L’EFFET BOOMERANG DE LA POLITIQUE DE L’ISOLEMENT DU MALI CONTRAINT-IL BAMAKO À REVOIR SA COPIE ?: LE PREMIER MINISTRE MISE SUR LA DIPLOMATIE POUR MOBILISER DES RESSOURCES

Les autorités de la Transition ont-elles finalement compris que la politique d’isolation de notre pays sur la scène internationale n’est pas une bonne option ? Seule certitude, c’est qu’il urge aujourd’hui que notre pays se réinvente et s’ouvre au reste du monde pour faire face aux défis nous assaillent depuis des années, dont la lutte contre l’insécurité et la mobilisation des ressources financières.
Et le fait pour le Premier ministre de s’appuyer sur la diplomatie pour la mobilisation des ressources financières raisonne comme le signe d’une certaine lassitude face à la nécessité vitale de s’ouvrir aux autres ! « La diplomatie malienne s’emploiera activement à renforcer et diversifier nos relations de partenariat dans le strict respect de l’article 34 de la Constitution du 22 Juillet 2023, aux termes duquel « L’action publique est guidée par les principes fondés sur le respect de la souveraineté de l’Etat, les choix souverains du Peuple et la défense de ses intérêts ». Notre diplomatie s’attellera à maintenir et à impulser cette dynamique dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route de la Confédération, conformément aux aspirations profondes des peuples de notre espace commun. L’outil diplomatique redoublera d’efforts dans le cadre de la mobilisation des ressources financières à travers les conventions et accords de partenariat, pour le financement des projets prioritaires. De même, il assurera le suivi de la promotion et du placement des cadres maliens dans les organisations internationales », a déclaré le Premier ministre, le Général de Division lors de la présentation du Plan d’Action de son gouvernement devant le Conseil National de Transition (CNT).
Une très bonne option en soi, aucun pays au monde ne pouvant prétendre vivre dans un vase clos.
Mais, l’outil diplomatique pourra-t-il à lui-seul réinventer la roue, dans un monde où les relations de partenariat, en plus des principes fondés sur le respect de la souveraineté de chaque Etat, des choix souverains et la défense des intérêts de chaque peuple, doivent aussi être basées des valeurs universelles comme la démocratie, les libertés collectives et individuelles et le respect des droits de l’homme ? La question se pose, car certaines décisions prises ces dernières semaines, comme l’abrogation de la charte des partis politiques, suivie de la dissolution des partis politiques et associations à caractère politique, sont en totale contradiction avec ces valeurs et principes universels, évoqués, sans oublier l’absence de toute perspective de retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation des élections.
Et si on doit appliquer les recommandations des dernières consultations des forces de la nation, on s’apprête plutôt à offrir un mandat de cinq ans renouvelable à l’actuel Président de la Transition, devant en outre être investi « Président de la République ».
On peut tout aussi évoquer au passage le cas des détenus politiques et d’opinion et celui des acteurs politiques et autres personnalités contraints à l’exil… Le 16 mai dernier, Haut-Commissaire de l’ONU en charge des Droits de l’Homme, Volker Türk, appelait à juste titre les autorités maliennes à abroger le décret de dissolution des partis et à « rétablir pleinement les droits politiques » au Mali. Et d’ajouter : « Toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière des droits humains… Les libertés fondamentales doivent être garanties ».
Or, sans le respect de ces engagements et obligations internationales, notre pays pourrait non seulement avoir du mal à faire entendre sa voix dans les instances internationales de prise de décisions, mais aussi à se trouver des partenaires prêts à s’engager avec nous, en dépit de tous ces manquements ici évoqués ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
