judiciaires (BIJ) et le Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako.
Pour rappel, Moussa Mara avait, sur instruction du procureur, été convoqué par la BIJ pour une audition concernant le tweet qu’il a posté sur son compte X après la visite qu’il a rendue aux détenus d’opinion. Après une première journée à la BIJ, il lui avait été demandé de revenir le lendemain, ce qu’il a fait pour une deuxième audition. Par la suite, son dossier a été transmis au Tribunal de grande instance de la Commune IV, où il s’est rendu en compagnie de son avocat, Me Mountaga Tall. Avec ce dernier, l’ancien Premier ministre a passé des heures dans le bureau du procureur, qui l’a soumis à un interrogatoire. C’est après cette étape qu’il a été autorisé à rentrer chez lui, tout en étant informé que la procédure suit son cours. Son avocat, Me Tall, a immédiatement réagi pour éclairer l’opinion sur cette procédure impliquant l’ancien Premier ministre Moussa Mara. On comprend alors les motivations qui pourraient justifier le blocage de cet ancien Premier ministre à l’Aéroport international Président Modibo Keïta de Bamako-Sénou hier. Les sources indiquent qu’après ce refus d’accès à la salle d’embarquement, l’ancien Premier ministre s’est tout simplement retiré pour retourner chez lui.
Son cas rappelle celui d’autres personnalités maliennes empêchées de quitter le pays pour des raisons que seules les autorités peuvent expliquer.
Dans un passé récent, un proche de l’ancienne autorité morale du M5-RFP avait été empêché de prendre son vol pour l’étranger. Il s’agit d’Amadou Ndounga, ancien chargé de mission dans le cabinet de l’ex-Premier ministre Choguel. On peut également citer le cas du magistrat radié Dramane Diarra, que la police des frontières avait empêché de franchir la frontière pour se rendre en Guinée-Conakry, où il voulait assister à des obsèques. Le cas Mara montre, s’il fallait encore le souligner, qu’après son tweet sur sa visite au détenu, il est désormais confronté à de sérieux ennuis. Son problème vient sans doute du fait que la procédure le concernant suit toujours son cours. Est-ce une raison suffisante pour l’empêcher de quitter le pays ? L’empêchement de Moussa Mara de quitter le territoire intervient alors qu’il s’apprêtait à se rendre à une conférence internationale de haut niveau sur la paix et la sécurité au Sahel, prévue à Saly, au Sénégal. Il devait y prononcer le discours inaugural du 6ᵉ Dialogue sur la paix et la sécurité régionales dans le Sahel et le Sahara, organisé par la Friedrich-Ebert-Stiftung. Cette rencontre regroupe des décideurs politiques, des experts et des membres de la société civile pour échanger autour des défis sécuritaires dans la région, notamment dans le contexte de l’émergence de l’Alliance des États du Sahel (AES). L’ancien Premier ministre, membre fondateur du Centre d’Études et de Réflexion au Mali (CERM), devait embarquer à bord du vol Ethiopian Airlines ET 908 à destination de Dakar, lorsqu’il a été notifié par deux agents de police qu’il lui était interdit de quitter le territoire. Aucune décision judiciaire ni acte administratif formel ne lui a été présenté, selon ses avocats.
Dans un communiqué publié le même jour, le collectif d’avocats de Moussa Mara, dirigé par Me Mountaga C. Tall, dénonce une « violation flagrante » des droits fondamentaux garantis par la Constitution malienne, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Les avocats dénoncent une mesure « prise sans base légale apparente, ni notification officielle », qu’ils qualifient de « restriction arbitraire », « d’atteinte à la liberté d’expression » et de « violation du principe de légalité des mesures administratives ». Ils exigent la levée immédiate de toute mesure d’interdiction de sortie du territoire à l’encontre de leur client, la communication officielle des motifs de cette décision, et la garantie que de telles pratiques ne se reproduiront plus à l’avenir. Le collectif d’avocats se réserve enfin le droit d’engager toutes les voies de recours juridiques appropriées pour faire valoir les droits de Moussa Mara et obtenir réparation.■
LAYA DIARRA