ALASSANE ABBA DE JIGUIYA KURA À PROPOS DE LA DEMANDE DE CALENDRIER ÉLECTORAL FORMULÉE PAR CERTAINS PARTIS : « ON EST EN TRAIN DE SE MENTIR… IL N’Y AURA PAS D’ÉLECTIONS EN 2025 » !

 ALASSANE ABBA DE JIGUIYA KURA À PROPOS DE LA DEMANDE DE CALENDRIER ÉLECTORAL FORMULÉE PAR CERTAINS PARTIS : « ON EST EN TRAIN DE SE MENTIR… IL N’Y AURA PAS D’ÉLECTIONS EN 2025 » !

Dans une déclaration relative au retour à l’ordre constitutionnel rendue publique mercredi, des partis signataires d’une déclaration (à ne pas confondre avec les parties signataires de la déclaration commune du 31 Mars 2024), engageaient les autorités à fixer un chronogramme détaillé et précis vers les élections et cela avant la fin du premier trimestre 2025.

Profitant de l’adhésion d’un parti à Jiguiya Kura, le Vice-président de cette Alliance, Alassane Abba de la CODEM, a été on ne peut plus clair : « On est en train de se mentir… Il n’y aura pas d’élections en 2025 » ! « Les Parties signataires ont suivi le discours à la Nation du Chef de l’État, le 31 décembre 2024. Elles notent avec un grand étonnement, l’absence dans ce discours, de toute référence à l’organisation des élections et singulièrement celle devant mettre fin à la période transitoire dans laquelle notre pays vit depuis bientôt cinq ans, soit autant qu’un mandat électoral dans notre pays », lit-on dans la déclaration signée par un certain nombre de partis politiques, dont YELEMA de Moussa Mara et l’ADEMA-PASJ. Devant l’absence criarde de perspectives pour notre pays et face aux difficultés qui accablent les Maliens, ces Parties signataires engageaient les autorités à organiser dans les meilleurs délais un cadre de concertation entre le Gouvernement et la classe politique pour débattre la question du retour à l’ordre constitutionnel et convenir d’une nouvelle architecture inclusive et consensuelle ; fixer un chronogramme détaillé et précis vers les élections et cela avant la fin du premier trimestre 2025… En réalité, dira le Vice-président de Jiguiya Kura, ces gens sont en train de prêcher dans le désert. « Déjà en son temps, quand on a fixé le premier chronogramme, j’avais dit que ça ne sera pas respecté, parce qu’on a voulu faire trop de choses à la fois dans un laps de temps. On a dit de cerner le périmètre, que des actions à mener doivent être définies et réduites au minimum pour que ce soit tenable. Mais, puisqu’on a voulu faire trop de choses en un petit laps de temps, c’était donc pas une surprise pour moi que le chronogramme ne soit pas respecté. Aujourd’hui encore qu’on demande de fixer un chronogramme, pour des gens qui savent très bien l’ambition affirmée par les autorités actuelles, je n’y crois pas… », déclare Alassane Abba. Et de poursuivre en apportant ses arguments : « Prenons un seul cas : la sortie de la CEDEAO… Vous pensez que c’est quelque chose qui va s’effectuer en deux ou trois semaines, en un an, deux ans ? Pensez-vous que des autorités ayant pris cette mesure très grave vont accepter tout à l’heure d’organiser des élections, sans finir totalement ce qu’elles veulent faire ? Moi je ne leurre pas, elles n’ont pas même en tête l’organisation des élections. Elles se jouent de nous, et nous aussi, pédants que nous sommes, continuons à dire « fixer nous un calendrier électoral ». Il n’y aura pas de calendrier, c’est cela la vérité. Il n’y aura pas de calendrier, parce que dès lors qu’on va élire un président, ça va remettre en cause tout ce que ces gens sont en train d’échafauder et de mettre en place maintenant. Soyons sincères quand-même ! Dans ma petite tête, je crois sincèrement que chacun est en train de se mentir… Eux savent très bien qu’on les comprend mais qu’on n’a pas le courage de leur dire : sortez de ça ! On n’a pas ce courage, c’est pourquoi on dit « donnez, donnez… Ils ne donneront pas de calendrier, c’est clair et les hommes le savent, mais ils ont peur de leur dire que nous ne sommes plus dans ce jeu-là » ! Des opposants fabriqués par le régime en place ? L’autre volet de l’intervention du Vice-président de Jiguiya Kura a été consacré aux partis qui ont fait la déclaration du mercredi dernier demandant un nouveau chronogramme des élections.

A l’entendre parler, ces partis politiques, et plus largement les partis qui se réclament encore de la Déclaration commune du 31 Mars 2024, sont volontairement dans un jeu de dupes, qui laisserait penser aujourd’hui qu’ils sont des « opposants fabriqués par le régime » juste pour amuser la galerie !

Il faut rappeler en effet que cette déclaration de la classe politique et des organisations de la société civile est intervenue au lendemain de la fin de la durée de la Transition au terme du décret n°2022- 0335/ PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition à deux ans. Elle est intervenue aussi dans un contexte marqué par la dissolution de plusieurs associations, dont la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko, et l’interdiction des activités d’autres dans le District de Bamako. C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’arrestation suivie de l’incarcération des 11 leaders politiques, un fait qui ne se serait jamais produit si les acteurs des parties signataires de la déclaration commune du 31 Mars 2024 avaient été cohérents et conformes avec les motifs de cette déclaration, et surtout conformes avec eux-mêmes.

En effet, au commencement, c’était plutôt une levée de boucliers des partis et organisations de la société civile pour dire que la transition prenait fin à partir du 26 mars, et exiger en conséquence une meilleure reformulation de la Transition, avec à la clé de nouveaux organes constitués de civils. Mais avec le temps, avec les frictions et insatisfactions internes, surtout le manque de courage et de cohérence, il n’en reste plus grand-chose, le mouvement étant aujourd’hui réduit au fait de supplier les autorités qu’il était censé « ne plus reconnaître après le 26 mars 2024 » !

C’est parce qu’ils ont failli qu’il n’y a pas encore eu à ce jour de concertation nationale pour discuter des modalités d’une transition consensuelle, à fortiori organiser les élections, sans compter le fait d’avoir eu recours à une médiation des leaders religieux pour la libération des leaders arrêtés !

N’est-ce pas qu’il y a là de quoi soutenir la thèse développée à Jiguiya-Kura qu’on est en face d’une opposition voulue et entretenue par les autorités de la Transition ? Plus vrai encore, quand toute cette flopée d’acteurs politiques parle et se meut sans inquiéter qui que ce soit, tandis qu’un petit chargé de mission comme Ahmadou N’dounga Maïga est empêché de sortir du pays ? Cela, parce que les vrais opposants ne se seraient pas encore signalés ? De quoi demain sera fait ? Attendons de voir ! ■

 MAÏMOUNA DOUMBIA

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