LES CONDUCTEURS DE PINASSES ET LES PASSAGERS TIRENT LA SONNETTE D’ALARME : FACE À L’INSÉCURITÉ GRANDISSANTE AUX ABORDS DU FLEUVE ENTRE MACINA ET MOPTI

Le trafic fluvial est ralenti à Macina en raison de l’insécurité grandissante. Les pinasses se font rares entre Mopti et Macina, malgré la montée des eaux et l’impraticabilité des routes.
Selon des conducteurs de pinasses, cette situation serait liée à l’insécurité qui règne le long du fleuve Niger sur ce trajet. Depuis plusieurs mois, le trafic fluvial reliant Macina à Mopti est perturbé par la présence de groupes armés terroristes. Face à cette menace, conducteurs, passagers et commerçants tirent la sonnette d’alarme. Les pinasses assurant cette liaison sont régulièrement menacées d’attaque par des hommes armés opérant dans la région de Mopti. Le même problème se pose également sur la voie fluviale reliant le Centre aux régions du Nord. Il y a deux mois, des hommes armés ont proféré des menaces contre les conducteurs et les usagers.
Parfois, les pinasses sont interceptées, vidées de leur contenu par les groupes armés terroristes. Il arrive aussi que certains bateaux soient la cible de tirs.
Le tronçon Youwarou-Aka jusqu’à Niafunké est particulièrement exposé, où les hommes armés exercent une forte pression sur les conducteurs. Ils tirent sur les pinasses et procèdent parfois à des enlèvements. Les commerçants et autres voyageurs dans la région de Mopti disent subir les conséquences de cette situation. Ils appellent les autorités à prendre des mesures rigoureuses contre ces groupes armés qui empêchent les usagers de circuler paisiblement par voie fluviale. Les rares pinasses qui empruntent encore cette route atteignent Macina ou Mopti avec beaucoup de difficultés. Selon plusieurs sources, des hommes armés tirent sur les passagers et pillent leurs biens. Il arrive qu’ils les contraignent à faire demi-tour. Pourtant, avec la montée des eaux et l’état dégradé des routes, les pinasses représentent l’alternative principale pour rallier les villes du centre du pays.
À une certaine période, les groupes terroristes avaient même installé des postes de contrôle aux abords du fleuve pour racketter commerçants et voyageurs.
Pour pouvoir passer, les conducteurs de pinasses devaient verser de l’argent à chaque poste tenu par ces groupes armés. Chaque pinasse pouvait débourser jusqu’à 300 000 F CFA pour atteindre sa destination. Toute personne refusant de payer s’exposait à des violences. Mais, avec la multiplication des opérations militaires, les groupes armés ont modifié leurs méthodes. Les postes de racket ont disparu, mais les actes de harcèlement persistent le long du fleuve.■
YOUSSOUF KONATE