DJÉNNÉ DÉCLARE LA TOLÉRANCE ZÉRO AUX EXCÈS DANS LES ÉVÉNEMENTS SOCIAUX : LE HAUT CONSEIL ISLAMIQUE INTERDIT LES DÉPENSES INUTILES DANS LES MARIAGES, BAPTÊMES ET DÉCÈS

C’est fini les extravagances lors des différents événements sociaux dans la ville de Djenné. Le bureau local du Haut Conseil Islamique, de concert avec toutes les couches sociales de la ville, a décidé de déclarer la guerre aux excès observés à l’occasion des mariages, baptêmes, décès et circoncisions.
Cette décision, adoptée à l’unanimité, est le fruit d’une large concertation entre toutes les sensibilités de la ville de Djenné. Le porte-parole du bureau du Haut Conseil Islamique a indiqué que l’ensemble des leaders de la ville de Djenné avaient été consultés avant l’adoption de cette décision. Selon lui, cette initiative vise à limiter les dépenses inutiles liées à ces événements sociaux. Il s’est exprimé en ces termes : « Nous nous sommes concertés à Djenné autour d’une situation qui préoccupe tout le monde. Ici, nous sommes confrontés à de sérieux problèmes dans le cadre de la célébration des événements sociaux. Tout a été dénaturé. Trop, c’est trop ! Les gens vont désormais dans l’excès, qu’il s’agisse de mariages, de baptêmes, de décès ou de circoncisions. Ces occasions donnent lieu à des dépenses inutiles, insupportables pour les familles. Devant cette situation, tous les leaders de Djenné se sont réunis pour prendre une décision».
Selon le porte-parole, cette décision a été prise en collaboration avec le chef de village, le RECOTRADE, le bureau de la CAFO, ainsi que d’autres organisations de la société civile, pour le plus grand bien des populations de Djenné.
Il a précisé que si une mesure similaire avait été adoptée par le passé, l’absence de suivi avait conduit à des abus qui ont fini par aggraver la situation. Les femmes de Djenné, premières victimes de ces dépenses excessives, ont interpellé les leaders religieux et les sages de la ville sur cette préoccupation. En réponse, le Haut Conseil Islamique a multiplié les réunions dans les différents quartiers, organisant des concertations avec les jeunes, les femmes et le RECOTRADE. À l’issue de ces consultations, il a été décidé que les fiançailles se feront désormais dans la plus grande modestie. La dot sera limitée à trois paires de chaussures pour la prétendante et 10 kg de sucre pour la belle-famille, au lieu des sacs de sucre auparavant requis. Les téléphones portables sont interdits dans le trousseau, en raison des nombreux divorces (plus de 100) attribués à des conflits liés aux téléphones. Les délégations de salutations seront réduites, et la somme offerte ne devra pas dépasser 100 000 FCFA. Les tenues en bazin sont désormais interdites, aussi bien pour les mariées que pour les marraines ou les sœurs des mariés.
Les dîners de mariage, les voiles coûteux (parfois estimés à 200 000 FCFA) et les cortèges de voitures seront limités à trois ou quatre véhicules.
Les festivités se dérouleront uniquement entre 9 heures et 14 heures pour permettre aux femmes de rentrer tôt chez elles. Les cérémonies de mariage ne comporteront qu’un repas, et seules cinq ou six femmes seront désignées pour la préparation des mets. Un seul repas sera également servi pour les baptêmes, afin d’éviter toute extravagance. Les contrevenants à ces mesures s’exposent à une amende de 500 000 FCFA. Par ailleurs, il a été demandé au maire de ne pas célébrer les mariages qui ne respecteraient pas ces exigences. Les imams de Djenné sont également invités à ne pas célébrer les mariages religieux des personnes qui enfreignent ces mesures. Des démarches sont actuellement effectuées auprès des autorités administratives, notamment le juge, la brigade et la police, pour donner une valeur juridique à cette décision.
Le bureau local du Haut Conseil Islamique de la ville de Djenné a, on peut le dire, frappé fort en imposant ces mesures drastiques pour encadrer les cérémonies des événements sociaux. ■
LAYA DIARRA