AES – UEMOA : UN RETRAIT NE SERAIT-IL PAS SUICIDAIRE ?

 AES – UEMOA : UN RETRAIT NE SERAIT-IL PAS SUICIDAIRE ?

Les représentants de l’AES ont claqué la porte, le 11 juillet 2025 à Lomé (Togo), des travaux de la 2è session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine). Une session dont la poursuite des travaux a été reportée sine die par les autorités communautaires au moyen d’un communiqué rendu public dans la soirée.

Déjà, des spéculations vont bon train dans les trois pays de l’AES autour d’un éventuel retrait de l’UEMOA. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si un retrait précipité ne va plonger les trois pays dans une impasse ? Selon des sources officielles, ce report est intervenu suite à un défaut d’accord entre ministres de l’UEMOA autour de « la désignation du Burkina Faso pour présider le Conseil des ministres de l’institution », regroupant depuis janvier 1994 huit Etats ayant en commun l’usage du CFA. Conformément à l’article 11 du Traité de l’UEMOA, la « présidence du Conseil des ministres est tournante et assurée par l’un des ministres chargés des Finances des Etats membres, et ce pour un mandat de deux ans ».

La présidence de ce Conseil ministériel est assurée actuellement par la Côte d’Ivoire qui devait donc passer la main le 11 juillet au Burkina.

Le différend entre les argentiers de l’UEMOA est né selon les représentants de l’AES à cette grandmesse communautaire de l’absence de consensus sur la désignation du Burkina Faso pour assurer la présidence tournante du Conseil, conformément au Traité précité. Devant cette donne, les ministres en charge de l’Economie du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont retirés de la session. A l’agenda de ces travaux figuraient, au titre de la Commission de l’UEMOA, « le rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale de juin 2025, le projet de Décision instituant l’EHCVM (Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages) au sein des Etats de l’UEMOA, ainsi que deux stratégies relatives à la promotion et au développement du secteur privé de l’Union ». Au titre de l’AMF-UMOA (Autorité des Marchés Financiers), le Conseil ministériel devait examiner « les comptes annuels pour l’exercice 2024 ». Et au titre de la BCEAO, « le remplacement du représentant du Sénégal au sein du CSF-UMOA (Comité de Stabilité Financière dans l’UMOA) ». Le ministre Adama Coulibaly a tenu à cet égard un langage diplomatique et mesuré : « À l’issue des échanges et en vue d’approfondir la réflexion sur certains points de l’ordre du jour de ce 11 juillet, le Conseil des ministres a décidé de la poursuite de ces travaux à une date ultérieure ». Un retrait précipité serait-il une panacée pour l’AES ?

La question se pose, car depuis février 2024, les gouvernements du Mali, du Niger et du Burkina Faso annoncent vouloir quitter l’UEMOA et abandonner le Franc CFA afin de développer une monnaie commune à ces trois pays.

Mais, il se trouve que quitter l’UEMOA est une décision beaucoup plus complexe que ne l’imaginent les citoyens lambda. Les pays membres de l’union partagent une monnaie unique, le franc CFA, qui repose sur une garantie de convertibilité du Trésor français. Si un pays quitte l’UEMOA, il devra récupérer ses réserves de change, actuellement réparties entre la Banque centrale de l’UEMOA à Abidjan (50%) et le Trésor français (50%). D’aucuns pensent que cela représente un avantage que nos Etats doivent saisir pour se jeter dans l’eau trouble de création d’une monnaie.

Or, créer une monnaie nécessite bien plus que cela pour ne pas le regretter après ! A bon entendeur… ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Sarah TRAORE

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