« ACTIVITÉS SUBVERSIVES », « TENTATIVE DE DÉSTABILISATION » : L’IMAM DICKO CONDAMNÉ PAR LE DIRECTEUR RÉGIONAL DE LA POLICE DU DISTRICT DE BAMAKO?
L’imam Mahmoud Dicko était attendu vendredi à Bamako, un retour finalement reporté à cause des tensions créées autour de ça. Dans un courrier confidentiel adressé aux chefs des unités des forces de défense et de sécurité de Bamako pour ordre de service, le Contrôleur Général de police Seydou Diarra a utilisé des termes « activités subversives » ou « tentative de déstabilisation des autorités de la Transition » en lien avec l’imam Mahmoud Dicko.
En s’autorisant de tels propos, n’est-ce pas que le DR de la police du District semble avoir déjà « jugé » et « condamné » l’imam Dicko ? Dans son courrier aux Directeur Régional de la Protection Civile du District de Bamako ; Commandant de Région de la Gendarmerie Nationale de Bamako ; Commandant de Région de la Garde Nationale de Bamako ; Commandants en Chefs des Groupements Mobiles de Sécurité (GMS-RD et RG) ; Commandants des Groupements de Maintien de l’Ordre de la Garde Nationale (GMO-RD et RG) ; Commandant du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Mobile (GIGM-RG) ; Commandant du Groupement de la Sécurité Routière (GSR) ; Commissaires de Police Chargés des Commissariats du District de Bamako… Le DR de la Police du District écrit ce qui suit : « Objet : Ordre de service pour la sécurisation du District de Bamako à l’occasion de l’arrivée éventuelle de l’Imam Mahamoud DICKO Le vendredi 14 février 2025 à partir de 16 heures, l’arrivée de l’Imam Mahamoud DICKO est annoncée à Bamako en provenance de l’Algérie où il était en long séjour de soins médicaux tel qu’indiqué par ses partisans.
Cependant, des activités subversives seraient imputables à l’Imam Mahamoud DICKO à travers une série de rencontres auxquelles il a pris part durant son séjour.
Aussi, cette arrivée s’annonce dans un contexte marqué par une réelle offensive des forces armées contre les groupes armés en débandade face à la montée en puissance des FAMS. Ladite arrivée est très mal perçue par la population qui y voit une tentative de déstabilisation des autorités de la transition et pourrait donner lieu à des affrontements entre lesdits manifestants et une grande majorité de la population qui soutient les actions de l’armée. Pour ce faire, je vous instruis de prendre, chacun en ce qui le concerne, toutes les mesures sécuritaires nécessaires pour empêcher tout regroupement sur les voies et espaces publics… ». On retient, entre autres, des propos du Contrôleur Général Seydou Diarra, « l’arrivée de l’Imam Mahamoud DICKO… en provenance de l’Algérie où il était en long séjour de soins médicaux tel qu’indiqué par ses partisans » ; « Cependant, des activités subversives seraient imputables à l’Imam Mahamoud DICKO à travers une séries de rencontres auxquelles il a pris part durant son séjour » ; « Ladite arrivée est très mal perçue par la population qui y voit une tentative de déstabilisation des autorités de la transition et pourrait donner lieu à des affrontements entre lesdits manifestants et une grande majorité de la population qui soutient les actions de l’armée… ».
N’est-ce pas que le DR de la Police du District n’est plus dans son rôle dès lors qu’il émet des avis, commente et prend position, comme le fait de soulever des doutes sur les raisons du séjour de l’imam Dicko pour de « soins médicaux tel qu’indiqué par ses partisans », de lui imputer des « activités subversives » sur la base de supposées « rencontres auxquelles il a pris part durant son séjour » ou encore d’affirmer que « ladite arrivée est très mal perçue par la population qui y voit une tentative de déstabilisation des autorités de la transition…».
Plus grave, le DRPDB va jusqu’à fantasmer sur d’éventuels « affrontements » entre manifestants et « une grande majorité de la population qui soutient les actions de l’armée… ». Que nous renseigne le DR de la Police du District ? Que l’imam Mahmoud Dicko est une menace pour la stabilité de la Transition ? Que nous devions diviser les maliens entre : ceux qui soutiennent et ceux qui sont contre les actions de l’armée ? Que l’ordre et la justice nous rendront blanc ou noir selon que l’on soit pour ou contre la Transition ? Ces questions se posent aujourd’hui, car les termes utilisés par le DRPDB sont non seulement attentatoires à la personne de l’imam Dicko, qu’ils auraient pu inciter les éléments déployés à le traiter comme un « brigand », s’il avait pu fouler le sol Bamakois ! Le DRPDB aurait dû juste se contenter de réquisitionner les FDS pour « ordre de service » sans tomber dans des détails.
En effet, ne dit-on pas que « le diable est dans les détails » ? ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
