NOUHOUM SARR S’EXPRIME À NOUVEAU SUR LES RESEAUX SOCIAUX : QUAND LA PRISE DE PAROLE L’EMPORTE SUR LA RETENUE

 NOUHOUM SARR S’EXPRIME À NOUVEAU SUR LES RESEAUX SOCIAUX : QUAND LA PRISE DE PAROLE L’EMPORTE SUR LA RETENUE

Le Conseil National de Transition, chargé des missions normalement incombées à l’Assemblée nationale, a permis à ses membres d’être issus de divers horizons politiques, allant d’Aboubacar Sidiki Fomba, désireux d’apporter la mer au Mali, à Nouhoum Sarr, un ancien opposant au régime IBK.

Déjà très actif sur les réseaux sociaux au moment de la chute du gouvernement précédent, Monsieur Sarr semble ne pas avoir complètement abandonné ses anciennes habitudes d’exposer sur la place virtuelle ses opinions les moins orthodoxes. C’est ainsi que, dans la matinée d’hier, mercredi 19 février 2025, le membre du CNT a tenu à donner (sans la moindre provocation, il faut le préciser) son opinion sur la marche actuelle de la transition, qu’il qualifie d’« éloquente ». En effet, pour Monsieur Sarr, des « petits sorciers » tenteraient de faire « tomber les sauveurs du Mali » en « mettant à mal la classe dirigeante et en lui faisant commettre des erreurs stratégiques ».

N’en déplaise à ceux que Monsieur Sarr qualifie de « sorciers », la transition aurait, d’après lui, réussi cinq points clés, qu’il n’hésite pas à comparer aux cinq piliers de l’Islam : faire passer le nombre de soldats de 22 000 à 65 000 et leur fournir à chacun une arme individuelle, recruter 316 nouveaux auditeurs de justice, augmenter le nombre de fonctionnaires civils de 2 000, lancer « le plus vaste programme d’armement que le pays ait connu de Soundiata à nos jours », et récupérer de nombreuses villes clés du pays, représentant une superficie de 90 000 kilomètres carrés.

Nouhoum Sarr ne s’arrête pas là. Il déclare également que leur bilan n’est « pas comparable aux 30 ans de gestion passée », faisant ainsi référence aux régimes d’Alpha Oumar Konaré, d’Amadou Toumani Touré et d’Ibrahim Boubacar Keïta. Cependant, bien qu’il faille rendre à César ce qui appartient à César, et que les avancées réalisées sur le plan sécuritaire sous la transition soient à saluer, certaines stagnations et parfois même des reculs doivent également être soulignés. La défense, bien qu’étant un pilier essentiel à la vie d’une nation, n’est pas le seul axe clé. L’économie, l’éducation et la cohésion sociale sont, parmi tant d’autres, des facteurs essentiels au développement et à la stabilité d’un pays. Mais qu’en est-il de ces autres domaines ? Les coupures d’électricité intempestives sont devenues le quotidien de tous, entraînant la fermeture de nombreuses entreprises. Les enseignants du supérieur sont en grève depuis plusieurs semaines en raison du non-paiement de leurs salaires, et le tissu social n’a rarement été aussi fragilisé. De nombreuses personnes, enrichies de manière douteuse, affichent leur richesse sans retenue, tandis que de simples mécaniciens et boutiquiers peinent à boucler leurs fins de mois. Cette situation énergétique irrégulière avait pourtant été dénoncée par Nouhoum Sarr en mai 2020, période durant laquelle il attribuait la responsabilité de ces coupures à une « absence de politique nationale énergétique ».

Pourtant, Monsieur Sarr avait catégoriquement rejeté toute possibilité de réduction du train de vie des membres du CNT, affirmant que « pas un franc ne serait enlevé » de leur salaire.

Ce manque de considération pour les populations les plus vulnérables, dans une période où le Mali est confronté à de nombreuses menaces internes et externes, a constitué un frein à la popularité de Nouhoum Sarr, qui avait pourtant gagné en notoriété en s’imposant comme l’un des acteurs incontournables de l’opposition au régime IBK. Il semblerait donc que la présence de Monsieur Sarr au CNT, qui lui confère les avantages d’un député (poste qu’il avait échoué à obtenir sous le régime précédent), ainsi que son salaire mensuel avoisinant les 2 millions de francs CFA, l’aveuglent face aux souffrances endurées par des millions de Maliens depuis bientôt deux ans en raison des délestages électriques.

À ces coupures de courant viendront bientôt s’ajouter de nouvelles taxes sur les crédits téléphoniques et le Mobile Money, accentuant encore davantage les difficultés du quotidien. ■

ABDOURAHMANE TRAORE

Sarah TRAORE

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