GOUVERNEMENT : LE MINISTRE DÉLÉGUÉ MAMANI NASSIRÉ, UN « EXÉCUTANT » DÉTERMINÉ À ACCOMPLIR SA MISSION

Dire que la quiétude au Mali est bouleversée à cause de la décision d’un homme, notamment Mamani Nassiré, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Réformes politiques et du Processus électoral, d’organiser des consultations sur une question qu’il aurait pu gérer avec les acteurs politiques, cela prouve combien il est déterminé de faire le boulot qui lui a été confié !
En effet, on n’en serait pas là aujourd’hui s’il avait consenti d’instaurer un dialogue direct avec les acteurs politiques, et sur la relecture de la charte des partis, et sur les réformes politiques envisagées par le gouvernement ! Déjà, on s’en souvient, en janvier 2025, lors de l’atelier d’information et de sensibilisation sur les réformes politiques, institutionnelles, administratives et électorales à l’attention des responsables des organes de presse à la Maison de la Presse sur sur les réformes politiques et institutionnelles, les réformes administratives et territoriales, les réformes électorales portant la Loi électorale, la prorogation de la durée de la révision annuelle des listes électorales, il avait créé la confusion en déclarant qu’il n’y avait ni loi électorale, ni fichier électoral. « Nous n’avons pas la Loi électorale, nous n’avons pas encore le fichier électoral conforme à la réorganisation territoriale. Donc, tant que nous n’avons pas tous ces outils, il est difficile d’aller aux élections, même si nous avons la volonté d’y aller », avait-il déclaré. « Les propos du ministre délégué ne nous rassurent pas du tout. Dans la mesure où les élections référendaires ont pu être organisées dans un contexte de grande insécurité, ce n’est pas maintenant qu’on va nous tenir ces propos qui ne sont que du dilatoire pour ne pas aller aux élections. Les réformes dont on parle, aucun gouvernement au monde ne peut réaliser tous ses projets, toutes ses ambitions. Avec ces propos, nous émettons d’ores et déjà des doutes concernant la tenue des élections en 2025. Si on doit d’abord réaliser toutes les réformes, vous comprenez vous-même la suite. Vraiment, sortons de ça. Il faut trouver le maximum de consensus avec toutes les parties prenantes pour pouvoir sortir de cette situation le plus rapidement possible. Nous ne doutons pas de la bonne foi du Président de la Transition, mais il faut aller à l’essentiel, et le prochain Président continuera avec les réformes en cours », avaient rétorqué des politiques chez un confrère de la place.
Ensuite vient la question de la relecture de la charte des partis, à propos de laquelle, le ministre délégué Mamani Nassiré refuse de recevoir les acteurs politiques, et décide de soumettre la question à une concertation des forces vives de la nation et de la diaspora malienne.
L’ouverture de la phase nationale des travaux de cette concertation qu’il a pu organiser sans les partis politiques, fut une tribune pour lui de vilipender ces derniers en des termes pas des plus courtois ! « Pour la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation, qui s’inscrivent dans le cadre de la relecture de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques, j’ai saisi le 19 décembre 2024, par des lettres individuelles, les 297 partis politiques et les 94 organisations de la société civile figurant dans la base de données du Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, sollicitant leurs réponses au plus tard le 14 mars 2025… A l’issue du dépouillement des réponses des partis politiques et des organisations de la société civile, nous avons constaté qu’au lieu de propositions concrètes permettant la mise en œuvre des recommandations des ANR, les partis politiques se sont contentés de généralités, sans aucune modalité opérationnelle, généralités du genre : « il faut durcir les conditions de création des partis politiques, instaurer plus de rigueur dans le fonctionnement des partis politiques, maintenir l’aide publique aux partis politiques et la soumettre à des conditions plus rigoureuses, regrouper les partis politiques, etc. ». Des propositions qui n’apportent aucun élément nouveau dans la formulation des recommandations elles-mêmes, ni n’offrent aucune solution juridique de mise en œuvre des recommandations des ANR. S’agissant par exemple de « la réduction du nombre des partis politiques » ou du « regroupement des partis politiques », les partis politiques avaient la possibilité de faire des offres de modalités de la diminution du nombre des partis politiques en faisant usage de leurs propres prérogatives sur la base du Chapitre XII de la Charte des partis politiques intitulé : « DE LA FUSION, DE LA DISSOLUTION ET DE LA DÉVOLUTION ».
Voilà le discours tenu par le ministre délégué Mamani Nassiré. A la question des partis politiques de savoir si on peut être chargé des Réformes politiques et du Processus électoral et refuser de parler avec les partis politiques ?
Ainsi, par application des articles 53, 54, 55, 56 et 57 de la Charte des partis politiques, l’offre des partis politiques aurait pu permettre de proposer un nombre raisonnable de partis politiques à maintenir dans le pays, avec leurs modalités de création et d’implantation, en proposant des critères objectifs à cet effet. En plus de ce manque de réponse opérationnelle de la part des partis politiques, ceux-ci, pour la plupart, n’ont même pas répondu à nos correspondances. En effet, sur les 297 partis politiques existants et saisis formellement par lettre, 137 ont répondu, soit une majorité de 160 partis politiques qui n’ont pas répondu. Prenant acte du fait qu’aucune solution de réduction du nombre des partis politiques ou de leur regroupement n’est offerte au Gouvernement par les partis politiques, j’ai présenté, le 04 avril 2025, une communication verbale au Conseil des Ministres pour rendre compte des résultats de la consultation des partis politiques et des organisations de la société civile et annoncé des concertations sur la question à l’intérieur et à l’Extérieur du pays. C’est ainsi que lors du Conseil des Ministres du mercredi 09 avril 2025, il a été décidé d’user d’un principe juridique légitime, qui est le parallélisme des formes et des compétences, en soumettant les propositions des partis politiques et des organisations de la société civile à l’appréciation des Forces vives de la Nation à l’intérieur du pays et des Maliens établis à l’Extérieur, car ce sont ces mêmes acteurs qui ont adopté les recommandations des ANR en décembre 2021 ». Voilà le discours tenu par le ministre délégué Mamani Nassiré. A la question des partis politiques de savoir si on peut être chargé des Réformes politiques et du Processus électoral et refuser de parler avec les partis politiques ? Il a répondu par un silence assourdissant ! Il ne pouvait en être autrement, car le ministre délégué auprès du Premier ministre sait pertinemment qu’il n’avait pas à soumettre les propositions des partis politiques à des concertations nationales sans au préalable échanger avec les acteurs politiques. Mais, puisqu’il avait une mission à remplir, il fallait trouver des arguments pour ce faire ! La suite est connue : au-delà des recommandations qui n’ont rien à voir avec les termes de référence des concertations du ministre Mamani Nassiré, la loi portant charte des partis politiques et le statut de l’opposition est abrogée et les activités des partis politiques suspendues jusqu’à nouvel ordre ! Il faut dire que le projet de loi portant abrogation de la charte des partis politiques et du statut de l’opposition a été voté hier au Conseil National de Transition.
A la question de savoir à quand l’élaboration et l’adoption de la charte des partis politiques, le ministre délégué répondra que le gouvernement ira à son rythme. Ça veut dire ce que ça veut dire ! Notre pays a-t-il besoin de tout cela ? ■
MAÏMOUNA DOUMBIA