AVION PRÉSIDENTIEL ET ÉQUIPEMENTS MILITAIRES : L’ANCIEN MINISTRE DÉLÉGUÉ EN CHARGE DU BUDGET, MADANI TOURÉ, ENTENDU PAR LA CHAMBRE CIVILE DE LA COUR SUPRÊME

De sources bien informées auprès des services judiciaires, l’ancien ministre délégué en charge du budget, Madani Touré, a été entendu par la chambre civile de la Cour suprême le vendredi dernier. Son audition fait suite à une convocation adressée par cette haute juridiction malienne pour l’entendre en qualité de témoin dans le cadre du procès dit de l’achat des équipements militaires et de l’avion présidentiel, qui remonte à 2014-2015.
L’audition de l’ancien ministre délégué en charge du budget intervient après celles des deux anciens Premiers ministres, Moussa Mara et Oumar Tatam Ly. En septembre 2024, à la demande du ministère public et du contentieux de l’État, les jurés de la cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers ont renvoyé le dossier devant la chambre d’accusation de la Cour suprême pour complément d’information. Cette décision visait à entendre Moussa Mara, Oumar Tatam Ly et Madani Touré afin d’approfondir les investigations. Lors du renvoi, il a été demandé de rechercher les factures de paiement de Guo Star au niveau du Trésor public.
Pour rappel des faits, en 2014, le gouvernement malien a acquis un Boeing 737-700 BBJ pour environ 20 milliards de francs CFA, sans appel d’offres préalable.
Cette acquisition a été rapidement critiquée par les institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, en raison de l’opacité entourant la transaction et des soupçons de surfacturation. Parallèlement, des contrats d’équipements militaires, totalisant 69 milliards de francs CFA, ont également été mis en cause pour des irrégularités similaires. Après plusieurs années d’enquêtes, le procès lié à cette affaire s’est ouvert en septembre 2024 devant la cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers. Cependant, le 9 octobre 2024, la cour a décidé de renvoyer le dossier à l’instruction pour complément d’information, estimant que les preuves présentées étaient insuffisantes pour prononcer un jugement définitif. Cette décision faisait suite à la demande du Parquet, qui a souligné la nécessité d’auditionner des personnalités clés pour éclaircir les zones d’ombre subsistant dans le dossier.
Plusieurs hautes personnalités ont été impliquées dans cette affaire : Feu Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), placé en détention en 2021 et décédé en mars 2022 ; Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, mise en cause et placée en détention en 2021.
Elle est poursuivie pour atteinte aux biens publics et soupçonnée d’escroquerie, faux et favoritisme, et enfin le colonel Nouhoun Dabitao, ancien chef d’état-major général des armées et membre du CNT, est également cité dans cette affaire et est détenu depuis août 2021. ■
LAYA DIARRA