AUCUNE DISCUSSION, POUR LE MOMENT, À PROPOS DE CE QUE SERAIENT LES RAPPORTS ENTRE LA CEDEAO ET L’AES : SI CETTE ASSERTION S’AVÈRE VRAIE, ALORS NOUS AVONS UN GROS PROBLÈME !

 AUCUNE DISCUSSION, POUR LE MOMENT, À PROPOS DE CE QUE SERAIENT LES RAPPORTS ENTRE LA CEDEAO ET L’AES : SI CETTE ASSERTION S’AVÈRE VRAIE, ALORS NOUS AVONS UN GROS PROBLÈME !

Le titre peut prêter à confusion, mais c’est fait exprès, tant nous sommes abasourdis par les propos tenus lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel (AES), tenue dimanche à Ouagadougou.

Une réunion censée dégager une approche commune dans la définition des formalités de séparation avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En d’autres termes, cela fait pratiquement un an, jour pour jour, que nos dirigeants prenaient la décision de retirer nos pays de la CEDEAO. Douze mois après, voilà qu’on nous parle de discussions pour une approche commune dans la définition des formalités de cette séparation. Au grand dam donc des peuples de l’AES ! Le communiqué publié à l’issue de la rencontre souligne que les ministres en charge des Affaires étrangères ont salué « le leadership, la vision éclairée et la détermination sans faille » des chefs d’Etat du Burkina Faso, du Mali et du Niger à « faire de la Confédération AES, un espace de souveraineté, de paix et de prospérité partagée au bénéfice de leurs populations ».

Saluant l’adhésion « massive et spontanée » des populations africaines à cette vision, confortant ainsi la portée panafricaniste des actions confédérales, les ministres ont eu une « convergence de vues » sur l’approche globale des futures négociations avec la CEDEAO dans l’intérêt supérieur des populations.

Nous autres avions été peut-être naïfs, mais on a beau-fait, le bon sens se refuse de croire que nos dirigeants ont passé tout ce temps à nous rabâcher des discours souverainistes au ton musclé, sans que nos ministres des Affaires étrangères se soient donnés la peine de négocier en douce avec les instances de la CEDEAO des sujets aussi capitaux comme les modalités pratiques de la séparation qui, qu’on se le dise net, ne sera pas sans conséquences sur les populations. Et dire qu’on avait même dit que ce retrait était « définitif et à effet immédiat ». Autant dire que nous devons remercier les autorités de la CEDEAO qui ont tout de même consenti à être conformes avec les textes de l’organisation ! La question est : et si celles-ci avaient adopté le même ton va-t’en guerre que nos dirigeants ? On nous a certes parlé de la disponibilité des passeports AES et de la mise en place d’une force conjointe AES, mais quid donc des mesures préventives sur d’éventuels désagréments sur la libre circulation des personnes et des biens, du sort de quelque 600 fonctionnaires originaires des pays de l’AES qui travaillent à la CEDEAO, des répercussions de l’entrée en vigueur de la séparation sur les secteurs socio-économiques, des transports, des affaires ?

Autant de questions qui nous poussent à nous interroger sur la place de l’ « intérêt supérieur des populations » évoqué dans le communiqué final de la réunion des ministres des Affaires étrangères de Ouagadougou ? La question se pose, car même quand les chefs d’Etat de la CEDEAO ont voulu nous donner du temps supplémentaire (6 mois) pour discuter des modalités pratiques de la séparation, nous avons trouvé de quoi redire, en évoquant la thèse de complot contre nos Etats. Suffit-il aujourd’hui de dire que l’AES est un espace ouvert aux ressortissants de la CEDEAO pour minimiser tout risque de désagréments pour les populations de l’AES ? Et que faut-il comprendre de ces propos du ministre Abdoulaye Diop : « Nous demandons aux citoyens du Mali, du Burkina et du Niger d’être rassurés et de rester derrière leurs chefs d’Etats dans leurs décisions. Ils sont mobilisés et ils ne sont pas assis.

Ça ne va pas être facile du tout, car beaucoup n’ont pas aimé notre démarche et ils mettent des moyens en œuvre pour saboter nos actions.

Mais nous savons ce que nous voulons et nous agissons pour ça » ? Savions-nous vraiment ce que nous faisons ? N’est-ce pas qu’il aurait été mieux, à défaut de soumettre la question du retrait de nos pays de la CEDEAO aux populations, qu’on prenne le temps nécessaire de bien préparer ce retrait avant de passer à l’action ? Ah il y avait urgence de se soustraire de la pression de la CEDEAO sur certaines questions comme les élections… vous dites ! Prions donc pour que tout se passe sans accrocs, et que « Ce retrait nous offre une opportunité de parvenir à une fraternité réelle, sans aucune ingérence, une autre façon d’arriver à une intégration réelle, sans manipulation, mais aussi sans esprit de domination d’un pays par un autre, d’un peuple sur d’autres peuples », comme déclaré par le ministre Diop.

A défaut, il serait vraiment très difficile, et pour les populations de l’AES, et pour les dirigeants de l’AES, de trouver un ou d’autres boucs émissaires à nos propres turpitudes ! ■

 MAÏMOUNA DOUMBIA

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