UNE DÉLÉGATION DU FMI À LA PRIMATURE : LE SOLEIL APRÈS L’ORAGE ?

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu le jeudi 20 février 2025, une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) en visite au Mali dans le cadre de négociations en vue de l’octroi d’une Facilité de Crédit Rapide (FCR).
Conduite par le ministre de l’Économie et des Finances, M. Alousséni Sanou, cette délégation était venue faire le point sur la mission et obtenir les orientations et instructions du Premier ministre afin de garantir une coopération plus efficace. Une très bonne nouvelle pour notre pays, après un temps de brouille avec l’institution ! Selon M. Montie Mlachila, Adjoint au Département Afrique du FMI et Chef de la délégation, le FMI soutient la stabilité économique et la croissance durable du Mali à travers des réformes économiques et financières. Cette mission, qui représente la troisième étape de sa série d’actions en cours, réaffirme la confiance placée au Mali fort de sa croissance économique. Le Chef de la délégation a exprimé son honneur de représenter le Mali au Conseil d’Administration du FMI et a réitéré son engagement auprès des autorités de la transition malienne en vue d’amplifier le partenariat. Les discussions productives tenues avec les équipes techniques au Mali dans le cadre de cette mission pourraient avoir un impact positif sur l’octroi de la Facilité de Crédit Rapide pour faire face aux crises exogènes, et soutenir les programmes structurels axés notamment sur le renforcement des capacités.
Ces propos ont été bien accueillis par le Premier ministre, qui a exprimé sa satisfaction concernant le déroulement des négociations. « Le FMI est un partenaire privilégié », a-t-il ajouté, avant de procéder à un exposé de la situation socio-politique du pays.
Il a rappelé à cet effet que le Mali avait perdu 70 % de son territoire, soulignant que les préoccupations spécifiques du pays doivent être prises en compte dans les prises de décisions au niveau international. Le Chef du gouvernement a réaffirmé que les autorités de la Transition assument pleinement leurs responsabilités, invitant la délégation à faire preuve d’une plus grande compréhension de la situation particulière du Mali. Le Général de Division Abdoulaye Maïga a présenté la nouvelle dynamique de la Confédération des Etats du Sahel (AES) et a rappelé à ses hôtes les trois principes qui guident l’action publique : « le respect de la souveraineté du Mali ; le respect des choix stratégiques opérés par le Mali ; et la défense des intérêts du peuple malien dans les prises de décisions ». Une perspective heureuse donc pour le Mali, qui est jusqu’à présent le seul pays de la zone UEMOA à ne pas disposer d’un programme avec le Fonds Monétaire International, bien que négociations non vraiment pas cesser dans les coulisses pour la reprise de la coopération entre les deux parties. Le FMI avait même discrètement dépêché une mission à Bamako en mi-décembre. Une mission qui s’était voulue discrète et stratégique et dont la délégation avait été reçue par des représentants du Ministère de l’Economie et des Finances. Lors de cette mission, les équipes du FMI avaient proposé un éventail de programmes de soutien financier aux autorités maliennes. Elles souhaitaient même formaliser un accord avec Bamako d’ici au premier trimestre 2025. Un accord qui permettrait, par ricochet, un retour des bailleurs internationaux au Mali. Depuis plusieurs mois, les autorités maliennes et l’institution de Bretton Woods seraient engagées dans des négociations sans parvenir, pour le moment, à trouver un accord sur un programme.
Il faut dire que le dialogue est difficile entre les deux parties. En effet, tout au long des années 2023 et 2024, les discussions entre le FMI et le Mali ont été très ardues.
Fin avril 2024, le FMI avait accordé à Bamako un financement d’urgence de 120 millions de dollars. Une aide qui avait été suivie de négociations avec les autorités pour mettre en place un programme dit « Global Food Crisis and Food Shock Window ». Mais ce fonds n’est plus décaissé suite à un différend entre l’institution et les autorités maliennes qui voudraient pouvoir l’utiliser librement, sans qu’aucun choix ne leur soit imposé. Le ministre Alousseni Sanou avait déclaré à l’époque que les conditions imposées par les institutions de Breton Wood n’étaient pas en faveur de notre pays, puisqu’elles exigeaient du Mali une baisse de la masse salariale comme l’une des conditions sine-qua-non des décaissements, toute chose que le gouvernement malien n’était pas prêt à se conformer.
Rappelons que la mission d’avril de l’équipe du FMI avait également tenu des discussions sur les perspectives et les politiques économiques du Mali dans le cadre de la consultation au titre de l’article IV de 2024. ■
MAÏMOUNA DOUMBIA